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Amnesty International dénonce une augmentation des violences policières pendant le confinement

La publication du rapport intervient dans un climat difficile avec la police La publication du rapport intervient dans un climat difficile avec la police[DENIS CHARLET / AFP]

Alors que la France connaît des manifestations régulières contre les violences policières dans le sillage de l'affaire George Floyd aux Etats-Unis, il semblerait que les comportements abusifs de certains membres des forces de l'ordre se soient multipliés pendant la crise du coronavirus. Amnesty International a compilé certains de ces cas en France et le reste de l'Europe.

Dans un rapport publié ce mercredi, l'ONG dénonce en premier lieu les violences subies par les réfugiés de Calais et Grande-Synthe. «Entre le 18 mars et le 22 avril, des observateurs des droits de l'Homme ont relevé 13 cas d'usage excessif ou arbitraire de la force par des agents», décrit ainsi Amnesty International. Plusieurs plaintes ont d'ailleurs été déposées par des migrants pendant cette période.

Par exemple, cinq Erythréens ont dénoncé des «coups et blessures volontaires». Interrogé par Le Parisien, Antoine Nehr, coordinateur pour l'association Utopia 56, expliquait fin avril avoir observé une «politique hostile d'épuisement» qui «s'aggrave en plein contexte de crise sanitaire». 

Car outre les violences, Amnesty International assure également que «les autorités françaises ont non seulement failli à offrir aux migrants l'accès à l'eau, à des installations sanitaires et un logement décent, mais elles ont également empêché les défenseurs des droits de l'Homme de fournir une aide humanitaire». 

Les habitants des quartiers populaires davantage ciblés ? 

Mais dans un contexte ou le comportement d'une partie de la police est sous le feu des projecteurs, l'ONG pointe également du doigt des abus à l'encontre de citoyens issus de minorités ethniques, en particulier en région parisienne. Comme pour le cas des migrants, Amnesty International a recueilli des vidéos pour les analyser et les authentifier. Selon l'étude, quinze prouvent l'usage illégal de la force ainsi que des insultes racistes et homophobes de la part des forces de l'ordre. Dix proviennent d'Ile-de-France, les autres ont été filmées à Marseille, Toulouse, Lorient et Limoges.

L'un des exemples cités est le cas de Samir, un homme de 27 ans qui avait été arrêté à l'Ile-Saint-Denis après avoir plongé dans la scène. Un policier avait alors déclaré «un bicot comme ça, ça nage pas», ce qui avait profondément choqué et entraîné l'ouverture d'une enquête de l'Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN). Ces cas suggèrent que «les mesures pour lutter contre le Covid-19 en France ont eu un impact disproportionné sur les membres de groupes racialisés et les résidents de voisinages ouvriers», selon Amnesty International. 

«Il y a trois chantiers majeurs selon nous : la formation et les instructions données sur l'usage légal de la force, qui est trop souvent excessif et disproportionné pour qu'il soit légal au regard du droit international; la fin urgente des contrôles au faciès, avec des statistiques pour savoir qui a été contrôlé et assurer une traçabilité des contrôles pour les personnes qui y sont soumises; et la création d'un organe indépendant pour enquêter de manière impartiale et effective sur les plaintes contre les forces de l'ordre», explique Nicolas Krameyer, responsable du programme Libertés d'Amnesty International. «L'IGPN et l'IGGN dépendent du ministère de l'Intérieur. Ils ne sont par définition pas indépendants. », appuie-t-il. 

À l'heure actuelle cependant, aucune véritable discussion n'a lieu avec les ONG, les familles des victimes, les représentants des forces de l'ordre et le ministère. Un constat regretté par Nicolas Krameyer, qui craint que sans un «dialogue sain et transparent visant à réformer en profondeur les pratiques policières», la situation s'envenime et se bloque dans «une vision binaire» du problème. «Le but n'est pas de désarmer les agents, ni de les empêcher de faire leur travail, mais de restaurer la confiance vis-à-vis des forces de l'ordre, et de faire en sorte que les droits humains de chacun soient respectés», affirme le spécialiste. 

À noter que la France n'est pas la seule dans ce cas. En tout, 11 pays européens sont cités dans le rapport pour des débordements de la sorte, parmi lesquels la Grèce, l'Italie ou encore l'Espagne et la Belgique. Marco Perolini, chercheur pour l'ONG, assure donc qu'il faut aujourd'hui «lutter contre la triple menace que représentent la discrimination, l'utilisation illégale de la force et l'impunité de la police». De quoi mettre encore un peu plus la pression sur les forces de l'ordre en Europe, dans un contexte de tension sur le sujet. 

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