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Le coronavirus est-il un tournant dans le système de santé américain ?

Donald Trump n'envisage pas de réforme majeure. Donald Trump n'envisage pas de réforme majeure sur la santé. [JIM WATSON / AFP]

4.000 dollars. C'est la facture reçue par un père américain après avoir été mis en quarantaine à son retour de Chine avec sa fille, sous mandat du gouvernement. Une somme importante (3.650 euros environ), qui a été largement médiatisée aux Etats-Unis et à l'étranger, montrant à nouveau le prix élevé de tout ce qui touche à la santé dans le pays.

On peut également citer cet adolescent mort d'un arrêt cardiaque dans une ambulance, après avoir été refusé d'un hôpital car il ne possédait pas d'assurance. Ces histoires, couplées à de nombreux récits inquiétants sur le système de couverture maladie américain, pose question en cette période de crise sanitaire. Elles ne sont pas une nouveauté dans le pays, mais le Covid-19 les fait ressortir avec plus de force. Pour autant, cela ne semble pas encore engendrer un changement majeur dans l'approche politique de la santé. 

Pour rappel, actuellement, une grande partie du système n'est pas gérée par l'Etat, mais par des entreprises privées. Les habitants payent eux-mêmes leur assurance médicale. Pour les plus pauvres du pays, se passer de cette protection n'est donc parfois même pas une question de choix, au vu du prix très important que cela représente. On estime que 27 millions d'habitants vivent donc sans aucune couverture médicale, quand beaucoup d'autres choisissent une assurance à bas coût, mais qui ne couvre pas la majorité des soins. 

Cela engendre régulièrement des cercles vicieux, puisqu'environ 137 millions d'Américains ont souffert de grandes difficultés financières à cause de factures médicales en 2017, selon une étude. Un chiffre qui pourrait donc exploser avec la crise sanitaire que vit le pays depuis plusieurs semaines. 

Pas de changement radical en période électorale

Donald Trump n'a cependant fait aucune déclaration qui pourrait laisser penser à une évolution dans l'assurance maladie américaine. «Le président a impulsé des mesures qui viennent momentanément combler les failles avec le plan de 2.000 milliards, mais n'a pas prononcé le mot réforme», explique ainsi Elisa Chelle, spécialiste des politiques sociales et de santé, notamment aux Etats-Unis. Côté démocrate, alors que l'élection présidentielle de novembre approche, ce sujet a été l'une des plus grosses questions lors de la primaire. Si certains, notamment chez les plus progressistes, défendaient la vision d'une «couverture maladie pour tous», ce n'est pas le cas de Joe Biden, largement en tête dans la course à l'investiture.

Lorsque Bernie Sanders demande la mise en place d'un système à payeur unique, comme dans certains pays nordiques (ce qui n'est pas le cas en France, modèle hybride avec une grande partie publique, complétée par des mutuelles privées), son adversaire refuse. Selon lui, cela ne serait pas le remède à des crises sanitaires, puisque l'Italie a en effet longtemps été l'épicentre mondial de l'épidémie. «Joe Biden a pour projet de travailler en se basant sur l'Obamacare. L'on peut donc s'attendre à des réformes paramétriques, mais pas à une révolution», affirme Elisa Chelle. 

Reste cependant à voir si le traumatisme que peut engendrer la crise du coronavirus débouchera sur une demande plus importante des électeurs. Cela ne semble pas encore être le cas. «Les démocrates vont certainement demander des réformes, mais pour le moment, la crise ne suffit pas à créer une unanimité», analyse la spécialiste. Elle poursuit en expliquant que le système de paiement, qui occupe largement le débat, n'est pas le seul facteur à prendre en compte : «Il y a le nombre de lits par habitant, la répartition sur le territoire qui cause des inégalités, le taux d'occupation mais aussi la capacité de production. Les Etats-Unis dépendent beaucoup de la Chine pour les médicaments et les équipements, et si Donald Trump a pris des mesures, le pays a des difficultés à produire rapidement le nécessaire». Sans parler de réforme, le pays a donc encore beaucoup de travail pour endiguer efficacement la maladie, et limiter autant que possible le nombre de décès dans les semaines à venir.

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