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Berezovski était dépressif mais pas suicidaire, selon ses amis

Un véhicule de la police britannique bloque une rue près du domicile de Boris Berezovski à Sunningdale, le 23 mars 2013 [Leon Neal / AFP] Un véhicule de la police britannique bloque une rue près du domicile de Boris Berezovski à Sunningdale, le 23 mars 2013 [Leon Neal / AFP]

Boris Berezovski, décédé samedi près de Londres, semblait dépressif ces derniers mois, selon des proches qui ne croient pas pour autant que l'oligarque déchu se soit suicidé ou qu'il ait demandé à Vladimir Poutine, son ennemi juré, l'autorisation de rentrer en Russie.

Boris Berezovski "vivait bien sûr dans un stress important, je pense qu'il avait des symptômes proches de la dépression", a déclaré à l'antenne de la télévision câblée Dojd Alexandre Goldfarb, qui dirige à New York la Fondation internationale pour les libertés civiles (IFLC) créée en 2000 par M. Berezovski pour financer des ONG en Russie.

Ancienne éminence grise du Kremlin sous Boris Eltsine, tombé en disgrâce avec l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, Boris Berezovski s'était réfugié à Londres où il avait obtenu le statut de réfugié politique en 2003.

"Il était déprimé, mélancolique, il ne ressemblait pas au Boris enjoué que nous avions connu toutes ces années", a ajouté M. Goldfarb, indiquant avoir vu M. Berezovski pour la dernière fois en novembre et lui avoir parlé par téléphone il y a trois semaines.

Quant à la lettre que Berezovski, considéré comme la bête noire du Kremlin, aurait écrit à Vladimir Poutine pour reconnaître ses erreurs, demander pardon et demander à revenir en Russie, M. Goldfarb a émis les plus grands doutes

Peu après l'annonce de la mort de Boris Berezovski, samedi soir, le porte-parole du président Poutine, Dmitri Peskov, a affirmé que ce dernier avait adressé une lettre en ce sens au Kremlin "il y a quelque temps, peut-être deux mois".

"Tant que Dmitri Peskov et son boss ne montreront pas un facsimilé de la lettre, on ne peut rien dire, parce que ces gens mentent comme ils respirent", a déclaré M. Goldfarb, ancien dissident soviétique exilé en 1975.

Un autre ami de Boris Berezovski, comme lui émigré à Londres depuis le début des années 2000, a rejeté également la thèse d'un suicide et d'une tentative de rapprochement avec le Kremlin.

"Ce n'est pas possible que Berezovski se soit suicidé. Ceux qui le connaissaient savent bien que c'est impossible", a déclaré à la télévision Dojd Andreï Sidelnikov.

Interrogé sur la lettre évoquée par le porte-parole de M. Poutine, M. Sidelnikov a ajouté: "Je ne crois pas du tout à l'existence d'une telle lettre. On peut inventer n'importe quoi".

Boris Berezovski à Londres, le 2 novembre 2011 [Leon Neal / AFP/Archives]
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Boris Berezovski à Londres, le 2 novembre 2011
 

Un homme d'affaires russe réfugié lui aussi à Londres après des démêlées avec la justice en Russie, Evgueni Tchitchvarkine, a été plus loin, laissant entendre que Boris Berezovski avait pu être tué: "Les ennemis de Poutine ne sont en sécurité nul part parce que cet homme est le criminel le plus dangereux", a-t-il déclaré à la télévision Dojd.

"Il était très abattu, il avait l'air accablé, le regard terne. Il était prêt à rentrer en Russie à n'importe quelle condition", a affirmé de son côté à la radio Echo de Moscou le leader du Parti Libéral-démocrate, le populiste Vladimir Jirinovski, affirmant avoir rencontré par hasard Berezovski en janvier dernier lors de vacances au nord de la mer Rouge.

Cet état dépressif avait quelques raisons d'être : la compagne de Berezovski, Elena Gorbunova, l'avait quitté l'automne dernier, exigeant des compensations financières importantes, alors que les affaires de l'oligarque déchu connaissaient des difficultés importantes, selon les médias.

En août dernier, Berezovski avait en outre perdu son procès contre le milliardaire pro-Kremlin Roman Abramovitch, propriétaire du club britannique de football de Chelsea, à qui il a été condamné à payer 41 millions d'euros en frais de justice.

Dans un entretien publié samedi soir sur le site de la version russe du magazine Forbes, Boris Berezovski déclarait que "sa vie n'avait plus de sens", selon le journaliste auteur de l'article qui affirme l'avoir rencontré la veille de sa mort.

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