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Election présidentielle à Taïwan : la Chine «déplore vivement» les félicitations des Etats-Unis au vainqueur

Issu du Parti démocrate progressiste (DPP), Lai Ching-te, 64 ans, a remporté l'élection présidentielle taïwanaise à un tour avec 40,1% des voix. [REUTERS/Carlos Garcia Rawlins]

Après l'élection de Lai Ching-te à la présidentielle taïwanaise samedi, la Chine a dénoncé ce dimanche les félicitations que lui ont adressées les Etats-Unis et menacé ceux qui défendent l'indépendance de l'île.

Fraîchement élu président de Taïwan ce samedi, Lai Ching-te est déjà au cœur des débats. La Chine, qui refuse de reconnaître cette élection, dénonce les félicitations adressées par plusieurs pays au nouveau président, et notamment celles formulées par les Etats-Unis.

Peu après la victoire de Lai Ching-te, le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, a en effet félicité le candidat victorieux mais aussi «le peuple taïwanais pour avoir démontré une nouvelle fois la force de son système démocratique et de son processus électoral solide».

Samedi, Joe Biden, président des Etats-Unis, a également rappelé : «Nous ne soutenons pas l'indépendance» de Taïwan. Mais pour la Chine, qui considère l'île comme l'une de ses provinces à réunifier, le mal était déjà fait.

Dans un communiqué publié ce dimanche 14 janvier, le ministère chinois des Affaires étrangères a dit «déplorer vivement» les félicitations de Washington à Lai Ching-te. Selon Pékin, cette déclaration américaine «envoie un signal profondément erroné aux forces séparatistes en faveur de "l'indépendance de Taïwan"».

Le gouvernement chinois a insisté sur le fait que la victoire de Lai Ching-te ne changerait rien à «l'inévitable tendance vers la réunification de la Chine». Le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi a même mis en garde les Taïwanais : «Si quiconque sur l'île [...] a l'intention d'aller vers l'indépendance, ils [...] essaieront de diviser le territoire chinois, et seront certainement sévèrement punis par l'Histoire et la loi».

«Quels que soient les résultats de l'élection, ils ne peuvent pas changer le fait fondamental qu'il n'y a qu'une seule Chine et que Taïwan en fait partie, a ajouté le chef de la diplomatie chinoise ce dimanche. Taïwan n'a jamais été un pays. Cela ne l'était pas dans le passé, et cela ne le sera certainement pas dans le futur».

«Un grave danger» pour les relations entre la Chine et Taïwan

Qualifiant tout projet d'indépendance d'«impasse», Wang Yi a déclaré que les efforts en ce sens «menacent gravement le bien-être des compatriotes taïwanais, nuisent gravement aux intérêts fondamentaux de la nation chinoise et compromettent gravement la paix et la stabilité dans la région du détroit de Taïwan».

Le nouveau président taïwanais est issu du Parti démocrate progressiste (DPP) comme la présidente sortante, Tsai Ing-wen. Lai Ching-te, 64 ans, a promis de «protéger Taïwan des menaces et intimidations continuelles de la Chine».

Par le passé, il se définissait comme «un artisan pragmatique de l'indépendance de Taïwan» mais, aujourd'hui, son discours est plus nuancé. Il considère qu'un processus d'indépendance n'est pas nécessaire car l'île est indépendante de facto, avec son propre gouvernement et ses élections. Il reste perçu par Pékin comme un promoteur d'«activités séparatistes liées à l'indépendance» et «un grave danger» pour les relations entre la Chine et Taïwan.

Le statut de cette île est l'un des sujets les plus explosifs entre la Chine et les Etats-Unis. Ces derniers ne la reconnaissent pas comme un Etat et considèrent la République populaire de Chine comme seul gouvernement légitime mais apportent néanmoins à Taïwan une aide militaire importante.

Les réactions de Berlin et Paris

Ce dimanche, Washington a prévu d'envoyer une «délégation informelle» sur l'île, au lendemain de l'élection présidentielle. Composée de l'ancien conseiller à la Sécurité nationale Stephen Hadley, de l'ex-secrétaire d'Etat adjoint James Steinberg et de la présidente de l'Institut américain à Taïwan Laura Rosenberger, cette commission rencontrera lundi «une série de personnalités politiques de premier plan et transmettra les félicitations du peuple américain à Taïwan pour le succès des élections».

Dans son communiqué publié samedi, Anthony Blinken a dit se réjouir de travailler à l'avenir avec le nouveau président taïwanais, «pour faire progresser nos intérêts et valeurs partagés, et poursuivre notre relation non officielle de longue date». «Le partenariat entre les peuples américain et taïwanais, enraciné dans les valeurs démocratiques, continue de s'élargir et de s'approfondir à travers les liens économiques, culturels, et de peuple à peuple», a-t-il ajouté.

L'Allemagne a elle aussi réagi à l'élection de Lai Ching-te ce dimanche, félicitant à son tour «tous les électeurs et candidats qui ont participé à ces élections, tout comme ceux qui ont été élus». Appelant à préserver «le statu quo», Berlin estime que ce dernier «ne peut être modifié que de manière pacifique et concertée».

La France a tenu un discours similaire ce dimanche, adressant ses «félicitations à tous les électeurs et candidats qui ont pris part à cet exercice démocratique ainsi qu'aux élus». «Nous réaffirmons le caractère crucial de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan, appelons au respect du statu quo par toutes les parties, et espérons une reprise du dialogue entre les deux rives du détroit», a indiqué le communiqué du ministère français des Affaires étrangères.

Désignant Taïwan comme «un partenaire important de l'Europe et de la France, notamment dans les domaines économique, culturel, scientifique et technologique», le Quai d'Orsay a dit espérer que «les liens avec l'île continueront de se renforcer, dans le respect de notre politique d'une seule Chine», qui ne reconnaît officiellement que la Chine continentale.

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