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Que fait l'Europe face au coronavirus ?

L'Europe agit-elle face au coronavirus ? [LUDOVIC MARIN / AFP]

L'Europe agit-elle face au coronavirus ? La santé n'est pas une compétence européenne entière, mais seulement une compétence de complément. Ainsi les États-membres n'ont pas délégué leur souveraineté à l'ensemble.

Cependant, les instances européennes sont déjà en place: il y a une Commissaire à la santé, Stella Kyriakides, et un Commissaire à la gestion de crise, Janez Lenarčič. 

À eux deux, ils ont libéré 232 millions d'euros de fonds européens, ventilés comme ceci:

- 114 million d'euros pour l'OMS, en particulier pour son plan de préparation et de réaction mondiale, qui vise les États en manque d'infrastructure et de pratique.

- 15 millions d'euros alloués à l'Afrique, et particulièrement à l'Institut Pasteur Dakar, pour le diagnostic rapide et la surveillance épidémiologique.

- 100 millions d'euros à la recherche en diagnostics, thérapeutique et prévention, dont 90 millions par le truchement de la Innovative Medicines Initiative, un partenariat entre l'UE et l'industrie pharmaceutique.

- 3 millions d'euros à la EU Civil Protection Mechanism https://ec.europa.eu/echo/what/civil-protection/mechanism_en pour les vols de rapatriement depuis Wuhan.

En outre, les commissaires européens disposent d'institutions tel le «European Centre for Disease Control» https://www.ecdc.europa.eu/en, avec un mécanisme d'alerte. Mais n'oublions pas: même entre États de la zone Schengen, un État-membre peut fermer sa frontière, mais jusqu'à ce jour la Commission pas reçu de notification en ce sens.

Les instanes européennes coordonnent et donnent des mise à jour sur les Guidelines, c'est-à-dire les principes d'action. Face à une alerte épidémiologique, l'on se pose trois questions sur le phénomène: la nature, la zone, l'action recommandée. L'on procède aussi à une évaluation quotidienne du risque. C'est ainsi que l'on a impulsé l'harmonisation sur deux thèmes au moins: la quarantaine, et la fermeture des frontières.  

D'un point de vue plus diplomatique, l'UE mène une coordination de l'action des gouvernements, ainsi s'est-on réuni le 25 février 2020 en Italie entre ministres de la santé de l'Italie et des États avoisinnants, ainsi que les deux commissaires. À l'issue, une déclaration commune des ministres.  

Un mot sur le Centre de Gestion des Crises Européen, «Early Warning and Response System» https://www.ecdc.europa.eu/en/early-warning-and-response-system-ewrs : son but est de s'assurer que l'info circule bien, comme lors du danger sur les aliments (l'épisode des œufs contaminés au fipronil en 2017). Autre initiative européenne: grouper les achats de matériels médicaux, comme les masques chirurgicaux. En ce moment une commande groupée est en négociation, pour éviter que chaque pays ne cherche à coiffer l'autre au poteau des commandes, et surtout pour répartir les masques selon les priorités à échelle européenne. 

Il y eut aussi la gestion des rapatriements, où l'UE a joué un grand rôle. Premiere action de l'Union: le rapatriement des ressortissants européens en Chine. Des avions européens ont été envoyés, par le truchement du Mécanisme européen de protection civile, par lequel un État-membre fait appel à ce mécanisme, et l'on utilise les moyens disponibles de l' État-membre volontaire, et donc la France (premier pays à faire appel au mécanisme) a elle-même fournit l'avion, sans nécessairement arrêter d'envoyer des avions franco-français. Pour un vol européen, le Mécanisme paie 75% du vol. Les rapatriés sont 600 citoyens répartis comme suit: 4 avions français, un allemand, un italien, un britannique (la Royaume-Uni n'est pas encore sorti de ces mécanismes pratiques).

Dans le cadre de la santé européenne, la Commission veut savoir comment chaque système de santé national s'est préparé. Cela se fait par échanges et bonnes pratiques. Pour les affaires internationales, on en défère à l'OMS. En conclusion, ces mesures pragmatiques marquent un début de cohésion continentale, mais sans plus. Nous sommes très loin du niveau de centralisation des États-Unis, avec le pouvoir présidentiel derrière. Mais c'est quand un début, qui ne peut que s'approfondir au fil de la crise du coronavirus.

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