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Affaire d'Outreau : qu’est devenu le juge Burgaud, symbole du fiasco judiciaire ?

Fabrice Burgaud à la Cour de cassation en août 2014. [FRED DUFOUR / AFP]

Considéré comme un des plus grands naufrages judiciaires en France, l’affaire d'Outreau a été marquée par les erreurs commises par Fabrice Burgaud, le jeune juge d’instruction en charge du dossier. Qu’est-il devenu depuis le scandale, qui a obligé Jacques Chirac à présenter ses excuses aux acquittés ?

Un désastre total. En 2000, Myriam Badaoui et Thierry Delay, un couple originaire d’Outreau qui se trouve dans le viseur de l’aide sociale à l’enfance et de la justice depuis cinq ans pour de cas de violences sur leurs enfants, sont accusés par ces derniers de viol. Les quatre garçons, ainsi que Myriam Badaoui, accusent également d’autres personnes, ce qui mènera à l’arrestation de 18 adultes – un huissier, un chauffeur de taxi, un abbé, etc. – soupçonnés de faire partie d’un vaste réseau pédophile.

Une enquête est ouverte, et confiée en février 2001 à Fabrice Burgaud, juge d’instruction fraîchement diplômé qui venait de prendre son poste à Boulogne-sur-Mer. S’il sera rapidement muté à Paris, les erreurs commises au début de l’instruction se révèleront décisives au cours de ce procès tentaculaire, où le rouleau compresseur médiatique se révélera tout aussi implacable.

Une réforme vite abandonnée

Le procès s’ouvre en mai 2004 devant la cour d’assises de Saint-Omer, avec 17 personnes présentes sur le banc des accusés (un des suspects trouvera la mort en prison en juin 2002 après une intoxication médicamenteuse accidentelle). Sept d’entre eux sont acquittés, dix sont condamnés et douze enfants sont reconnus victimes. En 2005, six condamnés font appel, et sont finalement acquittés. La justice ne retiendra finalement que quatre coupables de viols : le couple Badaoui-Delay, ainsi deux voisins, David Delplanque et Aurélie Grenon. Jacques Chirac, alors président de la république, évoquera «un désastre judiciaire sans précédent».

En 2006, Fabrice Burgaud a été auditionné par les parlementaires dans le cadre de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur ce désastre judiciaire. La décision sera prise d’inscrire dans la loi le principe de la collégialité de l’instruction, dans le but d’éviter qu’un seul juge ne mène une enquête de telle ampleur. La mesure ne sera toutefois jamais appliquée, et sera officiellement abrogée en 2016.

Fabrice Burgaud se verra infliger une «réprimande» avec «inscription au dossier» au printemps 2009, après la saisine du Conseil supérieur de la magistrature deux ans plus tôt par l’ancien ministre de la justice, Pascal Clément. Selon Ouest-France, il a rejoint la Cour de cassation, plus haute juridiction en France, en 2011 en tant qu’auditeur. En 2017, il a été promu avocat général référendaire dans la même juridiction.

Très discret médiatiquement depuis la fin de l’affaire, l’ancien juge d’instruction a récemment accepté de revenir sur l’affaire dans la série documentaire en quatre épisodes «Outreau : Un cauchemar français», lancée sur Netflix le 15 mars dernier. À la question de savoir s’il était encore hanté par des questions sur l’affaire, ce dernier a répondu sans un mot pour les accusés à tort, et sans une once de regret : «Il y a heureusement des mécanismes de défense sinon on devient fou. Si je dois avoir une pensée, c'est pour les victimes, qu'on a complètement niées».

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