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Corée du Nord, Turkménistan, Tadjikistan... Ces pays autoritaires où le coronavirus n’existe pas, officiellement

Kim Jong-un ne porte pas de masque, contrairement aux soldats, alors que le pays n'affiche officiellement aucun cas de coronavirus Kim Jong-un ne porte pas de masque, contrairement aux soldats, alors que le pays n'affiche officiellement aucun cas de coronavirus. [STR / KCNA VIA KNS / AFP]

Corée du Nord, Turkménistan, Tadjikistan... Ces trois pays dirigés d'une main de fer par des autocrates ont un point commun, alors que le monde vit une pandémie de coronavirus : ils font partie des rares où aucun cas n'a été déclaré, avec le Yémen et le Lesotho.

Mais il est difficile de savoir si cela est dû à une politique de protection, ou si des cas sont en réalité cachés par les autorités. L'information étant totalement contrôlée par l'Etat dans ces pays, il est en effet plus facile de cacher une éventuelle maladie. La Corée du Nord et le Turkménistan sont d'ailleurs les deux derniers du classement de la liberté de la presse selon Reporters Sans Frontières (179e et 180e respectivement), le Tadjikistan étant 161e. 

Selon le site d'informations spécialisé dans l'Asie Fergana Agency, relayé par Courrier International, le Turkménistan fait ainsi son maximum pour que le mot «coronavirus» soit exclu du vocabulaire officiel. Il a été retiré «des brochures d’information que le ministère de la Santé turkmène diffuse dans les écoles, les hôpitaux et les entreprises», et les médias ont l'interdiction de l'utiliser. La vie suit son cours comme si de rien n'était ou presque, au point qu'une grande manifestation sportive a été organisée dans le pays à l'occasion de la journée mondiale de la Santé, le 7 avril. Même chose au Tadjikistan, où le championnat de football a repris ses droits le 5 avril, quand la quasi-totalité des autres pays a mis une pause aux compétitions sportives. 

la corée du nord n'a pas le matériel pour confirmer les cas

Pourtant les Etats semblent conscients du risque, et s'activent pour éviter des cas de contaminations. Les frontières du Turkménistan sont ainsi fermées, il faut une autorisation pour se déplacer d'une région à une autre, et les vacances scolaires ont été prolongées. Cela envoie donc des signaux contraires aux habitants, avec un confinement qui ne porte pas son nom. 

En Corée du Nord en revanche, la donne n'est pas la même, car le pays ne cherche pas à nier l'existence du coronavirus. Des centaines d'habitants, nationaux et étrangers, ont été placés en quarantaine par mesure de prévention, et l'on peut notamment voir Kim Jong-un entouré de soldats portant des masques de protection à l'occasion de photographies officielles. Cela pourrait tendre à montrer que le pays prend la menace avec sérieux, même si le leader du pays ne porte pas l'un de ces fameux masques. «Il se peut qu'il veuille montrer à la population qu'il n'a pas peur du virus, qu'il est au-delà du risque de contamination», expliquait en mars Rachel Minyoung Lee, du site spécialisé NK News. 

Pourtant, le pays dictatorial est frontalier avec la Chine, et n'a pas fermé ses frontières à la seconde où la maladie a émergé. Pour beaucoup d'observateurs, il est donc très peu probable que la Corée du Nord soit exemptée de cas. Il est probable que les dirigeants ne souhaitent pas officialiser des cas, notamment en raison d'un système de santé naturellement aux abois.

En août 2018, Kim Jong-un lui-même avait fortement critiqué les responsables de ce service, les qualifiant de «paresseux et irresponsables». Kee Park, spécialiste de médecine sociale à Harvard, qui a travaillé avec des médecins nord-coréens, expliquait récemment au New York Times que le manque de cas viendrait justement d'une pénurie de matériel. ​«C'est parce qu'ils ont peut-être des malades, mais ils ne savent juste pas comment les détecter», explique le spécialiste. «Donc ils peuvent dire, "nous ne pouvons pas le confirmer"». Si le doute est donc important chez les observateurs, il faut cependant avoir en tête que rien ne prouve effectivement que ces pays ont bien des cas.

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