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Sri Lanka : le président renonce à certains pouvoirs, dans un contexte économico-politique chaotique

Le président (à droite) a déclaré qu’il amenderait la constitution. [ISHARA S. KODIKARA / AFP]

Depuis presque un mois et demi, le Sri Lanka sombre peu à peu dans une crise à la fois économique et politique, de laquelle a résulté la démission du premier ministre Mahinda Rajapaksa et la nomination de Ranil Wickremesinghe pour le remplacer à ce poste. Dans ce contexte incertain, son frère, le président Gotabaya Rajapaksa, vient de renoncer à certains pouvoirs exécutifs.

Fin mars, un soulèvement populaire est né dans tout le pays. La raison ? Les pénuries constantes des biens de premières nécessités. La guerre entre la Russie et l'Ukraine a fait augmenter les prix des carburants dans le monde entier. Déjà très endetté, le Sri Lanka n'a pas pu faire face à cette augmentation qui affecte très concrètement la population. 

Celle-ci est donc descendue dans la rue à travers tout le pays, pour protester contre les pénuries de nourriture, de gaz, de médicaments et d'électricité. Les Sri lankais doivent vivre avec des coupures d'électricité de plusieurs heures, chaque jour.

Outre la contestation liée à ces pénuries de produits essentiels, les manifestants se sont plus largement rebellés contre le président, Gotabaya Rajapaksa et contre son frère et premier ministre, Mahinda Rajapaksa. En effet, le duo exécutif du pays est accusé d'avoir utilisé à très mauvais escient les fonds publiques, construisant par exemple un port dans leurs ville natale d'Hambantota, et ce, alors que le port n'est pas viable économiquement. Pire encore, cet argent est issu de prêts contractés auprès de la Chine à des taux d'intérêt faramineux (les gouvernements occidentaux ayant arrêté d'aider financièrement le Sri Lanka, eu égard aux droits de l'Homme très souvent violés dans le pays). L'économie du pays était déjà très fragilisée par la baisse du tourisme liée à la pandémie de covid-19, puis par la baisse massive de la roupie sri lankaise qui a plongé le pays dans une profonde inflation

DES ÉMEUTES MEURTRIÈRES DANS TOUT LE PAYS

Des manifestations pacifistes ont donc eu lieu dans tout le pays, réclamant le départ du président et de son Premier ministre. Cependant, de pacifistes, ces manifestations ont très rapidement viré à l'émeute lorsque le premier ministre a incité 3.000 partisans à se rendre à Colombo, afin de protester contre les manifestants anti-gouvernementaux, organisant le transport en bus vers la capitale. Ces manifestations ont jusqu'à présent tué neuf personnes dont un député du parti au pouvoir, qui selon la police, se serait suicidé après avoir tiré sur deux manifestants qui bloquaient sa voiture. Pour tenter d'endiguer ces rassemblements, les autorités sri lankaises ont mis hors services les réseaux sociaux dans tout le pays, ce qui a été vécu comme une atteinte à la liberté d'expression par la population et n'a fait qu'augmenter les tensions dans tout le pays. 

LE PRÉSIDENT TENTE DE RASSURER

Suite à ces manifestations, le Premier ministre a donné sa démission au président, cependant, cela n'a pas empêcher les manifestants de s'introduire de force dans sa résidence officielle, forçant l'armée à l'évacuer pour le placer en sécurité. L’état d'urgence ainsi qu'un couvre-feu ont été décrétés vendredi dernier, et le ministre de la défense a déclaré : «Les forces de sécurité ont reçu l'ordre de tirer à vue sur quiconque pillera des biens publics ou attentera à la vie».

Dans une allocutions télévisée, le président a tenté de rassurer la population, promettant qu'il choisirait un Premier ministre rassembleur : «Je vais nommer un premier ministre qui dirigera une majorité au parlement et inspirera la confiance au peuple». Le président a aussi déclaré qu’il amenderait la constitution, de manière à rétablir l’amendement 19, le privant de son pouvoir décisionnel quant à la nomination des plus hauts fonctionnaires de la fonction publique, ce qui inclut, sans toutefois s’y limiter, les fonctionnaires de la police, des services électoraux et de la justice.

UN NOUVEAU PREMIER MINISTRE NOMMÉ

Alors que le nom du nouveau Premier ministre vient d'être annoncé en la personne de Ranil Wickremesinghe, qui occupe cette fonction pour la 6ème fois depuis 1993, l’ex premier ministre est empêché de quitter le pays, ainsi que son fils et une quinzaine de ses alliés politiques. En effet, un tribunal sri lankais leur a interdit de quitter le pays en raison des violences liées aux manifestations et à cause du fait que le Premier ministre a incité ses partisans à se rendre aux manifestations provoquant des dégâts humains et matériels considérables.

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