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Londres refuse une enquête sur la mort de Litvinenko

La veuve d'Alexandre Litvinenko, Marina, le 23 novembre 2007 à Londres  [Leon Neal / AFP/Archives] La veuve d'Alexandre Litvinenko, Marina, le 23 novembre 2007 à Londres [Leon Neal / AFP/Archives]

Le gouvernement britannique a refusé vendredi d'ordonner une "enquête publique" permettant l'examen de documents secrets sur la mort de l'opposant russe Alexandre Litvinenko à Londres en 2006, portant un nouveau coup à l'avancée des investigations.

Le magistrat Robert Owen, chargé de mener une enquête judiciaire sur le décès de Litvinenko, avait indiqué en mai être dans l'impossibilité d'examiner le rôle éventuel de l'Etat russe dans le cadre de cette procédure.

Il avait donc demandé au gouvernement britannique de la remplacer par un autre type d'investigation, une "enquête publique", permettant, contrairement à ce que son nom suggère, l'examen à huis clos de documents sensibles.

Mais le gouvernement a refusé cette demande vendredi matin, a annoncé le coroner Robert Owen.

Un porte-parole du gouvernement a fait valoir que l'enquête judiciaire pouvait se poursuivre malgré les réserves du coroner.

Alexandre Litvinenko, 43 ans, un transfuge du FSB (services de renseignement russes) réfugié au Royaume-Uni, avait bu un thé en novembre 2006 avec Andreï Lougovoï, un agent secret russe, et l'homme d'affaires Dmitri Kovtoun, dans un hôtel londonien. Il avait succombé peu après à un empoisonnement au polonium, une substance radioactive.

Sa veuve, Marina, affirme que son mari travaillait pour les services secrets britanniques au moment de sa mort et qu'il a été tué sur ordre du Kremlin.

Son avocat Ben Emmerson a accusé vendredi le gouvernement britannique de démontrer un "manque total de professionnalisme" en refusant cette enquête publique. "Le catalogue des promesses non tenues est un signe que quelque chose va de travers", a-t-il déclaré devant le tribunal.

Robert Owen avait expliqué en mai que le gouvernement britannique lui avait demandé de ne pas utiliser publiquement certains documents secrets, au nom de la sécurité nationale, dans le cadre de son "inquest", qui devait débuter cet automne. Il avait estimé qu'il n'était donc pas en mesure de procéder à une enquête "complète" et "juste" sur les circonstances de ce décès.

Jugeant que la question de l'éventuelle implication de la Russie "était d'une importance cruciale", il avait souligné qu'écarter certains éléments était "un grave sujet de préoccupation" pour lui.

Les audiences dans le cadre d'une enquête judiciaire visant à établir les circonstances exactes d'un décès en cas de mort violente ou inexpliquée sont, elles, publiques.

Malgré ce nouveau revers, Marina Litvinenko s'est déclaré vendredi déterminée à continuer son combat pour connaître la vérité.

"Tout le monde a été un peu choqué et déçu par cette décision", a-t-elle souligné, s'interrogeant sur les motivations du gouvernement britannique.

"Ont-ils voulu protéger l'Etat russe? Ont-ils voulu protéger des secrets relevant de la sécurité nationale?", a-t-elle demandé, se disant toutefois "optimiste" sur la possibilité de voir un jour les circonstances de la mort de son mari tirées au clair.

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