En direct
A suivre

Chantage à la sextape : un conseiller municipal de Saint-Etienne démissionne

Jusqu’ici, le maire de la ville, Gaël Perdriau, avait globalement réussi à préserver la cohésion dans son camp. [JEFF PACHOUD / AFP]

L'affaire de chantage politique à la sextape, qui agite depuis des mois la ville de Saint-Etienne, a entraîné la démission d'un conseiller municipal proche du maire, Gaël Perdriau (ex-LR), première défection depuis les révélations de Mediapart en août 2022.

Alors que l’affaire du chantage à la sextape continue de secouer la mairie de Saint-Etienne, un conseiller municipal, proche du maire incriminé, a annoncé sa démission. 

«Le profond malaise que je ressens, suite à la série de révélations de Mediapart fin août 2022, n'a fait que grandir», a indiqué Jacques Guarinos, conseiller municipal délégué à l'évaluation des politiques publiques et à la qualité de la commande publique. Le docteur en astronomie de 61 ans a annoncé lundi soir sa décision au maire de Saint-Etienne, et à ses collègues de la majorité.

Jusqu’ici, le maire de la ville, Gaël Perdriau, avait globalement réussi à préserver la cohésion dans son camp et ce même après sa mise en examen pour «chantage» pour son implication présumée dans l'usage d'une sextape tournée en janvier 2015, montrant son ancien premier adjoint centriste Gilles Artigues se faire masser par un homme dans une chambre d'hôtel. 

Une vidéo prouvant les volontés de chantage

Trois autres personnes ont été mises en examen en avril en même temps que Gaël Perdriau : son chef de cabinet de l'époque Pierre Gauttieri, un de ses anciens adjoints Samy Kéfi-Jérôme et l'ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet, à l'origine des révélations de Médiapart. 

Le maire et président de la métropole de Saint-Etienne a toujours clamé son innocence dans cette affaire qui a poussé deux élus municipaux de droite et du centre à siéger hors de la majorité municipale, tandis que l'opposition appelait à sa démission.

Exclu du parti Les Républicains, il a refusé de céder ses fonctions électives, tout en se mettant en retrait de la métropole.

La démission de Jacques Guarinos intervient après de nouveaux aveux de Gilles Rossary-Lenglet : ce dernier a remis fin septembre à la justice et à Mediapart une nouvelle vidéo prouvant son implication dans un projet de chantage contre l'ancien maire de Saint-Etienne, Michel Thiollière (UMP-Rad).

Dans cette vidéo remontant selon l'intéressé à juin 2015, on le voit discuter avec Pierre Gauttieri de la possibilité de piéger Michel Thiollière en le filmant avec une prostituée mineure.

En transmettant cet enregistrement, «je voulais qu’on voit qu'ils mentent», a-t-il expliqué. L'idée était de piéger l'ancien maire avec une prostituée mineure d’Europe centrale, qu’il serait possible «d’exfiltrer» en cas de besoin.

 «Dégoût» de la victime face aux nouvelles révélations

Joint mardi par l'AFP, Michel Thiollière, qui fut maire de Saint-Etienne de 1994 à 2008, a indiqué qu'il consultait des juristes «en vue d'un éventuel dépôt de plainte», tout en s'indignant des pratiques de l'entourage du maire de Saint-Etienne.

«Les dernières révélations ont encore ajouté au dégoût que m’inspire cette affaire, d’autant qu’on peut se demander maintenant si les effroyables pratiques qu’elle a mises au jour ne constituaient pas un système de fonctionnement», a pour sa part commenté le conseiller démissionnaire, Jacques Guarinos, qui fut le vice-président d'une association de soutien à la réélection de Gaël Perdriau en 2020.

Les élus du groupe municipal PS et apparentés ont salué dans un communiqué sa «décision courageuse» en espérant que sa démission «en entraînerait d’autres». La publication de la nouvelle vidéo par Mediapart a suscité de nouveaux appels à la démission du maire.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités