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Elections de mi-mandat aux Etats-Unis : un revers pour Donald Trump ?

Donald Trump, ici dans sa résidence de Mar-a-Lago le jour des élections, voit ses ambitions pour 2024 contrariées. [AP]

Donald Trump voit ses ambitions politiques contrariées à l'issue des Midterms du 8 novembre, dont certains résultats sont encore attendus. Alors que la «vague rouge» républicaine annoncée n'a pas eu lieu, l'ancien président est challengé jusqu'au sein de son propre parti.

Les élections de mi-mandat du 8 novembre devaient lui ouvrir un boulevard pour lancer sa candidature à la présidentielle de 2024. Mais la soirée électorale a été décevante pour Donald Trump, qui voit son principal rival républicain galvanisé par les résultats.

L'ancien président républicain, qui s'est personnellement impliqué durant la campagne en soutenant plusieurs candidats, rêvait d'une victoire écrasante pour préparer le terrain à sa «très grande annonce» promise pour le 15 novembre prochain.

pas de «vague rouge» républicaine au congrès

Bien que les républicains devraient arracher, d'une courte tête, la majorité à la Chambre des représentants, la «vague rouge» annoncée n'a pas déferlé sur le Congrès.

Selon les derniers résultats disponibles lundi 13 novembre, les républicains ont envoyé 212 élus à la Chambre contre 204 pour les démocrates. Alors qu'une vingtaine de sièges restent à pouvoir, le seuil des 218 sièges permettant d'avoir la majorité n'a toujours pas été atteint.

Au Sénat, le suspense est terminé. La chambre haute du Congrès, organe majeur du système politique des Etats-Unis, reste aux mains des démocrates. Le parti de Joe Biden, qui a atteint le seuil de 50 sénateurs, pourrait même gagner un nouveau s'il remporte le second tour en Géorgie.

«Il n'y pas eu de vague rouge car la plupart des sortants ont été réélus. Le dégagisme anti-système promu par Donald Trump n'a pas eu lieu», explique pour CNEWS Jean-Eric Branaa, maître de conférence à Paris 2 Panthéon Assas et spécialiste de la politique américaine. 

L'ancien président s'est malgré tout montré optimiste, mercredi 9 novembre. «Si par certains aspects l'élection d'hier a été quelque peu décevante, de mon point de vue personnel, ça a été une grande victoire», a-t-il soutenu son réseau Truth Social.

les candidats trumpistes en difficulté

En campagne comme rarement un ancien président ne l'a jamais été, Donald Trump a fait émerger pour les Midterms une nouvelle génération de candidats très médiatiques, souvent novices en politiques. Mais s'ils ont brillé lors des primaires organisées dans les différents Etats, ces candidats au profil parfois fantasque ont eu des résultats plus que mitigés mardi.

Au Sénat, le médecin et animateur de télévision Mehmet Öz a ainsi échoué dans l’État-clé de Pennsylvanie face à son rival démocrate, John Fetterman. Rare motif de consolation pour Donald Trump : la victoire du financier J. D. Vance, dans l'Ohio.

Dans la course à la Chambre des représentants, les trumpistes ne font guère mieux : Madison Gesiotti Gilbert et Steve Chabot ont perdu dans l'Ohio, Bo Hines en Caroline du Nord, John Gibbs dans le Michigan... Du côté des gouverneurs aussi, les candidats pro-Trump ont fait pâles figures. Comme Tim Michels, battu dans le Wisconsin, Tudor Dixon dans le Michigan, Doug Mastriano en Pennsylvanie ou encore Dan Cox dans le Maryland. 

Et l'addition pourrait encore s'alourdir. L'ancienne journaliste de Fox News Kari Lake risque de perdre l'élection du gouverneur d'Arizona (dépouillage en cours), tandis que l'ex-footballeur Herschel Walker pourrait voir le siège de sénateur de Géorgie lui échapper (second tour le 6 décembre).

Pour Jean-Eric Branaa, ces contre-performances s'expliquent par le profil radical des candidats soutenus par l'ancien président. Surnommés les «deniers» par les médias américain (de l'anglais «deny», nier), ils adhèrent à la thèse trumpiste d'une élection de 2020 «volée» par les démocrates.

«C'est une vraie défaite pour la ligne Trump, qui a été sanctionnée par les électeurs. Beaucoup d'Américains ont fait le choix de la raison mardi», avance le spécialiste des Etats-Unis. Avant le scrutin, le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, s'était lui-même inquiété de la «qualité» des candidats poussés par Donald Trump.

En comptant l'ensemble des scrutins (représentants, sénateurs, gouverneurs), quelques 125 «deniers» ont malgré tout été élus, selon un décompte de la BBC.

Ron deSantis, un rival de poids pour Donald Trump

Adoubé par la presse américaine conservatrice, Ron DeSantis est la sensation républicaine de ces Midterms. Réélu gouverneur de Floride avec quasiment 60 % des voix, il s'affiche comme le probable candidat des républicains pour 2024.

Pourfendeur du «wokisme», opposant à l'IVG : Ron DeSantis représente une ligne dure chez les républicains. Surnommé «Ron-la-Morale», il se présente comme un père de famille croyant et intègre.

«Comme Donald Trump, Ron DeSantis aime la provocation et les coups médiatiques (attaques contre Disney, migrants déplacés sur une île, NDLR). Mais c'est aussi un bosseur qui occupe le terrain. On l'a vu au moment de la pandémie et de l'Ouragan Ian», explique Jean-Eric Branaa.

Le gouverneur de Floride semble à même d'unir l'électorat républicain, y compris les trumpistes. «Les électeurs ont avant tout envie de gagner, et c'est DeSantis qui est aujourd'hui le mieux placé», souligne notre expert.

Donald Trump n'a pas attendu pour s'en prendre à son nouveau rival. Dans un long communiqué diffusé le 10 novembre, l'ancien président estime que Ron DeSantis lui doit sa carrière politique et accuse le gouverneur de masquer ses ambitions pour 2024. Avant les Midterms, Donald Trump avait déjà estimé qu'une participation de Ron DeSantis dans la course à l'investiture présidentielle serait «une erreur». «Je pense que la base ne l'apprécierait pas. Je ne pense pas que ce serait bon pour le parti», avait-il jugé.

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