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Un Saoudien manifeste à 10 ans et risque la peine de mort huit ans plus tard

Le jeune garçon manifestait pour dénoncer les injustices subies par la minorité chiite [STR / AFP]

Pour avoir pris part à des manifestations lors du Printemps arabe, le «plus jeune détenu saoudien» arrêté lorsqu'il avait treize ans risque la peine de mort. Murtaja Qureiris -- désormais âgé de dix-huit ans -- est accusé par les autorités saoudiennes d'«appartenance à une organisation terroriste».

Issu d’une famille chiite de l'est de l'Arabie Saoudite, le jeune garçon avait participé à plusieurs protestations pour dénoncer les injustices subies par cette minorité. Dans des images révélées par CNN, il apparaît souriant sur un vélo, entouré d'autres jeunes enfants. Murtaja n'a alors que dix ans, mais il est déjà le meneur d'une protestation qui lui vaudra, trois ans plus tard, d'être arrêté et transféré dans un centre de détention pour mineurs.

Selon l’association euro-saoudienne pour les droits humains (ESHOR) et Amnesty International, le jeune garçon aurait subi « tortures et intimidations » de la part de ses interrogateurs. Ces derniers lui ayant même promis, à plusieurs reprises « qu’il serait libéré s’il admettait les charges contre lui ».

Dans un rapport précédent, l’ESHOR épinglait déjà les maltraitances infligées aux enfants dans ces centres. L’organisation faisait notamment état de cas d’agressions sexuelles sur les mineurs détenus.

JUGÉ POUR TERRORISME

En avril 2019, l’Arabie Saoudite annonçait l’exécution de trente-sept hommes, parmi lesquels Abdulkareem al-Hawaj, arrêté pour le même motif alors qu’il n’avait que seize ans. Selons Amnesty, au moins trois autres personnes poursuivies pour des faits commis lorsqu'ils étaient mineurs risquent la peine de mort.

Ces arrestations s'inscrivent dans la politique de répression virulente des activistes pour les droits humains, instaurée par le prince héritier Mohammed ben Salman suite à sa nomination au poste de vice-Premier ministre.

Aujourd’hui, Murtaja Qureiris séjourne dans une prison pour adulte où il a été transféré alors qu’il n’avait que seize ans. En août 2018, après quatre ans d’incarcération dont plusieurs mois en isolation, son premier procès a eu lieu dans un tribunal pour terroristes sans qu'il n'ait pu consulter un avocat.

Le jeune homme est accusé d'«appartenance à une organisation terroriste », « jet de cocktails Molotov sur une station de police » et « tirs sur les forces de l’ordre ». Parmi les faits qui lui sont reprochés figurent également celui d’avoir assisté aux funérailles de son frère – assassiné par les forces de l’ordre lors d’une manifestation – cérémonie que le gouvernement a qualifié de « marche anti-gouvernement », pratique particulièrement réprimée au royaume. 

Selon CNN, Murtaja Qureiris nie ces accusations et affirme que ses aveux ont été obtenus sous la contrainte. Le procureur a tout de même requis la peine maximale, à savoir la peine de mort avec crucifixion et démembrement du corps.

 

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