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Soupçons de corruption au Parlement européen : l'immunité de deux eurodéputés levée

les eurodéputés ont donné leur accord à l’unanimité pour lever l’immunité du Belge Marc Tarabella et de l’Italien Andrea Cozzolino. [Yves Herman/REUTERS]

Le Parlement européen a levé, ce jeudi 2 février, l’immunité de deux eurodéputés visés par la justice belge dans le scandale de corruption présumée au profit du Qatar et du Maroc. Pour l’heure, les deux élus nient toute malversation.

Nouveau rebondissement au Parlement. Ce jeudi 2 février, les eurodéputés ont confirmé le feu vert donné mardi à l’unanimité par la commission des affaires juridiques du Parlement pour lever l’immunité du Belge Marc Tarabella et de l’Italien Andrea Cozzolino, pour leur lien présumé avec le scandale de corruption au profit du Qatar et du Maroc.

«C’est à la justice que je livrerai les information sur les questions que les enquêteurs voudront me poser. Je souhaite que la justice fasse son travail», a déclaré l’eurodéputé belge à sa sortie.

Soupçons de liens avec le Qatar

Dans ce dossier tentaculaire, six personnes, dont l’eurodéputée grecque Eva Kaili ont été arrêtées le 9 décembre dernier à Bruxelles dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de versements d’argent par un pays du Golfe pour influencer les décisions des eurodéputés.

Selon des récents éléments de cette enquête pilotée depuis quatre mois par un juge belge, les deux députés Marc Tarabella et Andrea Cozzolino sont également soupçonnés d’avoir appuyé certaines décisions en faveur d’un État tiers en échange de récompenses en argent liquide. Les deux élus ont été temporairement exclus du groupe des Socialistes & démocrates.

Désormais «tout sera possible, cela ne veut pas dire forcément qu’il y aura des mesures coercitives, mais la justice se donne tous les moyens de pouvoir travailler comme pour n’importe quel justiciable», a expliqué à l’AFP Éric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral belge.

Entre 120.000 et 140.000 euros en liquide

Selon le rapport parlementaire sur la levée de l’immunité de Marc Tarabella, rédigé par l’eurodéputée française Manon Aubry (LFI), Pier Antonio Panzeri, un ancien eurodéputé italien devenu dirigeant d’une ONG et qui fait figure de personnage central dans cette affaire, a affirmé avoir versé «entre 120.000 et 140.000 euros» en plusieurs fois à Marc Tarabella pour son aide dans les dossiers liés au Qatar.

Pier Antonio Panzeri, inculpé et placé en détention provisoire comme trois autres suspects, a conclu en janvier un accord avec la justice, s'engageant à livrer des informations sur le système de corruption auquel il admet avoir participé, en échange d'une peine de prison limitée à un an. 

Dans cette rocambolesque affaire, les enquêteurs belges ont mis la main sur 1,5 million d'euros en liquide, saisis aux domiciles d'Antonio Panzeri et de l'eurodéputée socialiste grecque Eva Kaili, ainsi que dans une valise transportée par le père de celle-ci.

Protection des intérêts d'États étrangers

Selon le rapport parlementaire concernant Andrea Cozzolino, qui était jusqu'en janvier président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec le Maghreb, ce dernier «est soupçonné d'avoir participé à un accord avec d'autres personnes qui prévoyait une collaboration afin de protéger les intérêts d'États étrangers au Parlement européen». Et ce «notamment en empêchant l'adoption de résolutions parlementaires qui pourraient nuire aux intérêts de ces États, en échange de sommes d'argent».

Le scandale, qui a provoqué une onde de choc au Parlement européen, a conduit la présidente de l'institution, la Maltaise Roberta Metsola (PPE, droite), à annoncer des réformes. Mais pour Manon Aubry, rapportrice sur les demandes de levée d'immunité des deux élus et coprésidente du groupe GUE/NGL (gauche radicale) au Parlement «le compte n'y est pas».

«La justice avance, c'est une bonne chose. Maintenant, charge au politique de faire son travail, et de ce point de vue là, c'est au point mort», a-t-elle déclaré à l'AFP, jugeant les propositions de Roberta Metsola «à mille lieues de l'ambition» d'une résolution votée en décembre par les eurodéputés.

«Ce n'est pas la dernière fois qu'on verra une ingérence extérieure, qu'elle soit le fait de lobbies privés ou d'Etats tiers, dans nos travaux, tant qu'on n'acceptera pas de réformer en profondeur la façon dont fonctionnent nos institutions», a-t-elle averti, lançant «l'alerte sur la sanction qui pourrait venir des citoyens» aux élections européennes de 2024.

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