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«Gran Hermano» : le procès pour le viol devant les caméras du «Big Brother» espagnol est suspendu

L’émission est diffusée sur Telecinco, la chaîne la plus regardée d’Espagne. [DR]

Le procès d'un participant à l'émission de télé-réalité Gran Hermano (le «Big Brother» espagnol), accusé d'avoir agressé sexuellement en 2017 une autre candidate, s'est ouvert ce mardi 8 février à Madrid avant d'être suspendu en raison de l'état de santé de la plaignante.

L'avocat de cette dernière a remis au tribunal un «rapport concernant des problèmes psychiatriques» de sa cliente, qui ne s'est pas présentée à l'audience car elle n'était «pas en mesure de pouvoir répondre», a indiqué à l'AFP un porte-parole des autorités judiciaires, qui n'a pas pu indiquer quand ce procès reprendrait.

Les faits au centre de cette affaire s'étaient déroulés pendant le tournage en 2017 lors de la saison 18 de Gran Hermano, émission diffusée par Telecinco, la chaîne la plus regardée d'Espagne, qui consiste à enfermer un groupe de personnes dans une maison et à les filmer en permanence, tout en faisant éliminer successivement les candidats par les téléspectateurs.

La plaignante avait accusé un autre participant - avec qui elle était en couple depuis «une cinquantaine de jours», selon le parquet - de l'avoir violée sous l'oeil des caméras, alors qu'elle était «dans un état d'ébriété (...) patent».

Selon le parquet, l'accusé, poursuivi « pour un délit d'abus sexuel », a «procédé, sous la couette, à des attouchements, des frottements et des mouvements à caractère fortement sexuel, déshabillant la victime (...) alors que celle-ci était déjà dans un état d'inconscience».

La jeune femme avait «levé à deux occasions la main comme pour lui demander d'arrêter», et avait «balbutié ‘Je ne peux pas’», a écrit le parquet dans un communiqué. Au bout de dix minutes, lorsque la jeune femme avait soulevé la couette, «un des membres de la production en charge du visionnage des vidéos était intervenu» en voyant «l'état inerte» de la plaignante.

La production incriminée elle aussi

La production du Big Brother espagnol avait à l'époque tout mis en œuvre pour éviter d'ébruiter le scandale. Un comportement qui pose question. Car non seulement elle n’était pas intervenue immédiatement au moments des faits, mais elle avait aussi par la suite imposé à la victime le visionnage des images, par surprise, en la convoquant, seule, dans le «confessionnal», et en filmant ses réactions tout en lui parlant à travers des hauts-parleurs. «S’il vous plaît, donnez-moi un tranquillisant, j’ai le cœur qui bat à 1.000…», avait-elle supplié totalement effondrée. Alors qu'elle demandait sans succès à sortir de la pièce, une voix lui avait demandé de garder le silence sur l'affaire : « Carlota, ce sujet, pour José Maria et pour toi, pour votre bien à tous les deux, ne doit pas sortir d’ici. »

Ces images n'avaient pas été diffusées au public et l'affaire n'avait éclaté que deux ans après le tournage, lorsqu'en novembre 2019, le site d’information El Confidencial avait révélé que la jeune femme avait été amenée à commenter, le lendemain, la scène face à la caméra dans la pièce dite du «confessionnal».

Choquante, la vidéo de cet interrogatoire avait alors été dévoilée en ligne et montrait la candidate nerveuse et en larmes, implorant de cesser la diffusion des images. «Il y aurait dû y avoir à mon côté, une psychologue ou quelqu'un qui m'aide à faire face à ces images si dures. Ils ne m'ont jamais demandé si je voulais voir ça… J'aurais dit non», avait-elle déclaré dans l'article.

Le candidat avait été expulsé de l'émission et Endemol Shine Group, propriétaire de la société produisant l'émission, avait en 2019 «regretté que la conversation» pendant laquelle la jeune femme «a été informée ait eu lieu dans le confessionnal».

La plaignante avait aussi expliqué que la production l'avait à l'époque transférée dans un hôtel de Madrid, où elle avait été retenue plusieurs jours, sans accès à la télévision ni à son téléphone, comme l'a rappelé Le Figaro. «Ils m'ont emmenée dans un hôtel et Pilar Blasco (PDG d'Endemol Shine Iberia, ndlr) m'a dit qu'ils me garderaient quelques jours afin que je vois des psychologues», avait-elle indiqué.

Elle avait par la suite finalement décidé de réintégrer l'émission, «parce que je n'avais pas le courage de faire face à la réalité. Vous vivez dans un monde alternatif et vous êtes en quelque sorte protégée. C'était très difficile, mais j'ai pensé que cela serait moins difficile que de faire face à la réalité de l'extérieur», avait-elle considéré.

Après le scandale, les annonceurs traditionnels de l'émission, au moins vingt grosses entreprises dont Nestlé, Schweppes, Nissan, L'Oréal et la banque BBVA avaient stoppé la diffusion de leurs campagnes sur la chaîne Telecinco.

Le parquet a requis deux ans et demi de prison, ainsi que 6.000 euros de dommages et intérêts contre l'accusé. La même somme a été réclamée à la production pour les dommages causés à la victime en lui montrant la séquence.

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