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Deux rameuses battent le record de la traversée de l'océan Indien

Laurence Grand-Clément et Laurence de Rancourt le 7 juin 2012 à Geraldton avant leur traversée de l'Océan Indien[AFP/Archives]

Deux jeunes rameuses françaises, Laurence De Rancourt, 27 ans, et Laurence Grand-Clément, 33 ans, ont battu jeudi le record de la traversée en binôme de l'océan Indien, reliant la côte Ouest de l'Australie à l'île Maurice (3100 miles nautiques/5800 km) en 84 jours.

Les deux rameuses, fortes en thème et en bras (la première est ingénieure agronome, la seconde polytechnicienne), sont également les premières Françaises à traverser à la rame cet océan à la météo capricieuse et difficilement prévisible.

Elles ont largement battu le précédent record de la catégorie binôme, réalisé en 2009 sur la même route Est-Ouest en 102 jours par un duo britannique masculin.

Une autre Française, Raphaëlla le Gouvello, avait réussi en 2006, mais en planche à voile, la première traversée tricolore de l'océan Indien en 60 jours entre l'Australie et l'île de la Réunion.

"Ce fut une traversée sportive, très aventureuse mais aussi et contre toute attente, technique", ont déclaré vendredi à l'AFP par téléphone à leur arrivée à Maurice les deux Laurence, ou 2 L ou encore 2zell ainsi qu'elles se sont baptisé.

Deux plongées dans les abysses

"Pour l'aspect sportif, nous nous sommes astreintes à une rigoureuse discipline en nous relayant régulièrement aux avirons, nuit et jour, quelque soit l'état de la mer. Mais la véritable aventure s'est produite au 2/3 du parcours par une nuit sans lune, une mer forte avec des vagues de plus de 8 m, ou nous nous sommes retournées à deux reprises avec d'importants bris de matériel et quelques émotions", témoignent-elles.

Dans les ténèbres, les 2zell croient leur aventure terminée: "Cinq avirons sur six étaient brisés, la balise de détresse perdue, les circuits électroniques endommagés", racontent-elles.

C'est Laurence Grand-Clément, l'ancienne de l'"X", qui était aux avirons lors des deux chavirages: "Le premier s'est produit au milieu de la nuit et le second à la pointe de l'aube. Accrochée à ma ligne de vie, je me suis retrouvée à deux reprises à 3 mètres sous le canot retourné. Petite frayeur, menus horions mais rien de grave..."

Dans l'habitacle exigu, l'autre Laurence endormie est à moitié assommée par les chocs: "J'étais un peu secouée, à l'ouest. Puis Laurence a crié. Elle était en vie. Ouf ! Elle est remontée à bord une fois le canot redressé. Puis, on a entrepris méthodiquement l'état des lieux. Pas brillant !"

Les cinq jours suivants ("une traversée incertaine du désert", disent-elles), les deux femmes font appel à toutes leurs connaissances technico-scientifiques pour réparer une paire d'avirons en alliage carbone, à même de les amener à bon port.

"Pour multiplier nos chances de réussite, on s'est attaqué chacune à réparer une seule rame en élaborant notre propre alchimie de bricolage avec des morceaux de résine prélevés ici et là sur l'accastillage ou des tissus synthétique. On a réussi à recomposer deux rames viables et solides. Il ne nous restait plus qu'à souquer ferme jusqu'à Maurice ou l'accueil fut à la mesure de nos efforts".

Au-delà de leur exploit sportif, les 2zell avaient placé leur difficile entreprise hauturière sous le signe de la solidarité caritative, avec l'association "A chacun son Everest" du Docteur Christine Janin, qui vient en aide aux enfants atteints du cancer.

Les 2zell, via leur site internet "www.2zell.org", entendaient recueillir 30.000 euros pour l'association.

A leur arrivée à l'île Maurice, vendredi matin, le compteur affichait 13.000 euros de dons pour 5.800 km à la rame !

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