Sages ou courageux, joueurs ou solitaires, les enfants peuplent la peinture des derniers siècles. Une exposition les met en lumière, sans mièvrerie ni tête à claques.
“Personne ne garde un secret comme un enfant”, écrivait Victor Hugo dans "Les Misérables" en 1862. Ce mystère conservé se lit dans les yeux de ceux qui emplissent le musée Marmottan-Monet, à l’occasion d’une exposition printanière.
Depuis Louis XIV dans ses premières années, en manteau d’hermine miniature, jusqu’aux visages difformes de gamins tracés par Matisse, Picasso ou Dubuffet, l’accrochage s’interroge sur la manière dont la peinture a représenté l’enfance, ce moment vulnérable, à travers les derniers siècles.
["Le Peintre et l'enfant" de Picasso, ©Succession Picasso 2016]
Pur et effronté
Avoir le droit d’être le sujet de tableau ne va pas de soi pour un enfant. Le privilège, d’abord réservé au Christ, s’étend aux dauphins du royaume de France à partir du XVIe siècle. Puis les descendants de l’aristocratie y ont droit au XVIIe siècles, poupons très sages au teint diaphane, souvent captés dans les bras de leur mère.
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En 1789, coup d’éclat. L’enfant devient pur et effronté, symbole du peuple qui conspue une monarchie corrompue et prend les armes pour briser ses chaînes. Par la suite, les XIXe et XXe siècles le montrent fils des faubourgs, gosse modèle jouant sur les plages normandes dans les tableaux impressionnistes ou petit génie poétique dans les avant-gardes.
Œuvres diverses
En se penchant sur cette figure récurrente de la peinture moderne, le musée Marmottan-Monet fait voyager le visiteur de portrait en portrait, soulignant intelligemment l’évolution des chérubins à travers l’histoire de l’art.
La scénographie, fluide et feutrée, met en valeur des œuvres diverses, signées Cézanne, Manet, Renoir, Millet, Vallotton ou Monet.