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Donald Trump limoge le patron du FBI

Le patron du FBI James Comey, lors d'une audition devant le Sénat américain à Washington, le 3 mai 2017 [JIM WATSON / AFP] L'annonce de ce limogeage-surprise a fait l'effet d'une bombe au Congrès. [JIM WATSON / AFP]

Le président des Etats-Unis Donald Trump a limogé mardi le patron du FBI James Comey, une décision surprise qui a provoqué une onde de choc à Washington.

La police fédérale américaine est en particulier chargée de l'enquête sur les liens éventuels entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie. «Le FBI est l'une des institutions les plus respectées de notre pays et aujourd'hui marquera un nouveau départ pour l'agence-phare de notre appareil judiciaire», a indiqué Donald Trump dans un communiqué. La recherche d'un nouveau directeur du FBI débute «immédiatement», a précisé la Maison Blanche.

Dans un courrier adressé à James Comey, et rendu public par l'exécutif américain, Donald Trump lui signifie qu'il met fin à ses fonctions «avec effet immédiat». «Si j'ai apprécié que vous m'ayez informé, en trois occasions distinctes, du fait que je ne faisais pas l'objet d'une enquête, je suis cependant d'accord avec l'analyse du ministère de la Justice selon lequel vous n'êtes pas capable de diriger de manière efficace le Bureau», ajoute-t-il.

Ironie de l'histoire : la raison officiellement avancée par l'exécutif américain pour ce limogeage est la façon dont M. Comey, 56 ans, a géré le dossier des emails de l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton, rivale de M. Trump durant la campagne de 2016.

Le 28 octobre, James Comey provoquait une véritable déflagration dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle : il annonçait au Congrès la découverte de nouveaux messages justifiant une relance des investigations closes au mois de juillet précédent sur les emails de Mme Clinton. Ce n'est que deux jours avant le scrutin du 8 novembre que M. Comey annoncera n'avoir finalement rien trouvé de pénalement répréhensible.

L'ex-candidate démocrate a estimé il y a quelques jours que sans l'initiative de ce dernier - et la diffusion par Wikileaks d'emails de sa campagne -, elle aurait emporté l'élection présidentielle.

Une tentative d'étouffer l'enquête russe ? 

L'annonce de ce limogeage-surprise a fait l'effet d'une bombe au Congrès. «Monsieur le Président, avec tout le respect que je vous dois, vous faites une grave erreur», a déclaré le chef de file de l'opposition démocrate du Sénat, Chuck Schumer, qui a dit en avoir averti le président américain lorsque celui-ci l'a appelé pour l'informer de sa décision.

Lors d'une conférence de presse au Capitole, il a appelé à la nomination d'un magistrat indépendant pour prendre en main l'enquête russe, actuellement menée par le FBI, jugeant que les Américains étaient en droit de soupçonner que ce limogeage était une tentative d'«étouffer» l'affaire. «Toute tentative d'arrêter ou de saper l'enquête du FBI soulèverait de graves questions constitutionnelles», a déclaré le sénateur démocrate Dick Durbin.

Un parfum de Watergate

Le sénateur démocrate Patrick Leahy a trouvé «absurde» la justification donnée par le président Trump, selon laquelle Hillary Clinton aurait été traitée avec partialité. «Ce n'est rien de moins que nixonien», a-t-il tonné, dans une allusion à la décision de Richard Nixon de remercier en 1973 le magistrat indépendant Archibald Cox qui enquêtait sur le scandale du Watergate qui allait entraîner sa chute.

«Cette explication pathétique cherche à dissimuler une vérité indéniable : le président a limogé le directeur du FBI au milieu d'une des enquêtes de sécurité nationale les plus importantes de l'histoire de notre pays», a-t-il ajouté.

Le malaise se répandait également chez certains élus républicains. Le sénateur John McCain s'est dit «déçu» et a répété son appel à la création d'une commission d'enquête parlementaire spéciale.

Ancien vice-ministre de la Justice, James Comey a longtemps été encarté chez les républicains mais il avait été nommé par l'ancien président démocrate Barack Obama à son poste actuel.

Fin mars, lors d'une rare audition publique devant le Congrès, il avait infligé un double revers à Donald Trump. Il avait d'une part confirmé le lancement fin juillet 2016 d'investigations sur une éventuelle «coordination» entre des membres de son équipe de campagne et le gouvernement russe. Une affaire qui est régulièrement reléguée au rang de «fake news» («fausse information») par le président américain, qui nie toute collusion avec Moscou contre Hillary Clinton.

Il avait par ailleurs battu en brèche l'idée que Barack Obama aurait placé sur écoute la Trump Tower, une rumeur lancée par Donald Trump lui-même sur Twitter deux semaines plus tôt. Personnage charismatique au style toujours impeccable, James Comey avait été nommé pour 10 ans en juillet 2013. Le Sénat avait confirmé ce choix de manière écrasante, avec 93 voix pour et une contre.

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