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Coronavirus félin en mutation : ce que l'on sait de cette maladie qui a déjà tué 300.000 chats à Chypre

«L’île aux chats» est décimée par cette maladie très contagieuse, qui ne se transmet pas aux humains. [Illustration ©Jose Antonio Gallego Vasquez/Unsplash]

Alors que la mutation d'un coronavirus félin fait des ravages sur l'île méditerranéenne de Chypre, les défenseurs des animaux exhortent le gouvernement à prendre des mesures pour endiguer l'épidémie.

Depuis janvier 2023, 300.000 chats seraient morts à Chypre. En cause, la présence chez 90% de la population féline d’un virus intestinal qui, une fois muté et s’il n’est pas traité, s’avère fatal. Cette péritonite infectieuse féline (PIF) se transmet rapidement entre les chats, mais semble épargner les humains et les autres animaux.

Les symptômes de la PIF sont polymorphes : fièvre, gonflement de l'abdomen, faiblesse et parfois même agressivité. D’après les services vétérinaires du ministère de l’Agriculture, seuls 107 cas auraient été recensés dans la partie sud de l'île, mais ce nombre ne reflète pas la réalité. Outre les praticiens qui invoquent des difficultés de diagnostic et un manque de ressources à leur disposition, les chats sont en effet habitués à mourir seuls et isolés. 

Des pays proches comme le Liban, Israël et la Turquie seraient également touchés, mais faute d'études, «rien ne permet de l'affirmer», indique Demetris Epaminondas, vice-président de l'Association vétérinaire panchypriote, qui regroupe les professionnels du secteur sur l'île.

des traitements au compte-gouttes

Pour endiguer l’épidémie, deux options ont été considérées : l'utilisation d'un médicament approuvé pour le coronavirus humain en Inde, le molnupiravir, et un médicament antiviral vétérinaire approuvé en Angleterre, appelé «GS-441524».

Seule l'importation du GS a été autorisée à Chypre, mais le traitement se fait rare car soumis à des limitations d’importation et à un prix de vente rédhibitoire qui peut varier de 3.000 à 7.000 euros par chat. Ce qui explique que des voix s’élèvent pour faire autoriser le molnupiravir, plus abordable puisqu’il permet de traiter un animal à partir de 200 euros environ.

En attendant, de nombreux propriétaires de félins ont recours à des méthodes clandestines. «Nous achetons nos médicaments sur le marché noir en ligne, ou sur des groupes Facebook. Nous gardons nos fournisseurs secrets pour pouvoir continuer à soigner nos animaux», confie une habitante sous couvert d'anonymat, craignant d'avoir des ennuis.

un avenir inquiétant

Vasiliki Mani, une Chypriote de 38 ans membre de plusieurs associations de défense des animaux, réclame une solution rapide. En janvier, elle a soigné deux chats errants de la PIF, ce qui lui a coûté 3.600 euros. «J'ai dépensé toutes mes économies», déclare la bénévole, estimant que les animaux à Chypre sont traités avec «négligence et cruauté». Si la PIF continue à muter, «l'île aux chats» deviendra «l'île aux chats morts», avertit-elle finalement.

Contacté par l'AFP, le ministère de l'Agriculture a assuré examiner «les moyens possibles de traiter la question» via «diverses préparations thérapeutiques disponibles sur le marché de l'Union européenne».

Avant que les chiffres de l’épidémie ne s’envolent, la population féline, estimée à plus d’un million d’individus, dépassait quasiment le nombre d’habitants sur l’île (1,244 million). C’est d’ailleurs à Chypre, surnommée «l'île aux chats», qu’ont été retrouvés les plus anciens témoignages d’une domestication de cet animal, vieux de 9.000 ans.

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