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Malgré des déceptions, l'Europe de l'est se sent bien dans l'UE

Un pêcheur entre dans le port de Piran, en Slovénie, non loin de la frontière croate [Hrvoje Polan / AFP/Archives] Un pêcheur entre dans le port de Piran, en Slovénie, non loin de la frontière croate [Hrvoje Polan / AFP/Archives]

Les Slovènes, plongés dans une grave récession, se disent ravis d'accueillir les Croates dans la grande famille européenne le 1e juillet, mais en bons voisins, ils tiennent à les prévenir: "Bientôt, vous nous rejoindrez en enfer!".

Cette mise en garde amicale, qu'on entend beaucoup dans le petit pays balkanique, ne traduit pas vraiment un regret d'appartenir au bloc européen, mais le régime d'austérité actuel dans le pays, prôné par Bruxelles, a entamé la foi des Slovènes en l'Union européenne (UE).

La majorité des dix pays qui ont rejoint l'UE entre 2004 et 2007, continue néanmoins de juger de façon très positive une adhésion qui leur a apporté des fonds pour rénover leurs infrastructures et leur a permis d'échapper à la sphère d'influence de la Russie.

L'entrée dans l'UE des pays de l'est, confinés pendant des décennies derrière "le Rideau de fer", a profondément modifié la vie quotidienne.

"Pour la première fois, il y a un service de ramassage des ordures dans le village de ma grand-mère", raconte Cristian Ghinea, un analyste politique roumain.

La Pologne, plus grand bénéficiaire des fonds de cohésion -67,3 milliards d'euros sur 2007-2013- a construit ou rénové plus de 10.000 km de routes et 1.600 km de voies ferrées.

La qualité de vie, mais aussi la liberté de circuler librement est particulièrement appréciée.

Deux millions de Polonais, autant de Roumains, vivent et travaillent à l'étranger. Les Lituaniens comptent aussi parmi les champions de l'émigration. En Bulgarie, pays le plus pauvre de l'UE, plus de 70% des familles encouragent leurs enfants à étudier à l'étranger, selon un sondage de l'institut NCIOM.

Les réformes du système judiciaire, menées sous la pression continue de Bruxelles, sont également vues d'un bon oeil par des populations lasses de la corruption régnant au sein des classes dirigeantes.

La Première ministre slovène, Alenka Bratusek (d), accueille le président estonien Toomas Hendrik Ilves, le 14 juin 2013 à Ljubljana [Jure Makovec / AFP/Archives]
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La Première ministre slovène, Alenka Bratusek (d), accueille le président estonien Toomas Hendrik Ilves, le 14 juin 2013 à Ljubljana
 

Les Slovènes fin 2012, puis les Bulgares cet hiver et de nouveau depuis deux semaines, sont descendus dans la rue pour dénoncer l'impunité de leurs élites politiques.

Les citoyens de ces pays ont souvent plus confiance dans les institutions européennes que dans leur propre gouvernement: "L'entrée dans l'UE était une bonne chose car elle a forcé les responsables politiques à mettre en place des réformes", juge Atena, une employée de banque à Bucarest.

Déceptions et ambitions

Une chaude journée de juin à Ljubljana. Les cloches de la cathédrale Saint-Nicolas sonnent midi sur l'air de "l'Ode à la joie" de Ludwig van Beethoven, l'hymne européen. Dans la petite capitale proprette, ministères et bâtiments officiels arborent fièrement le drapeau bleu avec son cercle d'étoiles.

Au marché du centre de la ville, l'ambiance est moins euro-idyllique. Plusieurs commerçants se plaignent de l'impact de l'UE sur leurs affaires: "Il y a trop de produits importés!", explique Marinka, 64 ans, derrière son étal de pommes de terre et de courgettes.

"Les prix ont plus que doublé mais les salaires sont restés les mêmes", déplore Tanja, 26 ans, étudiante en tourisme qui envisage d'aller chercher du travail dans la riche Autriche voisine.

La concurrence étrangère et les régulations ont aussi causé par exemple la fermeture de milliers sociétés alimentaires bulgares qui ne respectaient pas les standards européens.

Une affiche annonce l'entrée de la Croatie dans l'Union européenne au siège de l'UE à Bruxelles [Georges Gobet / AFP]
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Une affiche annonce l'entrée de la Croatie dans l'Union européenne au siège de l'UE à Bruxelles
 

Avec la crise économique mondiale, qui a provoqué une montée du chômage et la mise en oeuvre de politiques d'austérité, les déceptions sont inévitables. En Hongrie et en République tchèque, les rhétoriques euro-sceptiques des gouvernements sont courantes et pèsent sur l'opinion publique.

Les nouveaux venus déplorent souvent de ne pas être suffisamment pris en compte à Bruxelles: "La Pologne est l'un des cinq ou six pays sans lequel aucune décision ne doit être prise dans l'UE", a récemment estimé le ministre des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski.

De par leur situation géographique et leur histoire, les pays de l'est estiment avoir un rôle essentiel à jouer dans les relations avec la Russie et l'élargissement de l'UE aux pays des Balkans.

Selon Anton Rop, ancien Premier ministre qui a conduit la Slovénie dans l'UE, "l'adhésion a mis en route pour tous ces pays un immense processus de transition", leur permettant de s'affranchir de leur passé communiste, déclare-t-il dans un entretien à l'AFP. "Cela est sans précédent".

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