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La Suisse sévèrement recadrée par le Sénégal après des propos jugés racistes

L’ambassadrice de Suisse au Sénégal pourrait perdre son poste après les propos jugés racistes de son mari. [Fabrice COFFRINI / AFP]
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Le gouvernement sénégalais a été contraint de rappeler à l’ordre l’ambassadrice de Suisse du pays, après les propos jugés racistes de son mari.

Marion Weichelt Krupski a même été convoquée mercredi par le gouvernement, comme le souligne le journal Le Temps. Il faut dire que les déclarations de son époux, Waldemar Krupski, ne sont pas passées inaperçues. Tout part d’un texte en allemand intitulé «Die Zukunft Afrikas zu Gast», que l’on peut traduire en français par «L’avenir de l’Afrique en tant qu’invité». Le titre donne déjà le ton.

Un texte écrit après que le couple a accueilli deux jeunes Camerounais chez eux dans le cadre d’un programme scolaire. Et force est de constater que le mari de l’ambassadrice suissesse n’en garde pas un bon souvenir : «Comment apprendre la décence et le respect quand vos parents ne connaissent pas eux-mêmes le sens de ces mots ?», s’interroge l’homme, qui rajoute que ces jeunes «jettent des bouteilles de plastique dans le jardin et n’ont aucune bonne manière».

L’ambassadrice bientôt démise de ses fonctions ?

Mais Waldemar Krupski ne s’arrête pas là. Lui qui se sent «désespéré» par l’attitude des deux adolescents de 17 ans qu’il logeait chez lui, va même jusqu’à critiquer leurs vêtements en utilisant des comparaisons plus que limites : «Leur t-shirt représente un mois de salaire de notre femme de ménage, leurs chaussures trois mois de salaire de notre jardinier.» Et d’en rajouter une dernière couche, en estimant que les écoles privées dakaroises «ne pourraient survivre si la direction osait expulser les enfants des potentats locaux». Comprendre que selon le mari de l’ambassadrice, dont beaucoup s’accordent à dire aujourd’hui qu’il est ouvertement raciste, l’argent est la seule chose qui vaille au Sénégal.

Ces déclarations ont suscité un tollé, au point que le gouvernement sénégalais s’en est personnellement mêlé. Ce dernier a notifié à l’ambassadrice Marion Weichelt Krupski «le caractère inacceptable des propos de son conjoint qui constituent une violation flagrante des principes élémentaires de courtoisie et de non-immixtion dans les affaires intérieures de l’État accréditant». Et pour être certain que de telles déclarations ne revoient pas le jour, le ministère a précisé que «de tels écarts ne sauraient être tolérés à l’avenir». Au point certainement que le fauteuil d’ambassadrice pourrait se perdre.

Voulant à tout prix éviter un conflit diplomatique avec le Sénégal et toute l’Afrique de l’Ouest, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) en Suisse a exprimé son «attachement aux excellentes relations que la Suisse entretient avec la République du Sénégal qu’il entend poursuivre à l’avenir». Le pire est donc évité, pour l’instant.

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