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Election américaine : quelles décisions politiques peut encore prendre Donald Trump ?

Donald Trump ne quitte pas le bureau ovale avant trois mois Donald Trump ne quitte pas le bureau ovale avant trois mois[MANDEL NGAN / AFP]

Depuis l'annonce des résultats, Donald Trump est désormais considéré comme un président «canard boiteux». Ce terme, «lame duck» en anglais, est attribué aux présidents ou aux élus qui sont encore au pouvoir mais qui vont bientôt être remplacés. Car malgré sa victoire, Joe Biden ne sera officiellement considéré comme le président des Etats-Unis que le 20 janvier 2021, date de son investiture.

Dans ce contexte, que peut faire un président «canard boiteux» ? En règle générale, la période de transition entre le jour de l'élection et l'investiture est considérée comme une trêve pendant laquelle les deux politiciens communiquent, coopèrent et agissent en bonne intelligence pour le futur du pays.

L'on se souvient par exemple que Barack Obama avait invité Donald Trump à la Maison Blanche juste après l'annonce de sa victoire en 2016. Cependant, le président sortant n'a pas encore concédé sa défaite, et assure qu'il épuisera tous les recours possibles pour changer le résultat final. 

Des contre-pouvoirs importants

Et en vérité, il pourrait tout à fait mettre des bâtons dans les roues de l'administration Biden-Harris avant même que celle-ci ne prenne place. Car, sur le papier, les pouvoirs de Donald Trump n'ont pas changé. Son mandat de président est fixé par la Constitution et se terminera le 20 janvier prochain, au moment où débutera celui de son rival. Cependant, le pouvoir présidentiel américain est fortement encadré par les institutions parlementaires.

La Chambre des représentants est à majorité démocrate, et le Sénat républicain est dirigé par Mitch McConnell, qui a promis une transition pacifique et en douceur. Dans ce contexte, aucune loi majeure et radicale ne devrait pouvoir être signée dans les 3 mois à venir. Donald Trump pourrait éventuellement signer des décrets présidentiels pour contourner le Congrès, mais ce dernier à la possibilité de voter une loi rendant l'ordre caduc ou presque d'après l'Association Américaine du Barreau. De plus, ces décrets mettent un certain temps à être mis en place, et peuvent être annulés par une décision de justice. 

Les principales inquiétudes concernent avant tout des décisions militaires. Si, en théorie, le président ne peut pas décider de lancer une attaque sur un sol étranger sans demander l'autorisation au Congrès, la pratique du pouvoir à ce sujet à fortement changé depuis le début des années 2000. En 2011, Barack Obama a par exemple autorisé la mission conduisant à la mort d'Oussama Ben Laden ou des bombardements par drones sans que les parlementaires n'en soient avertis. Il en va de même pour Donald Trump et l'attaque contre l'aéroport irakien qui a tué l'Iranien Qassem Soleimani. 

Théoriquement, le président sortant pourrait donc ordonner un bombardement, ce qui pourrait déstabiliser la région du monde en question. L'ancien homme d'affaires pourrait également ordonner sur un coup de tête le retrait de troupes américaines d'une zone de conflit, ce qu'il avait déjà fait en Syrie après une conversation téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan

Pardons en série

L'autre pouvoir régulièrement utilisé par les «canards boiteux» est le pardon présidentiel. Barack Obama, en 2017, avait par exemple pardonné plus de 300 personnes, y compris Chelsea Manning, une semaine avant la fin de son mandat. George Bush avait fait de même en 2009. Donald Trump pourrait donc utiliser ce pouvoir, et des médias américains annoncent notamment que les personnes inquiétées et condamnées dans l'enquête russe seraient en haut de la liste.

Comme Bill Clinton l'avait fait en son temps avec son frère condamné pour possession de stupéfiants, il pourrait pardonner les membres de sa famille, même si ceux-ci ne font pas l'objet de poursuites judiciaires actuellement. 

L'une des questions qui passionnent les juristes concerne un pardon pour lui-même. Déjà évoquée à l'époque du procès en destitution, cette éventualité est possible selon Donald Trump. Les spécialistes de la loi américaine sont plus partagés.

Cependant, il pourrait essayer de l'obtenir dans les derniers jours de sa présidence. L'autre possibilité serait de faire comme Richard Nixon en 1974 : démissionner pour demander à son vice-président Mike Pence de signer ce pardon.

Outre cela, il doit bien entendu continuer à gérer les dossiers importants, comme la signature d'un plan de soutien à l'économie dans les semaines à venir, ainsi que l'implantation d'un vaccin qui pourrait arriver dans un futur proche.

À moins qu'il ne décide de freiner un maximum ces décisions avant l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche. 

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