En direct
A suivre

La Russie ferme les bureaux locaux d'Amnesty International et de Human Rights Watch

Amnesty va désormais «redoubler d'efforts pour exposer les violations flagrantes des droits humains par la Russie à la maison et à l'étranger»[GUILLEMETTE VILLEMIN / AFP]

La Russie a annoncé vendredi la fermeture des bureaux locaux de plusieurs ONG réputées de défense des droits humains, parmi lesquelles Amnesty International et Human Rights Watch.

Cette annonce est intervenue en plein bras de fer russo-occidental autour de l'Ukraine où la Russie mène une offensive militaire depuis le 24 février.

La représentation locale d'Amnesty (Royaume-Uni) et celle de HRW (Etats-Unis) ont «été exclues du registre officiel des organisations non-gouvernementales étrangères» en Russie, en raison de «violations de la législation russe», selon un communiqué publié dans la soirée par le ministère russe de la Justice.

Parmi les autres ONG exclues de ce registre, soit 15 au total, figurent la Fondation Carnegie pour la paix internationale (Etats-Unis), la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté (Allemagne) et la Fondation Friedrich Ebert (Allemagne).

Les ONG punies pour avoir dit la vérité au le Kremlin

Il s'agit de facto de leur fermeture, a précisé pour sa part Amnesty dans un communiqué.

«Aujourd'hui, les autorités russes ont fermé les représentations d'Amnesty International et d'autres ONG internationales», a-t-elle indiqué.

Les ONG ont ainsi été «punies pour avoir défendu les droits humains et avoir dit la vérité aux autorités russes», a estimé Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty, citée dans le communiqué.

«Les autorités se trompent profondément si elles croient qu'en fermant notre bureau à Moscou, elles pourront mettre fin à notre travail visant à documenter et à exposer les violations des droits humains», a-t-elle assuré.

«redoubler d'efforts»

Amnesty va désormais «redoubler d'efforts pour exposer les violations flagrantes des droits humains par la Russie à la maison et à l'étranger», selon Agnès Callamard.

Human Rights Watch, implantée en Russie depuis 30 ans, a également assuré qu'elle allait poursuivre son travail dans le pays.

«HRW a été présente en Russie depuis l'époque soviétique, quand c'était un Etat totalitaire fermé. Nous avons trouvé des moyens pour documenter les abus des droits humains à l'époque et nous allons le faire dans l'avenir», a déclaré dans un communiqué Rachel Denber, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale chez HRW.

Depuis le déclenchement de l'opération militaire en Ukraine, les sites de nombreux médias russes ou étrangers ont été bloqués en Russie.

En mars, les autorités ont également voté plusieurs lois réprimant de lourdes peines de prison ce qu'elles considèrent comme de «fausses informations» sur le conflit.

Une autre ONG dissolue fin mars

Fin mars, la Cour suprême de Russie a également confirmé la dissolution de l'ONG Mémorial, un pilier de la société civile russe et gardien de la mémoire des millions de victimes des crimes de l'URSS.

La justice russe a ordonné de dissoudre cette ONG en décembre, en lui reprochant de ne pas avoir précisé son statut d' «agent de l'étranger» dans certaines publications.

Ceux qui sont qualifiés d' «agent de l'étranger» en Russie, en vertu d'une loi votée en 2012, sont tenus de se présenter comme tel dans chacune de leurs publications, y compris sur les réseaux sociaux. Et les médias qui les mentionnent doivent également le préciser à chaque fois.

La loi concerne les organisations bénéficiant d'un financement de l'étranger et ayant une «activité politique», concept vague.

La dissolution de l'ONG Mémorial a mis en lumière l'ampleur de la répression tous azimuts dans la Russie de Vladimir Poutine depuis 2020.

Ce tour de vis s'est renforcé depuis le début de l'intervention militaire russe en Ukraine, le 24 février, avec le blocage de réseaux sociaux étrangers, de nombreux médias indépendants et l'arrestation de milliers de manifestants opposés à l'offensive.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités