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Syrie : une ONG demande une enquête sur les milliers de personnes disparues sous Daesh

La ville de Raqqa, ancienne «capitale» de Daesh en Syrie, a été reprise en octobre 2017 par les forces arabo-kurdes soutenues par la coalition internationale antijihadiste menée par les Etats-Unis. Un an et demi plus tard, la fin du «califat» était annoncée. La ville de Raqqa, ancienne «capitale» de Daesh en Syrie. [Delil souleiman / AFP]

La califat de Daesh n'est plus, mais il continue de hanter certaines familles en Syrie. C'est pour mettre fin à ce calvaire que l'ONG Human Rights Watch (HRW) a exhorté ce mardi 11 février le gouvernement syrien et les autorités kurdes à enquêter sur le sort de milliers de personnes portées disparues dans les territoires que contrôlait auparavant le groupe jihadiste.

Même si leur nombre est incertain, HRW se base sur l'estimation fournie par le Réseau syrien des droits de l'Homme, une ONG syrienne, selon lequel plus de 8.000 personnes (8.143 précisément), arrêtées par Daesh lorsque l'organisation contrôlait de vastes régions de Syrie entre 2014 et 2019, sont toujours portées disparues. On y trouve notamment des activistes, des journalistes, des travailleurs humanitaires, ou encore des combattants anti-Daesh. Et parmi ces individus, des personnalités connues, comme le journaliste britannique John Cantlie ou le prêtre jésuite Paolo Dall'Oglio.

«L’angoisse de leurs familles ne peut qu’être aggravée par le fait que les autorités n’ont pas accordé la priorité à la collecte d’informations sur leur sort, près d’un an après la défaite de Daesh», selon Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient à HRW, cité dans un communiqué de presse. En effet, les autorités kurdes qui contrôlent aujourd'hui les ex-fiefs du groupe terroriste dans le nord-est de la Syrie, et ce depuis la fin du «califat» autoproclamé de Daesh en mars 2019, fournissent «rarement» des réponses aux proches des personnes disparues, a déploré l'ONG. Idem pour les responsables syriens qui rechignent, selon HRW, à fournir des informations détaillées sur ce sujet.

Créer une instance chargée de recueillir les informations

«Les gens dont les proches se sont trouvés dans des territoires aujourd'hui contrôlés par les forces gouvernementales syriennes ont dit avoir entendu seulement des spéculations selon lesquelles Daesh avait tué tous ses prisonniers», ou alors des gens qui disaient ne rien savoir sur leur sort, indique HRW. Pour mettre fin à cette attente insoutenable, l'ONG, dont le siège est à New York, appelle les autorités kurdes et syriennes à créer un «centre de liaison ou un organe civil» chargé de recueillir des informations sur ces disparus puis de contacter leurs familles. Ces dernières veulent en effet enfin la vérité. Même si leurs proches ont été tués, elles ont déclaré à HRW vouloir quand même les enterrer de manière appropriée pour faire leur deuil.

Pour accélérer les recherches, l'ONG demande également aux autorités kurdes et syriennes d'enquêter auprès de jihadistes présumés et d'autres personnes soupçonnées de liens avec Daesh qu'elles détiennent, afin d'obtenir des informations de leur part sur le sort des disparus. Elle a toutefois mis en garde contre des interrogatoires qui ne respecteraient pas les droits humains. Selon HRW, le fait que Daesh soit au plus mal est une chance à ne pas manquer. «La fin du contrôle de territoires par Daesh est l'occasion d'apporter des réponses aux familles dont des proches ont disparu en Syrie», clame Joe Stork.

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