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Royaume-Uni : la police de Londres reconnue comme institutionnellement «raciste, misogyne et homophobe» par un rapport indépendant

la «Met Police», la plus grande force de police du pays avec plus de 43.000 officiers et membres du personnel, est engluée depuis des années dans une série de scandales et crimes sexuels. [REUTERS / May James / File Photo]

Un rapport indépendant publié ce mardi 21 mars dénonce des comportements sexistes, racistes et homophobes au sein de la police de Londres, appelant à une «réforme générale» de l’institution, déjà en proie aux scandales.

Un constat sans appel. La police métropolitaine londonienne a fait l’objet d’une enquête indépendante, dont les résultats publiés ce mardi mettent en évidence des comportements sexistes, racistes et homophobes en son sein. Ce rapport appelle notamment à une «réforme générale» de l’institution, déjà en crise après une série de scandales.

«La police n'a pas protégé ses employées ou les membres du public contre les policiers auteurs de violences domestiques, ni contre ceux qui abusent de leur position à des fins sexuelles», est-il écrit dans le rapport de 363 pages, qui déplore aussi des mauvais traitements visant les agents issus des minorités.

La responsable de ce rapport, Louise Casey, fonctionnaire du gouvernement britannique travaillant dans le domaine de la protection sociale, appelle à un «changement fondamental» et estime que l'enquête est «rigoureuse, dure et sans complaisance». Selon elle, les violences visant les femmes et les filles n'ont «pas été prises au sérieux en termes de ressources et de priorités».

Et pour cause, la «Met Police», la plus grande force de police du pays avec plus de 43.000 officiers et membres du personnel, est engluée depuis des années dans une série de scandales et crimes sexuels, alimentant une grave crise de confiance du public.

L’affaire Everard

C’est suite au meurtre de Sarah Everard, une Londonienne de 33 ans violée et tuée par un policier, Wayne Couzens, qui l'avait arrêtée sous un faux prétexte en 2021, que ce rapport a été commissionné.

La crise de confiance a encore été aggravée quand David Carrick, un policier de 48 ans a plaidé en janvier coupable de 24 viols et de multiples agressions sexuelles contre douze femmes entre 2003 et 2020. Il terrorisait ses victimes en mettant en avant ses fonctions.

De plus, l’enquête dépeint également comment des preuves dans des affaires de viols (prélèvements d'urine ou de sang par exemple) n'ont pas pu être exploitées après avoir été stockées dans des réfrigérateurs surchargés, parfois fermés à l'aide de sangles ou encore tombés en panne.

«Malgré la présence de quelques officiers supérieurs expérimentés, c'est un personnel inexpérimenté et surchargé qui s'occupe de la protection de l'enfance, des viols et des délits sexuels graves», note Louise Casey.

Un «laxisme» qui perdure

Si la Met avait indiqué en 2020 que 1.633 affaires d'agressions sexuelles ou de violences domestiques présumées impliquant plus de mille officiers et agents ces dix dernières années allaient être réexaminées, Louise Casey indique «ne pas pouvoir assurer» qu'il n'y a plus de criminels tels Wayne Couzens et David Carrick dans les rangs de la police londonienne aujourd'hui. 

Elle souligne par ailleurs que les femmes travaillant dans la police sont «victimes de sexisme au quotidien» et qu'une «homophobie profondément ancrée» règne au sein de la Met.

Un phénomène extrêmement grave qu’a même reconnu Mark Rowley, le chef de la police londonienne : «j'accepte son diagnostic sur le racisme, la misogynie et l'homophobie au sein de l'organisation, ainsi que sur les défaillances systémiques, managériales et culturelles», a-t-il déclaré, en présentant à nouveau des excuses.

«Les preuves sont accablantes», a déclaré de son côté le maire de Londres Sadiq Khan. Ce nouveau rapport est publié près de 25 ans après celui de Macpherson, commandé après le meurtre d'un adolescent noir, Stephen Lawrence. Le document avait déjà conclu en 1999 à un «racisme institutionnel» au sein de la police, provoquant un choc au Royaume-Uni.

En octobre dernier, Louise Casey avait remis un premier rapport dans lequel elle dénonçait déjà le laxisme de la police londonienne face au racisme et au sexisme.

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