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Pistorius, en pleurs, présente ses excuses

Le champion paralympique Oscar Pistorius ferme les yeux lors de son procès à Pretoria le 7 avril 2014 [Themba Hadebe / Pool/AFP] Le champion paralympique Oscar Pistorius ferme les yeux lors de son procès à Pretoria le 7 avril 2014 [Themba Hadebe / Pool/AFP]

Le procès du champion handisport sud-africain Oscar Pistorius pour le meurtre de sa petite amie en février 2013 a été interrompu lundi après-midi et ajourné à mardi, à la demande de sa défense qui a fait valoir qu'il était "vraiment épuisé".

"Si ce n'est pas la même chose tous les jours et que le procès peut avancer, je n'ai pas d'objection", a réagi le procureur Gerrie Nel. "Il a l'air épuisé", a aussi admis la juge Thokozile Masipa, alors que Pistorius, revenu de la pause déjeuner, s'exprimait depuis trois quarts d'heure environ.

Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius, en pleurs, a présenté ses excuses lundi pour le meurtre de sa petite amie Reeva Steenkamp qu'il a abattue de quatre balles en février 2013.

S'exprimant pour la première fois en public depuis le drame, il a expliqué au tribunal de Pretoria qu'il était sous médicaments, qu'il avait perdu du poids et qu'il souffrait depuis de "terribles cauchemars".

"Je me réveille la nuit avec l'odeur du sang", a-t-il témoigné.

"Je veux saisir cette occasion pour présenter mes excuses à M. et Mme Steenkamp. (...) J'ai essayé de coucher mes mots sur le papier pour vous écrire, mais les mots ne suffiront jamais", a-t-il déclaré.

June Steenkamp, la mère de Reeva, est restée de marbre.

Pistorius, qui a toujours soutenu qu'il croyait tirer sur un cambrioleur lorsqu'il a abattu son amie, a poursuivi: "J'essayais seulement de protéger Reeva, je veux que les gens sachent qu'elle était aimée quand elle est allée se coucher ce soir-là".

Interrogé sur sa famille, son enfance et sa carrière sportive par son avocat Barry Roux, Oscar Pistorius s'est ensuite repris.

L'athlète, âgé de 27 ans, affirme qu'il a tué par erreur le mannequin de 29 ans à 03H17 (01H17 GMT) au matin de la Saint-Valentin 2013, la prenant pour un cambrioleur caché dans ses toilettes.

Oscar Pistorius durant son procès à Pretoria, le 7 avril 2014 [Themba Hadebe / Pool/AFP]
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Oscar Pistorius durant son procès à Pretoria, le 7 avril 2014
 

L'accusation croit au contraire qu'il l'a abattue sciemment et a produit des témoignages troublants pendant les quinze premières journées de ce procès ultra-médiatisé devant un tribunal de Pretoria.

Le début de l'audience, lundi, avait été consacré au témoignage du médecin légiste Jan Botha, cité par la défense.

S'appuyant sur des articles scientifiques, le Dr Botha a mis en cause les conclusions de son confrère Gert Saayman, cité par l'accusation. Celui-ci avait trouvé les reliefs d'un repas avalé vers 01H00 du matin par Reeva Steenkamp, le 14 février 2013, ce qui contredit la version de Pistorius, qui affirme que le couple s'était tranquillement couché la veille vers 22H00.

Jan Botha, qui n'a pas lui-même examiné la victime, a estimé qu'il ne fallait pas être "dogmatique" dans le calcul du temps nécessaire à la digestion avant un décès, et que les médecins légistes ne pouvaient qu'"observer". Selon lui, il s'agit d'une "science hautement sujette à controverse et inexacte".

 

- Un vif contre-interrogatoire -

 

L'ingestion du dernier repas "aurait pu avoir lieu une heure ou deux (avant la mort), elle aurait pu avoir eu lieu bien plus tôt", a noté le médecin légiste, qui dit avoir procédé pendant sa carrière à plus de 25.000 autopsies.

Dans un vif contre-interrogatoire, le procureur Gerrie Nel lui a cependant fait dire que le rythme de digestion de Reeva Steenkamp était a priori "normal", citant des articles montrant que les estomacs sont tous vidés dans les six heures.

Concernant l'ordre dans lequel les quatre balles ont atteint la victime, le Dr Botha est d'accord avec les experts produits par l'accusation: d'abord la hanche, la tête en dernier.

Oscar Pistorius arrive au tribunal de Pretoria, le 7 avril 2014 [Marco Longari / AFP]
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Oscar Pistorius arrive au tribunal de Pretoria, le 7 avril 2014
 

Reeva aurait donc eu le temps de crier avant de mourir, comme l'estime le procureur.

"Oui, c'est une possibilité", a estimé le Dr Botha. Mais si on tire sur une personne par surprise, selon lui, "il devrait y avoir un temps de quelques secondes avant que cette personne soit capable de réagir".

Contrairement à l'accusation, Jan Botha estime que Reeva n'était pas en position défensive quand l'athlète lui a tiré dessus. Mais le procureur Gerrie Nel lui a notamment fait reconnaître qu'il n'était pas un expert en balistique.

"Je n'ai jamais dit que je sais, je dis je crois, je ne suis pas aussi présomptueux", a dû se défendre le médecin. Il a admis qu'il n'était pas capable de confirmer l'ordre dans lequel les coups de feu ont été tirés.

Oscar Pistorius est resté la tête entre les mains pendant l'essentiel de l'audience lundi matin. Il a pleuré pendant la pause, et semble avoir été pris de nausées quand le médecin légiste a détaillé les blessures de Reeva. On lui a alors apporté un bassin en plastique, comme lorsqu'il avait vomi à plusieurs reprises au début du procès.

Agressif et théâtral, le procureur Gerrie Nel a offert un avant-goût de ce qui attend Oscar Pistorius lorsque viendra son contre-interrogatoire.

"Ce n'est pas que vous avez peut-être tort, vous avez tort", a-t-il même lancé à Jan Botha, dont il n'a pas toujours attendu les réponses. L'avocat de la défense Barry Roux, qui utilisait des méthodes similaires avec ses propres témoins, lui a reproché de manquer de "courtoisie", l'obligeant à s'excuser.

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