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Développement : les pays les plus pauvres en sommet à Doha à partir de ce dimanche

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et les dirigeants et représentants des 46 pays les mois avancés se réuniront à Doha, au Qatar. [PATRICK T. FALLON / AFP]

Les dirigeants des 46 pays les moins avancés du monde se réunissent à l’occasion d’un sommet qui s’ouvre ce dimanche 5 mars, à Doha, au Qatar, avec l’objectif d’attirer l’attention du monde sur les répercussions de la conjoncture actuelle dans leurs pays.

Un sommet très attendu. Alors que les répercussions de la pandémie de coronavirus, de la guerre en Ukraine et de la lutte contre le changement climatique placent le monde dans une conjoncture difficile, les pays les moins avancés (PMA) qui représentent 14% de la population mondiale, soit 1,3 milliard de personnes, sont d’autant plus touchés. Les dirigeants de ces 46 pays vont donc se réunir à Doha ce dimanche pour tirer la sonnette d’alarme.

«Les multiples crises qui sévissent aujourd'hui sont particulièrement graves dans les PMA», a affirmé Agnes Chimbiri-Molande, ambassadrice du Malawi auprès des Nations unies et porte-parole des PMA à l'ONU.

Créée en 1971 par l'Organisation des Nations unies (ONU), les pays les moins avancés (PMA) sont une catégorie de pays regroupant les Etats socio-économiquement les moins développés de la planète. En février 2023, sur les 46 pays appartenant à cette catégorie, 33 se trouvaient en Afrique, 9 en Asie, 3 en Océanie, et 1 en Amérique (Antilles). Ils étaient 25 lors de la création de la catégorie, il y a plus de cinquante ans. 

Trois critères pour intégrer la catégorie

Dans sa définition de 2003, le Conseil économique et social des Nations unies a retenu trois critères pour déterminer la liste des PMA : un revenu par habitant inférieur à 1.025 dollars, basé sur une estimation moyenne du produit intérieur brut (PIB) par habitant, un retard dans le développement humain, basé sur un indice incluant des indicateurs de santé, de nutrition et de scolarisation. Et enfin la vulnérabilité économique, basée sur un indice incluant des indicateurs sur la production et les exploitations agricoles, le manque de diversification de la production, et le handicap d'être un petit pays. 

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et les dirigeants et représentants de ces 46 pays se réuniront donc, cinq décennies après la création par l'ONU de la catégorie des PMA, dans le but d'apporter un soutien international particulier pour les membres les plus vulnérables et les plus défavorisés. Un plan d'action en faveur de ces pays a d’ailleurs déjà été adopté lors de l'Assemblée générale de l'ONU l'année dernière.

Et pour cause, après les immenses répercussions de la pandémie de Covid-19, qui ne cesse de faire des ravages, encore aujourd’hui, notamment en Asie, et l’impact de la guerre en Ukraine sur l’approvisionnement en produits alimentaires et en carburant, de nombreux pays se trouvent dans une situation critique sur le plan économique, sanitaire, alimentaire ou encore technologique.

Toutefois, aucune promesse de contribution financière majeure n'est prévue lors de ce sommet, déjà reporté à deux reprises à cause du coronavirus. Mais la crise du Covid-19 n’explique pas tout. Les progrès réalisés avant même l'apparition du coronavirus étaient «décevants», selon Matthias Boussichas, responsable des programmes à la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi), basée en France.

Réduire les inégalités structurelles

La communauté internationale, a-t-il dit, doit s'attaquer aux «handicaps structurels», qui concernent le commerce et la croissance, auxquels les PMA sont confrontés depuis des décennies, plutôt qu'aux crises récentes. «Si nous les laissons derrière nous, le fardeau retombera sur la communauté internationale», a mis en garde Rabab Fatima, haut représentant des Nations unies pour les PMA.

Selon la Banque mondiale, le salaire moyen en Afghanistan est estimé à quelques centaines de dollars par an, contre 65.000 dollars aux Etats-Unis. Seule la moitié des plus pauvres ont l'électricité et seulement une personne sur cinq peut se connecter à Internet, selon l'ONU. Depuis 1971, le nombre des PMA a presque doublé. Grâce à leur désignation parmi les pays plus défavorisés, ils bénéficient de privilèges commerciaux et d'un accès plus facile aux aides et autres financements internationaux. 

Et cette politique produit des effets positifs. Le minuscule Bhoutan devrait «sortir» cette année de la catégorie des PMA. Le Bangladesh, le Laos, le Népal, l'Angola, Sao Tomé-et-Principe et les îles Salomon devraient suivre d'ici à 2026. Ils perdront peu à peu leurs privilèges mais continueront à avoir besoin d'aide, même après leur «promotion», selon Matthias Boussichas.

500 chefs d'entreprise pour stimuler l'investissement privé

Pour ce faire, quelques 500 chefs d'entreprise de plusieurs pays sont attendus à ce sommet. Ils auront pour objectif de stimuler l'investissement privé dans les pays pauvres. Microsoft, par exemple, s'est déjà engagé ce jeudi à fournir une connexion internet à 20 millions de personnes supplémentaires en Afrique, s'ajoutant à une promesse de 10 millions faite l'année dernière dans le cadre d'un plan visant à connecter 100 millions de personnes en Afrique d'ici à 2025.

Il s'agit d'un «grand objectif», a indiqué à l'AFP le président de Microsoft, Brad Smith. «Cela nécessite le soutien des gouvernements, des investissements financiers. Mais c'est un chiffre réalisable», selon lui.

«Ce dont ils ont besoin, c'est en partie du commerce et de l'investissement, et pas seulement de l'aide étrangère. Et nous voyons la technologie numérique comme un catalyseur potentiel pour l'investissement, le commerce et la croissance économique», a conclu Brad Smith.

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