En direct
A suivre

Malgré le Front de gauche, le PCF poursuit sa lente érosion

Jean-Luc Mélenchon, leader du Front de gauche, le 10 juin 2012 à Hénin-Beaumont, le 10 juin 2012[AFP/Archives]

Le Front de gauche, PCF en tête, est un des grands perdants des législatives alors qu'il croyait encore début juin renforcer sa présence à l'Assemblée grâce à la percée de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, lui-même vaincu dès le premier tour à Hénin-Beaumont.

"Nous avons payé cher notre autonomie", a affirmé l'ex-candidat à la présidentielle (11,1%), déplorant "l'énergie" déployée par les socialistes "pour essayer de faire perdre partout les candidats du Front de gauche".

Avec, selon les instituts, de 9 à 11 députés contre 19 sortants, le groupe FG semble perdu. Mais dimanche soir, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF gardait encore espoir après avoir demandé lundi que le seuil de constitution d'un groupe soit abaissé de 15 à 10 députés.

Un groupe "à portée de main"

Même si "dans les circonscriptions perdues la semaine dernière on fait des progrès partout" en termes de score, "en termes d'élus, ce n'est pas un bon résultat", a-t-il reconnu auprès de l'AFP, critiquant le mode de scrutin. Mais en ajoutant des députés d'outre-mer, le groupe est à portée de main, a assuré M. Laurent : "on va explorer toutes les pistes avant de demander l'abaissement" du seuil.

Le PCF qui comptait 16 élus et apparentés poursuit ainsi son érosion, lui qui avait compté jusqu'à 86 députés en 1978 et a toujours disposé d'un groupe à l'Assemblée sous la Ve République (à l'exception de la période 1958-1962). Le Parti de gauche (trois sortants) n'aura plus qu'un seul député, Marc Dolez (Nord), réélu à 100%.

Une source écologiste interrogée par l'AFP estime que le refus d'un abaissement du seuil à 10 députés "serait une déclaration de guerre au PCF" alors que le PS l'a concédé à EELV au Sénat.

Pour le politologue Vincent Tiberj, M. Mélenchon a "su profiter de la fenêtre d'opportunité de la présidentielle où l'on vote pour une personnalité" alors que les législatives confirment la "lente mort du PCF".

Le FG joue le coup d'après

Après cet échec, restera à trancher la question de la présence du Front de gauche au gouvernement alors que depuis des mois son leader répète qu'aucun de ses membres n'y entrera si ce n'est des "renégats" comme Robert Hue. Avec son Mouvement unitaire progressiste, l'ex-secrétaire général du PCF a soutenu François Hollande lors de la campagne présidentielle.

Plusieurs responsables socialistes disent espérer des communistes au gouvernement, évoquant les noms de Nicole Borvo Cohen-Seat, présidente du groupe communiste au Sénat, voire de Pierre Laurent.

Mais lundi, au Conseil national du PCF, place du Colonel Fabien, le numéro un communiste devrait, sauf surprise, appeler ses troupes à refuser cette perspective, faisant valoir que les idées du FG (Smic, pacte européen, etc.) ne sont pas assez présentes dans la politique gouvernementale.

"Pour l'instant, le gouvernement, le président de la République, nous répondent : c'est nos 60 propositions, point final", a déploré Marie-George Buffet, poursuivant: "Si le discours demeure le même au lendemain des élections législatives, nous ne pourrons pas participer au gouvernement".

La résolution sera discutée et votée lors d'assemblées générales lundi et mardi dans toutes les fédérations communistes, avant une conférence nationale mercredi.

Se voulant en "autonomie conquérante" vis-à-vis du PS selon les mots de M. Mélenchon, le FG joue le coup d'après. Pour M. Tiberj, rester en dehors du gouvernement "permet de voter en soutien quand les lois plaisent et ne pas être tributaire du bilan des lois qui ne plaisent pas, en s'inscrivant comme une alternative".

Les 11% de la présidentielle "n'ont pas disparu", souligne le politologue, et le FG compte "attendre les désenchantements que suscitera un gouvernement de gauche" dans un contexte de crise. A l'image de la gauche radicale anti-austérité Syriza en Grèce.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités