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Espace : tout savoir sur Yoda, cet engin de guerre protecteur de satellites

Photo d'illustration. [© Nasa]

La Force va-t-elle accompagner Yoda ? Décrit comme un «patrouilleur» de l'espace programmé pour protéger nos satellites militaires, ce soldat high-tech d'un nouveau genre témoigne d'une guerre méconnue qui se déroule juste au-dessus de nos têtes.

Si ce projet, porté par l'armée française en collaboration avec le Cnes, fait référence au célèbre petit jedi vert de Star Wars, il est aussi l'acronyme d'un nom plus martial : Yeux en Orbite pour un Démonstrateur Agile. Déjà en cours de développement, sa phase de test grandeur nature pourrait être «mise en orbite» dès 2024.

Quel est le but de Yoda ?

Son but ? Protéger les satellites militaires, stratégiquement sensibles, d'éventuelles attaques menées par des pays tiers. Car l'espace est la nouvelle frontière en matière d'armement afin de déstabiliser un pays, voire le rendre aveugle. Missiles antisatellites, lasers aveuglants émis depuis le sol, systèmes de brouillages de la navigation et des communications, piratage visant à vider les réservoirs d'un satellite... Les nouvelles armes ne manquent pas.

Et l'affaire du Luch Olymp, un satellite espion russe, a convaincu le gouvernement français d'agir. L'objet était venu s'approcher du satellite de communication militaire franco-italien Athena-Fidus en octobre 2017. Le satellite russe «s’est approché de tellement près qu’on aurait vraiment pu croire qu’il tentait de capter nos communications. Or, tenter d’écouter ses voisins, ce n’est pas seulement inamical. Cela s’appelle un acte d’espionnage», avait ainsi expliqué la ministre des Armées, Florence Parly, aux médias en 2018.

Comment fonctionnera-t-il ?

Encore peu d'éléments techniques ont filtré quant au projet. Toutefois, on sait que le patrouilleur Yoda évoluera en orbite géostationnaire à 35.786 km d'altitude. «Il sera constitué de deux nanosatellites d’un poids de 10 à 20 kg, qui évolueront en orbite géostationnaire afin de valider les technologies de rapprochement d’un satellite, dimensionner les charges utiles d’opération de proximité et entraîner les opérateurs du commandement de l’espace aux opérations dans l’espace», résume ainsi le rapport du député Jean-Jacques Ferrara, consultable ici.

L'idée sera donc d'avoir un engin capable de détecter une menace potentielle qui viserait l'un de ses satellites militaires pour venir à ses côtés et y faire face. Mais la première étape de Yoda serait surtout d'apprendre aux opérateurs au sol à manœuvrer un tel engin, sans forcément embarquer de technologies capables de contrer une attaque.

Sa durée de service serait de 5 à 10 ans dans l'espace précise le document qui plaide pour que une maîtrise de l'espace figure au rang des priorités. Et le député d'ajouter : «sur la base des résultats obtenus par Yoda un satellite patrouilleur plus lourd – d’une centaine de kilogrammes – et véritablement opérationnel pourra ensuite être lancé vers 2030».

La France pionnière du genre ?

Avec Yoda, la France fait ici figure de pionnière dans ce type de technologies pour contrer une attaque ou un brouillage directement depuis l'espace. Des menaces prises très au sérieux par un pays qui craint de se retrouver paralyser, tant les satellites militaires revêtent une importance stratégique en matière de renseignement et de commandement des troupes au sol.

En 2019, le président Emmanuel Macron a même créé le Commandement de l'espace, qui rassemble un corps de 250 militaires, qui devrait passer à 500 à l'horizon 2025. Et si l'Elysée et les armées du pays mettent les bouchées double, c'est que d'autres forces étrangères se mettent en branle. Sous l'ère Donald Trump, les Etats-Unis ont mis en place leur fameuse US Space Force, composée de 4.000 militaires dédiés aux menaces spatiales. On sait également que la Chine mais aussi l'Inde ont fait la démonstration de missiles antisatellites afin de détruire des engins en fin de vie. Et lorsque l'on sait que plus de 80 pays disposent d'une agence spatiale dans le monde, on comprend mieux pourquoi l'hypothèse d'une guerre orbitale est prise très au sérieux.

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