Inquiets de la propagation rapide du coronavirus chinois sur le paquebot de croisière Diamond Princess, en quarantaine dans un port près de Tokyo, plusieurs pays ont décidé ce week-end d'évacuer leurs ressortissants.
Parmi eux, les Etats-Unis, dont l'ambassade à Tokyo a envoyé samedi un e-mail aux quelque 350 citoyens américains confinés sur le navire pour les informer qu'un avion allait être spécialement affrété pour les rapatrier sur le territoire américain. L'appareil doit atterrir au Japon ce dimanche dans la soirée. Mais seules les personnes non infectés seront éligibles à cette évacuation. Avant l'embarquement, chaque passager du bateau fera donc l'objet d'un test de diagnostic du coronavirus, responsable de la mort de 1.665 personnes en Chine continentale, sur un total de 68.500 cas de contamination recensés sur le territoire. Une fois arrivés sur le sol américain, les voyageurs seront soumis à une mise en quarantaine de 14 jours sur deux bases militaires, l'une en Californie et l'autre au Texas.
«C'est une situation qui évolue rapidement et nous prenons des mesures supplémentaires pour aider les citoyens américains», a indiqué l'ambassade américaine à Tokyo dans une lettre publiée sur internet dimanche, assurant que «la sécurité et le bien-être de nos ressortissants est la priorité absolue du gouvernement américain». Avec cette décision, Washington change radicalement de cap dans ce dossier. Jusque-là, le pays recommandait à ses ressortissants d'attendre sagement la fin de la période de quarantaine sur le paquebot, fixée au mercredi 19 février, assurant que les personnes saines pourraient ensuite rentrer par des vols commerciaux aux Etats-Unis.
355 cas de coronavirus comptabilisés sur le navire
Comme l'explique CNN, cette inversion de doctrine s'expliquerait selon certains par le fait que Washington ne ferait plus confiance au Japon dans cette crise, après avoir appris que les conditions de mise en quarantaine sur le navire, à quai dans le port de Yokohama, au sud de Tokyo, depuis le 3 février, ne seraient pas strictement respectées. Mais c'est surtout l'aggravation rapide de la situation qui aurait poussé les Etats-Unis à décréter ce rapatriement. Au total, en date de dimanche, 355 cas de coronavirus ont été comptabilisés sur le Diamond Princess, principal foyer de contamination du Covid-19 hors de Chine, soit 70 de plus par rapport à samedi, jour où déjà 67 nouveaux cas avaient été confirmés.
Mais les 3.711 personnes initialement à bord n'ont pas encore toutes subi les examens permettant d'établir leur éventuelle contamination. «Jusqu'à présent, nous avons effectué des tests sur un total de 1.219 personnes», a déclaré le ministre japonais de la Santé Katsunobu Kato, sur la chaîne publique nippone NHK, précisant que plusieurs dizaines des 355 personnes contaminées ne présentaient pas de symptôme à ce stade.
La décision des Etats-Unis a créé un effet domino chez les pays ayant eux aussi des ressortissants sur le Diamond Princess. Le gouvernement de Hong Kong a ainsi annoncé dimanche qu'il allait envoyer un avion au Japon pour rapatrier «le plus tôt possible» ses 330 ressortissants présents sur le navire. Le même jour, les autorités canadiennes ont pris une initiative similaire, «en raison des circonstances extraordinaires rencontrées par les passagers du Diamond Princess et pour alléger le fardeau sur le système de santé japonais», ont-elles expliqué dans un communiqué. Environ 250 Canadiens avaient embarqué pour cette croisière. L'Australie envisagerait elle aussi l'option de l'évacuation selon les médias locaux.