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Etats-Unis : une dangereuse espionne de la guerre froide libérée après plus de 20 ans de prison

L’espionne a reçu un prix décerné par la DIA dans les années 1990 pour avoir «rempli toutes ses fonctions de manière exemplaire» et «avoir inspiré les autres». [Twitter @JimPopkin]

Accusée d’espionnage pour le compte de Cuba en pleine guerre froide, Ana Montes a été libérée ce dimanche 8 janvier après plus de 20 ans de prison purgés aux Etats-Unis.

Une histoire digne d’un film. Accusée d’avoir espionné le gouvernement américain pour le compte de Cuba en pleine guerre froide, Ana Montes a été libérée ce dimanche après plus de 20 ans de prison purgés au Texas (Etats-Unis).

Employée comme analyste à la Defense Inteligence Agency (DIA) pendant plus de deux décennies, elle était considérée comme l’une des «espionnes les plus dangereuses» capturées par les Etats-Unis. Arrêtée en 2001 pour avoir fourni du matériel classifié et le nom de quatre agents américains infiltrés à Cuba, Ana Montes a été condamnée à 25 ans de prison pour mise en danger de «la nation dans son ensemble».

«Elle a compromis tout ce que nous savions sur Cuba et sur la façon dont nous agissons à Cuba. Les Cubains étaient bien conscients de tout ce que nous savions sur eux et pouvaient utiliser cela à leur avantage (...) Elle a également trouvé l'occasion de fournir des informations qu'elle a acquises aux autres puissances», a révélé Michelle Van Cleave, la cheffe du contre-espionnage sous la présidence de George W. Bush, au Congrès en 2012.

Une motivation idéologique 

A l’inverse de bon nombre d’espions importants, Ana Montes a choisi cette voie par idéologie et non pour l’appât du gain, selon la BBC. Elle a coopéré avec le gouvernement cubain car elle était en désaccord avec la politique menée par l’administration Reagan en Amérique latine. Elle a notamment été marquée par le soutien américain apporté aux Contras, un groupe rebelle soupçonné de crimes de guerre, au Nicaragua.

Selon un rapport de l'inspecteur général du département de la Défense, cette opposition à la posture américaine au Nicaragua aurait permis un rapprochement entre Montes et Cuba. Approchée par un camarade de l’université Johns-Hopkins en 1984, Ana Montes a accepté de travailler pour les Cubains après un dîner organisé à New York avec un agent du renseignement de l'île.

Après une formation à La Havane organisée par les renseignements cubains l’année suivante, cette dernière a finalement rejoint la Defense Intelligence Agency comme analyste principale de l’organisation dans le gouvernement communiste cubain.

Des messages codés pour donner les informations

Pour opérer son jeu d’agent double, Ana Montes a usé de multiples stratagèmes pendant plus de deux décennies. Elle a rencontré différents agents du renseignement cubain à Washington DC plusieurs fois par mois. Elle leur a également envoyé des messages codés avec des informations top secrètes via un téléavertisseur. Dans le sens contraire, elle a reçu ses ordres via des transmissions envoyées par radio à ondes courtes.

Brillante et reconnue par ses pairs, l’espionne a même reçu un prix décerné par la DIA dans les années 1990 pour avoir «rempli toutes ses fonctions de manière exemplaire» et «avoir inspiré les autres».

Arrêtée en septembre 2001, elle a purgé plus de 20 ans de prison au Texas avant d’être finalement libérée ce dimanche. Elle restera néanmoins sous surveillance pendant cinq ans et verra sa navigation internet scrutée par les autorités américaines. Elle a enfin l’interdiction de travailler pour le gouvernement ou de contacter des agents étrangers sans autorisation.

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