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Une Salvadorienne emprisonnée appelle à changer la loi anti-IVG

La Salvadorienne Teodora Vasquez, qui vient de passer 11 ans derrière les barreaux pour une fausse couche lors d'une interview avec l'AFP à San Salvador, le 22 février 2018 [MARVIN RECINOS / AFP] La Salvadorienne Teodora Vasquez, qui vient de passer 11 ans derrière les barreaux pour une fausse couche, à San Salvador, le 22 février 2018. [MARVIN RECINOS / AFP]

La Salvadorienne Teodora Vasquez, qui vient de passer 11 ans derrière les barreaux pour une fausse couche, appelle son pays à changer la législation anti-avortement, parmi les plus strictes du monde, pour qu'aucune femmes n'ait «plus jamais» à vivre ça.

«Il faut changer la loi pour cela n'arrive plus jamais. Je ne veux plus que d'autres femmes soient enfermées, on ne le mérite pas», a déclaré Mme Vasquez dans un entretien à l'AFP.

Condamnée en 2008 à 30 ans de prison, elle avait vu sa peine confirmée en décembre dernier, mais le Tribunal suprême et le ministère de la Justice ont finalement décidé de commuer cette peine.

Cette femme de 34 ans a quitté le 15 février au matin la prison pour femmes d'Ilopango, à l'est de la capitale San Salvador. Elle a été reçue par des acclamations et des accolades de sa famille, dont ses parents et son fils de 14 ans, ainsi que des membres d'associations ayant lutté pour sa libération.

Mais d'autres Teodora existent ailleurs dans le pays : au moins 27 femmes sont incarcérées au Salvador pour fausse couche.

Derrière les barreaux, Teodora a fini ses études primaires et secondaires et a obtenu 30 diplômes dans des domaines différents, avec lesquelles elle cherche du travail pour aider sa famille, très modeste. Mais désormais, elle rêve surtout de faire des études de droit à l'université pour défendre les femmes.

La Salvadorienne Teodora Vasquez, qui vient de passer 11 ans derrière les barreaux pour une fausse couche [MARVIN RECINOS / AFP]
La Salvadorienne Teodora Vasquez, qui vient de passer 11 ans derrière les barreaux pour une fausse couche [MARVIN RECINOS / AFP]

«C'est un de mes plus grands rêves, un but que je me suis fixé. Je veux me battre pour elles».

Teodora demande aux autorités qu'elles réexaminent les dossiers de ces 27 femmes pour «révéler ce qui s'est vraiment passé».

Le code pénal salvadorien prévoit une peine de deux à huit ans de prison pour les cas d'avortement, mais dans les faits, les juges considèrent l'avortement ou la perte du bébé comme un «homicide aggravé», puni de 30 à 50 ans de réclusion.

«Désespoir»

En prison, même «les plus forts pleurent», confie Teodora. «Ce furent les moments les plus tristes et les plus angoissants (de sa vie), car un grand désespoir règne dans la prison. Il est difficile d'en sortir intacte», raconte-t-elle les larmes aux yeux.

La prison, "c'est la pire chose qui puisse vous arriver", déclare la Salvadorienne Teodora Vasquez qui vient de passer 11 ans derrière les barreaux pour une fausse couche [MARVIN RECINOS / AFP]
La prison, «c'est la pire chose qui puisse vous arriver», déclare la Salvadorienne Teodora Vasquez qui vient de passer 11 ans derrière les barreaux pour une fausse couche [MARVIN RECINOS / AFP]

La prison, «c'est la pire chose qui puisse vous arriver». Elle était enceinte de près de neuf mois quand elle avait appelé les urgences le 14 juillet 2007, des toilettes du collège de San Salvador où elle était employée. N'obtenant pas de réponse, elle avait été victime d'une grave hémorragie et son bébé était mort-né.

En découvrant le cadavre, un autre employé du collège avait prévenu la police et la jeune femme, encore inconsciente, avait été arrêtée.

Elle se dit «marquée à jamais» par la perte de son bébé. «Je me sentais fière de devenir la mère d'un deuxième enfant mais mes rêves ce sont brisés».

Ne pas pouvoir accompagner les première années de son fils, âgé de 4 ans lorsqu'elle a été arrêtée, «ne pas pouvoir être en contact avec lui, cela me remplissait de tristesse et de douleur».

Lorsque son avocat lui a annoncé que sa peine était commuées, «il m'a rendu la vie, le sourire et la joie».

Au Salvador, «les femmes pauvres sont abandonnées» par le système de santé public, qui au lieu de les aider, les dénonce en cas de complication durant leur grossesse.

«Une femme qui a de l'argent et qui veut se faire avorter, cherche une clinique (privée) et le fait sans aucun problème. Mais une femme pauvre qui fait la même chose (dans un hôpital) termine en prison», affirme Teodora.

Face a cette différence de traitement, Teodora rêve de plus d'«égalité, car on ne peut pas peser les unes plus que les autres, nous sommes toutes des femmes et nous ne somme pas différentes».

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