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AstraZeneca : pourquoi l’efficacité du vaccin est-elle remise en question ?

Le vaccin d'AstraZeneca et Oxford a été le troisième à être autorisé dans l'UE, après ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna. Le vaccin d'AstraZeneca et Oxford a été le troisième à être autorisé dans l'UE, après ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna.[Geoff Caddick / AFP]

C'est ce mardi 2 février que la Haute autorité de santé (HAS) doit se prononcer sur le vaccin d'AstraZeneca et de l'université d'Oxford. Un avis très attendu, pour un produit qui suscite des doutes concernant son efficacité sur les personnes âgées.

Si l'Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé vendredi son utilisation sur toutes les personnes de 18 ans et plus, l'Allemagne a indiqué samedi qu'elle allait renoncer à donner la priorité aux personnes de plus de 65 ans dans l'accès à ce vaccin. «Nous allons maintenant devoir revoir l'ordre de vacination», en raison «des limitations d'âge du vaccin AstraZeneca», a affirmé le ministre de la Santé allemand, Jens Spahn.

Ces propos font suite aux recommandations de l'autorité vaccinale allemande vendredi, pour qui «il n'y a pas assez de données pour se prononcer sur l'efficacité» du vaccin sur les personnes âgées. «Le vaccin Covid-19 d'AstraZeneca est actuellement recommandé uniquement pour les personnes âgées de 18 à 64 ans», a écrit la commission de vaccination (STIKO). L'autorisation officielle du vaccin en Allemagne et ses conditions d'utilisation sont attendues en ce début de semaine.

La même prudence est de mise en Italie. Conformément à l'avis de l'EMA, l'Agence italienne du médicament (AIFA) a autorisé samedi le vaccin d'AstraZeneca pour tous les adultes, mais recommandé des alternatives pour les plus de 55 ans. Elle a fait part de son «incertitude» concernant l'efficacité du produit pour ce groupe d'âge, «mal représenté» dans les essais cliniques.

En France, Emmanuel Macron lui-même a émis des doutes sur l'efficacité du vaccin développé par l'entreprise anglo-suédoise et l'université anglaise. Vendredi, avant l'annonce de son autorisation par l'EMA, le président français a été très cash. «Aujourd'hui on pense qu'il (le vaccin d'AstraZeneca/Oxford, NDLR) est quasi-inefficace pour les plus de 65 ans», a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec la presse étrangère.

Les essais cliniques en question

Pourquoi tant de scepticisme sur un vaccin qui pourrait pourtant s'avérer être la planche de salut de l'UE, celui-ci étant moins cher que ses concurrents et plus facile à stocker et à transporter ? La réponse est à chercher du côté des essais cliniques menés par AstraZeneca et l'université d'Oxford. Dans l'étude publiée dans la revue The Lancet le 8 décembre, on apprend que, sur les quelque 11.000 volontaires ayant pris part aux tests au Royaume-Uni et au Brésil, seuls 12,2 % étaient âgés de plus de 55 ans, et à peine 4 % de 70 ans ou plus. Un excès de prudence, destiné à ne pas faire prendre de risques à des personnes fragiles, admet-on du côté de l'université d'Oxford, dans des propos rapportés par Le Monde.

Face à ces réserves, la prestigieuse institution anglaise a lancé des essais complémentaires, notamment aux Etats-Unis. «Plus d’informations sont attendues des études en cours, qui incluent une proportion plus élevée de participants âgés», a indiqué l'Agence européenne des médicaments dans son communiqué pour annoncer l'autorisation du vaccin d'AstraZeneca. Les résultats de ces tests supplémentaires sont attendus «pour février», a assuré dimanche le ministre de la Santé français Olivier Véran au JDD.

Avant même leur publication, AstraZeneca et l'université d'Oxford sont déjà en pleine offensive pour défendre l'efficacité de leur vaccin sur les personnes les plus fragiles. Andrew Pollard, directeur de l’Oxford Vaccine Group, a expliqué que la réponse immunitaire était exactement la même chez les personnes âgées que chez les plus jeunes, reconnaissant que les données concernant les plus âgés étaient «limitées». De son côté, AstraZeneca a renvoyé vers une étude publiée en novembre dans The Lancet, portant sur la phase 2/3 des essais cliniques, «démontrant que les personnes âgées ont montré de fortes réponses immunitaires au vaccin, 100 % d'entre elles ayant généré des anticorps spécifiques après la deuxième dose». Entre ce débat scientifique et la polémique sur les retards de livraison, le vaccin suédo-britannique donne décidément des cheveux blancs à l'Union européenne.

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