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Affaire d'Outreau : voici les 10 dates clés d'un «naufrage judiciaire»

Myriam Badaoui et son mari Thierry Delay au palais de justice de Saint-Omer, le 8 juin 2004. [© PHILIPPE HUGUEN / AFP]

Entre l'année 2000 et 2001, l'ouverture d'une information judiciaire suite à des soupçons d'abus sexuels commis à Outreau va rapidement déboucher sur ce qu'on appellera l'«Affaire d'Outreau». Une procédure durant laquelle les failles de l'institution judiciaire apparaîtront au grand jour.

Alors que la série documentaire «Outreau : un cauchemar français» est disponible dès ce vendredi sur Netflix, retour en dix dates sur l'un des plus grands fiascos judiciaires français, qui a ébranlé l'Hexagone dans les années 2000.

Décembre 2000

Les services sociaux signalent des soupçons d'abus sexuels sur les enfants de Myriam Badaoui et Thierry Delay, qui vivent dans la cité HLM de la tour du Renard à Outreau, près de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Alors qu’ils avaient été placés quelques mois plus tôt, en févier, dans des familles d’accueil à la demande de la mère qui dénonçait un mari violent, les quatre fils du couple expliquent avoir regardé des vidéos pornographiques et subi des rapports sexuels non consentis. Ils accusent leurs parents et d'autres adultes qui vivaient aux alentours. 

22 février 2001

Confiée au juge d'instruction Fabrice Burgaud, qui officie à ce poste depuis moins d’un an, une information judiciaire est ouverte. Myriam Badaoui et Thierry Delay sont mis en examen et écroués après les accusations de leurs enfants. Plusieurs personnes sont également arrêtées dans les mois qui suivent. Parmi elles, François Mourmand, 33 ans, qui meurt en prison le 9 juin 2022, des suites d'une intoxication médicamenteuse accidentelle. Le suicide ne sera jamais confirmé.

10 janvier 2002

Daniel Legrand fils, l’un des suspects, dénonce le meurtre d'une «fillette belge» au cours d'une orgie. Il se rétracte le 19 avril 2002 en disant avoir voulu prouver les mensonges de l'accusatrice Myriam Badaoui-Delay, qui a confirmé ses dires.

4 mai 2004

Le procès des dix-sept personnes renvoyées aux assises débute à Saint-Omer. L’avocat général requiert dix condamnations. Finalement, sept accusés seront acquittés le 2 juillet 2004. Myriam Badaoui et Thierry Delay reconnaissent avoir violé leurs enfants, tout comme un couple de voisins, Aurélie Grenon et Thierry Delplanque. Tous acceptent leurs peines : 15 et 20 ans de réclusion criminelle pour le couple Badaoui-Delay, 4 et 6 ans de prison pour les voisins. Six des dix condamnés décident de faire appel.

7 novembre 2005

Les six condamnés voient leur procès en appel s’ouvrir à la cour d’assises de Paris. Ils seront acquittés le 1er décembre 2005. Mais certains ont passé jusqu’à trois ans derrière les barreaux. Le chef de l’État de l’époque, Jacques Chirac, leur présente «regrets et excuses», en tant que garant de l'institution judiciaire, «devant ce qui restera comme un désastre judiciaire sans précédent».

9 juin 2006

Alors que les acquittés chargeaient lourdement le juge d'instruction Fabrice Burgaud dans l’affaire, lequel affirmait pourtant «avoir rempli (sa) mission honnêtement», une enquête administrative conclut à l'absence de faute disciplinaire des magistrats. En juillet 2008, le procureur de Boulogne, Gérald Lesigne, est prié par la ministre de la Justice, Rachida Dati, de quitter ses fonctions en raison des «traumatismes de l'affaire d'Outreau», et est nommé à Caen. Le 24 avril 2009, le juge Burgaud se voit infliger une «réprimande avec inscription au dossier» par le Conseil supérieur de la Magistrature (CSM).

Septembre 2011

Condamnée à 15 ans de réclusion en 2004 pour les viols de ses enfants, et alors qu’elle a purgé les deux-tiers de sa peine, Myriam Badaoui est libérée.

23 février 2012

S’ils comptent parmi les «acquittés d’Outreau», Franck et Sandrine Lavier sont condamnés à 10 et 8 mois de prison avec sursis pour «violences habituelles» sur deux de leurs enfants, mais relaxés du chef de corruption de mineurs.

26 juin 2013

Le parquet de Douai annonce le renvoi de Daniel Legrand fils devant les assises pour mineur pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans, alors qu'il était lui-même mineur.

19 mai 2015

Le procès de Daniel Legrand fils se tient devant la cour d’assises des mineurs de Rennes (Ille-et-Vilaine). Alors que les témoins défilent à la barre pendant une dizaine de jours, il est finalement définitivement acquitté le 5 juin 2015.

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