En direct
A suivre

Angela Merkel à Auschwitz ce vendredi, une première pour la dirigeante allemande

Angela Merkel sera seulement la troisième cheffe de gouvernement allemand à se rendre à Auschwitz, après Helmut Schmidt en 1977 et Helmut Kohl en 1989 et 1995. Angela Merkel sera seulement la troisième cheffe de gouvernement allemand à se rendre à Auschwitz, après Helmut Schmidt en 1977 et Helmut Kohl en 1989 et 1995.[Odd ANDERSEN / AFP]

Un déplacement hautement symbolique. Angela Merkel va se rendre pour la première fois ce vendredi 6 décembre dans l'ancien camp de concentration et d'extermination nazi d'Auschwitz, dans un contexte de résurgence de l'antisémitisme en Allemagne.

La chancelière sera la première dirigeante d'un gouvernement allemand depuis 24 ans à visiter cet ancien camp, situé dans la Pologne actuelle, où 1,1 million de personnes sont mortes durant la Seconde Guerre mondiale, dont près d'un million de Juifs. Et seulement la troisième de l'histoire, après Helmut Schmidt en 1977 (32 ans après la libération du camp par le troupes soviétiques, le 27 janvier 1945), et Helmut Kohl, qui s'y est rendu à deux reprises (1989 et 1995).

Répondant à une invitation de la Fondation Auschwitz-Birkenau, envoyée à l'occasion de ses dix ans d'existence, Angela Merkel sera accompagnée lors de son déplacement du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, de représentants de la communauté juive, ainsi que d'un survivant du camp. Un geste fort, alors que les derniers témoins de cette tragédie sont de moins en moins nombreux, de grandes figures comme la Française Simone Veil ou l'Américain Elie Wiesel étant décédées ces dernières années.

Minute de silence, discours et gerbe de fleurs

La chancelière allemande, qui s'est déjà rendue dans les camps de Buchenwald et de Dachau en Allemagne, commencera sa visite en franchissant le tristement célèbre portail d'entrée du camp d'Auschwitz, surmonté de la sinistre devise des nazis «Arbeit macht frei» («Le travail rend libre» en français). Puis elle observera une minute de silence devant le Mur de la mort, où furent fusillés des milliers de détenus. La dirigeante, au pouvoir depuis 14 ans sous l'étiquette de la CDU (droite), se rendra ensuite au camp d'extermination de Birkenau, à trois kilomètres de là, où elle prononcera un discours avant de déposer une gerbe de fleurs.

Une visite saluée par la communauté juive d'Allemagne, ainsi que par les institutions de mémoire. C'est est «un signal particulièrement important d'intérêt et de solidarité en ces temps où des survivants d'Auschwitz sont victimes d'insultes antisémites et d'e-mails de haine», s'est réjoui le vice-président exécutif du Comité international d'Auschwitz, Christoph Heubner.

Pas que les survivants d'Auschwitz si l'on en croit les statistiques officielles, qui font état d'une hausse des actes antisémites en Allemagne : 1.646 ont été recensés l'an dernier, en augmentation de 9,4 % par rapport à 2017. Symbole de ces relents antisémites dans la société allemande, l'attentat de Halle, en octobre dernier, dont l'auteur ciblait initialement une synagogue. Ce jeune adepte des thèses négationnistes de 27 ans avait finalement échoué à y pénétrer, mais avait tout de même tué deux personnes au hasard dans la rue et dans un kebab.

Une extrême droite qui bouscule la culture allemande de la mémoire

Pour le président du Conseil central des Juifs d'Allemagne, Josef Schuster, ce déplacement d'Angela Merkel à Auschwitz, à la veille des commémorations du 75e anniversaire de la libération du camp, est d'autant plus fort qu'il intervient «dans une période de coup de barre à droite du climat général et pas seulement en Allemagne».

Celui-ci fait référence à la vague populiste d'extrême droite qui traverse l'Europe depuis plusieurs années, et qui n'a pas épargné l'Allemagne. En effet, le parti anti-immigration Alternative pour l'Allemagne (AfD), créé en 2013, est désormais la troisième force politique au Bundestag, le Parlement allemand. Une formation qui remet en question la culture germanique du repentir, et dont certains cadres vont jusqu'à minimiser ou relativiser les crimes nazis. «Hitler et les nazis ne sont qu'une fiente d'oiseau à l'échelle de mille ans d'histoire allemande à succès», a notamment déclaré en juin 2018 Alexander Gauland, à l'époque co-président de l'AfD, ce qui avait provoqué une vive polémique de l'autre côté du Rhin. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités