Quatre pays européens ont annoncé samedi la signature d’un accord avec le groupe pharmaceutique AstraZeneca afin de fournir à l’Union européenne 300 millions de doses d’un éventuel vaccin contre le coronavirus.
La France, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas ont ratifié cet accord qui pourrait aller jusqu’à 400 millions de doses, a déclaré le gouvernement allemand. Ce dernier a précisé que le développement d’un vaccin pourrait être achevé d’ici la fin de l’année.
Nous avons conclu un accord avec L’Alliance Inclusive pour le Vaccin (AIV), dirigée par l'Allemagne, la France, l'Italie et les Pays-Bas, pour fournir jusqu'à 400 millions de doses du vaccin potentiel contre le #COVID19 développé avec @UniofOxford, sans aucun profit. https://t.co/3FtPBhVLG1
— AstraZeneca France (@AstraZenecaFR) June 13, 2020
Pourquoi un accord européen
La Commission européenne avait défendu vendredi l'idée, auprès des pays de l'UE, de se regrouper pour garantir un accès privilégié à un futur vaccin. Elle plaidait notamment pour la mise en place de contrats d'achats anticipés.
La Commission s'était dite prête à utiliser quelque 2,4 milliards d'euros disponibles dans l'instrument d'aide d'urgence débloqué pendant la crise pour assurer ces contrats.
L'«action rapide et coordonnée d'un groupe d'États membres» va bénéficier à «tous les citoyens de l'UE», s'est réjoui samedi le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn. Cet engagement leur donnerait le droit d'acheter un certain nombre de doses à un certain prix une fois le vaccin disponible, en contrepartie du risque pris en matière d'investissements.
Au moment où les laboratoires tentent de trouver un vaccin en un temps record -douze à 18 mois, contre plusieurs années en temps normal-, ces avances sur paiement leur permettraient d'investir dans les capacités de production, alors que les essais cliniques sur les humains ne sont pas encore finalisés.
Quel rôle pour AstraZeneca
Le groupe pharmaceutique, né en 1999 de la fusion du Suédois Astra et du Britannique Zeneca, avait fait savoir vendredi qu'il attendait pour septembre des résultats sur l'efficacité du vaccin contre le nouveau coronavirus sur lequel il travaille avec l'université d'Oxford. Des tests sont menés en Grande-Bretagne, ainsi qu'au Brésil devenu l'épicentre de la pandémie.
Le groupe pharmaceutique «s'est engagé à ne réaliser aucun bénéfice» sur ce contrat, a de son côté prévenu le ministre français de la Santé, Olivier Véran, dans un communiqué.
Sur Franceinfo, le président d'AstraZeneca France, Olivier Nataf, a confié qu'il s'agissait d'un vaccin «sur la base d'un vecteur viral». «Vous prenez un virus qui est inactivé, on change son code génétique qui va permettre de produire la protéine du coronavirus», a-t-il précisé. En produisant cette protéine, le patient pourrait ainsi développer «une réponse immunitaire contre la protéine caractéristique du coronavirus».
Olivier Nataf a également afffirmé que la dose de vaccin «n'est vraiment pas chère, environ 2 euros par dose». Le laboratoire a en outre promis de «mettre en place une chaîne d’approvisionnement localisée en Europe», selon le gouvernement français.
D’autres pistes sont étudiées
Les négociations «se poursuivront avec d’autres laboratoires pharmaceutiques afin de maximiser les chances de disposer rapidement d’un vaccin en quantité suffisante et au meilleur coût», a dit samedi le ministre français.
Les principaux groupes pharmaceutiques sont engagés dans une course pour développer un vaccin contre le coronavirus, qui a jusqu'à présent fait plus de 417.000 morts et infecté plus de 7,4 millions de personnes dans le monde.
Au total, une dizaine de travaux sur différents vaccins ont atteint le stade des essais cliniques dans le monde.