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Chine : 15 % de nouveau-nés en moins à cause du coronavirus

La pandémie a donné un coup de frein brutal dans une natalité chinoise déjà mal en point. [Photo d'illustration HECTOR RETAMAL / AFP].

Alors qu'en 2019, le taux de natalité de la Chine avait déjà chuté à son plus bas niveau depuis la fondation de la République populaire en 1949, le nombre de naissances s'est encore effondré en 2020 du fait de la pandémie de coronavirus. Une situation inédite qui pourrait considérablement fragiliser à l'avenir l'empire du Milieu.

Selon les données du ministère de la Sécurité publique du pays, le nombre de nouveau-nés est ainsi tombé de 15 % supplémentaire l'année dernière par rapport à l'année précédente. 

Dans la nation la plus peuplée au monde, il y a ainsi eu, en 2020, 10,04 millions de naissances, contre 11,79 millions un an plus tôt. 

Un défi démographique majeur dans la mesure où la population chinoise, si elle reste, avec 1,3 milliard d'individus, la plus importante du monde, est devenue, en l'espace de seulement quelques décennies, significativement vieillissante, notamment en raison de la politique historique de l'enfant unique. 

Dans ce contexte, les autorités redoutent une pression sans précédent sur les finances publiques du pays dans les années à venir. 

«Nous savions depuis un certain temps qu'il y aurait un déclin, mais une telle baisse était au-delà de nos attentes», a d'ailleurs déclaré, alarmiste, Huang Wenzheng, un expert en démographie au Center for China and Globalization, un groupe de réflexion basé à Pékin, cité par le quotidien financier britannique Financial Times (FT).

Un coup de frein brutal que l'expert attribue sans surprise au Covid, qui a causé une angoisse sur les ménages inquiets pour leur avenir. 

Reste que, comme évoqué précédemment, la baisse est aussi plus ancienne et s'inscrit également, au niveau économique, dans le développement de la Chine, nation aujourd'hui largement modernisée et urbanisée.

Pour motiver sa population à faire des bébés, en 2015, Pékin avait ainsi assoupli ses restrictions en matière de planification familiale introduisant, entre autres, l'autorisation pour les familles d'avoir deux enfants.

«Une spirale démographique très grave»

Mais cet assouplissement n'a pas encore réussi à rattraper le taux de natalité chinois, évalué désormais à 1,68 enfants par femme, soit en deçà du taux de 2,05 nécessaire au renouvellement des générations.

Alors que la pandémie a totalement bouleversé la situation, la plupart des universitaires chinois exhortent sans plus attendre les autorités à assouplir davantage encore la politique de la natalité, mais redoutent, dans le même temps, que des mesures complémentaires puissent être prises trop tardivement.

«Il ressort clairement de ces chiffres que la spirale démographique négative dans laquelle se trouve la Chine est grave, puissante et causera des problèmes fondamentaux à très grande échelle», a ainsi prévenu Dariusz Kowalczyk, économiste au Crédit Agricole à Hong Kong, toujours cité par le FT.

Selon ses estimations, l'économiste prévoit que la population chinoise commencera à diminuer nettement en 2027, ce qui, d'après lui, «limitera sa part dans le PIB mondial» et, surtout, sa capacité à défier les États-Unis pour ravir la place de première superpuissance mondiale.

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