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Violences sexuelles : un ex-membre d’un boys band japonais accuse le pape de la J-pop de centaines d'agressions sur de jeunes chanteurs

Kauan Okamoto pense que la plupart des «100 à 200» jeunes talents qu'il a côtoyés à l'agence ont eux aussi subi des agressions sexuelles. [Kazuhiro NOGI / AFP]

Kauan Okamoto accuse Johnny Kitagawa, décédé en 2019 à 87 ans, de l’avoir agressé «15 à 20» fois quand il n'avait que 15 ans, jusqu'à son départ de l'agence en 2016. Il espère que les nombreuses autres victimes du gourou de la pop japonaise (J-pop) vont se manifester.

Sera-t-il à l’origine d’un #MeToo dans le monde de la J-pop ? Le chanteur Kauan Okamoto, un ancien membre du boys band japonais Johnny's Junior, a affirmé ce mercredi 12 avril avoir subi des agressions sexuelles lorsqu'il était adolescent de la part de Johnny Kitagawa, le gourou des groupes masculins de pop japonaise (J-pop), décédé en 2019 à 87 ans.

Kauan Okamoto, aujourd'hui âgé de 26 ans, a déclaré avoir été agressé par Johnny Kitagawa «15 à 20» fois à partir de 2012, quand il n'avait que 15 ans, jusqu'à son départ de l'agence en 2016. Il est l'une des premières personnes à accuser publiquement Kitagawa, dont la presse nippone avait déjà évoqué de longue date des faits de harcèlement et d'agression sexuelles présumés, mais qui n'a jamais été condamné.

Les rumeurs au sujet d'un possible harcèlement sexuel sur certaines des jeunes recrues de l'agence avaient commencé à partir de 1988 lorsque Koji Kita, un ancien membre de Four Leaves, avait affirmé que Kitagawa avait profité de sa position dominante pour faire des avances aux garçons qu’il avait sous contrat.

Dans un livre écrit en 1996 par Junya Hiramota, un ancien membre d'un autre boys band de Kitagawa, l'auteur déclare qu'il a vu Kitagawa forcer un garçon à avoir des relations sexuelles avec lui dans l'un des dortoirs de l'agence. Selon l’agence de presse Kyodo, en 1999, l’hebdomadaire Shukan Bunshun avait publié une série d’articles présentant les accusations de plusieurs garçons. Johnny Kitagawa avait obtenu des dommages-intérêts pour diffamation à la suite de ces publications, mais la décision avait été partiellement annulée en appel, le tribunal estimant que le magazine avait en réalité des raisons suffisantes de publier ces accusations.

La controverse a ressurgi après la récente diffusion d'un documentaire de la chaîne de télévision publique britannique BBC.

Des centaines d'autres victimes

«J'espère que d'autres victimes se manifesteront, toutes, car elles sont très nombreuses», a déclaré Kauan Okamoto. «J'aimerais également que la direction de l'agence, et Johnny lui-même s'il était présent aujourd'hui, reconnaissent ce qui s'est passé et fassent en sorte que de telles choses ne se reproduisent plus», a-t-il ajouté.

Selon le chanteur, il était fréquent que les jeunes recrues de Kitagawa passent la nuit dans son appartement équipé d'un jacuzzi, d'un bar et d'une machine à karaoké. Kauan Okamoto a déclaré que la première fois qu'il avait été agressé par Kitagawa, celui-ci s'était allongé à côté de lui et lui avait touché les parties génitales avant de lui faire une fellation. Selon lui, Kitagawa lui a donné le lendemain 10.000 yens (68 euros au taux actuel), sans explication.

Kauan Okamoto pense que la plupart des «100 à 200» jeunes talents qu'il a côtoyés à l'agence ont subi des agressions similaires. «Grâce à Johnny, ma vie a changé», a-t-il dit. «Mais je crois aussi que ce que Johnny a fait, me faire subir des actes sexuels quand j'avais 15 ans, et ce qu'il a fait subir aux autres, est une mauvaise chose.»

L'agence Johnny & Associates fondée par Johnny Kitagawa, qui règne sur l'industrie nippone du spectacle depuis des décennies et a lancé de célèbres groupes d'«idoles» comme Smap, Arashi ou Tokio, n'a pas répondu à plusieurs sollicitations de l'AFP sur cette affaire.

Le Club des correspondants étrangers du Japon, qui organisait mercredi la conférence de presse où le chanteur nippo-brésilien a porté ces accusations, a aussi indiqué que ses demandes auprès de l'agence étaient restées sans réponse.

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