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Le Premier ministre néerlandais veut que la tradition du «Père Fouettard» noir disparaisse

Chaque année, lors des festivités de la Saint-Nicolas, de nombreux Néerlandais se griment en Noir pour se déguiser en Père Fouettard. Chaque année, lors des festivités de la Saint-Nicolas, de nombreux Néerlandais se griment en Noir pour se déguiser en Père Fouettard. [Phil NIJHUIS / ANP / AFP]

En plein mouvement de protestation mondial contre le racisme engendré par la mort de George Floyd aux Etats-Unis, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s'est déclaré favorable jeudi à ce que la tradition locale du «Père Fouettard» noir disparaisse «d'ici à quelques années».

Selon la tradition néerlandaise, ce personnage folklorique noir, appelé «Zwarte Piet» («Pierre noir» en français), accompagne Saint-Nicolas dans sa distribution de cadeaux lors de la fête portant le nom de ce dernier. Chaque année au mois de décembre, au cours des défilés de la Saint-Nicolas, de nombreux Néerlandais se griment ainsi en noir - une pratique polémique appelée «blackface» - pour jouer le rôle du Père Fouettard. 

Depuis plusieurs années, cette coutume suscite un débat animé et des manifestations virulentes aux Pays-Bas, ses opposants dénonçant une représentation raciste (maquillage noir, perruque afro, rouge à lèvre...), rappel de l'époque coloniale. En 2016, un comité de l'ONU qui s'était penché sur l'éradication du racisme avait même qualifié ce personnage de «vestige de l'esclavage». Une position critique à laquelle s'est finalement rallié Mark Rutte, à la tête du pays depuis 2010.

Au cours d'un débat au Parlement jeudi 4 juin portant sur les récentes marches aux Pays-Bas destinées à soutenir les manifestations américains contre la mort de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, lors d'une interpellation par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis, le Premier ministre libéral néerlandais a affirmé que son opinion sur Zwarte Piet avait subi de «grands changements» ces dernières années.

En 2013, il avait déclaré : «Zwarte Piet est juste noir et je ne peux pas y faire grand-chose.» Depuis cette date, il a expliqué jeudi avoir rencontré de nombreux Noirs, y compris «des jeunes enfants, qui ont confié se sentir terriblement discriminés parce que Zwarte Piet est Noir». «Je pense que dans quelques années, il n'y aura plus de Zwarte Piet», a indiqué Mark Rutte - qui avait avoué en 2014 s'être déjà déguisé en ce personnage par le passé -, sans prévoir d'interdiction formelle. 

Colère à l'extrême droite

Une annonce accueillie avec joie par le poète néerlandais Jerry King Luther Afriyie, leader du groupe «Kick Out Zwarte Piet» («Chassons Zwarte Piet»). «Mieux vaut tard que jamais ! Maintenant, débarrassons-nous de Zwarte Piet et nous pourrons tous profiter d'une fête pour tous les enfants», a-t-il tweeté. 

De son côté, Geert Wilders, chef du Parti pour la liberté (PVV), une formation d'extrême droite anti-immigration, s'est élevé contre les propos de Mark Rutte. «Le Premier ministre rejoint maintenant le camp des multiculturalistes de gauche et s'oppose à Zwarte Piet», a-t-il fustigé sur Twitter.

«Nous avons un Premier ministre qui ne représente plus rien. Le PVV tient aux traditions nationales, pour nous Zwarte Piet restera à jamais noir !», a-t-il ajouté, avant de tweeter une photo de deux personnes déguisées en Zwarte Piet, au-dessus d'une pancarte sur laquelle il est inscrit «Zwarte Piet Matters», détournement du slogan des manifestants antiracistes «Black Lives Matter» («la vie des Noirs compte»). 

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