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Ivan Deyra, champion du monde français de poker : «Je peux être fier de mon parcours»

Ivan Deyra a décroché en juillet un bracelet de champion du monde à seulement 25 ans. Ivan Deyra a décroché en juillet un bracelet de champion du monde à seulement 25 ans.[Caroline Darcourt]

Il a mis le feu à Las Vegas. Ivan Deyra, alias ValueMerguez, a décroché cet été l’un des titres de champion du monde mis en jeu dans la Mecque du Poker. Un sacre qui a rapporté au Team Pro Winamax, rencontré au WPO à Dublin, plus de 400 000 euros et lui a permis de dépasser la barre du million d’euros de gains en carrière à seulement 25 ans. Prodigieux !

Deux mois et demi après votre titre, l’euphorie est-elle retombée ?

Elle est retombée depuis quelques semaines. Le mois qui a suivi était quand même assez incroyable au niveau des émotions. Au moment de ma victoire, j’ai eu des émotions que je n’avais jamais ressenti auparavant. C’était quelque chose d’unique. Tout était chamboulé dans ma tête. J’avais dû mal à réaliser. Et depuis, je vis un véritable rêve éveillé.

Que représente ce sacre ?

Tout joueur de poker se fixe l’objectif de décrocher un bracelet de champion du monde. Cela aurait pu arriver deux ans plus tôt, dans dix ans ou même jamais. Je le prends comme un accomplissement de beaucoup de travail. Surtout que ce titre est arrivé dans une période un peu plus difficile pour moi au niveau des résultats. Mais je n’ai pas lâché et le travail, surtout mental, a fini par payer.

Qu’avez-vous fait du fameux bracelet ?

Je l’ai souvent avec moi. Mais sinon je le laisse chez mes parents. J’ai une armoire avec toutes mes récompenses. A chaque fois que je le revois, j’ai les souvenirs qui remontent. Comme des flashs. Même d’en reparler, cela me procure des sensations.

Qu’est-ce que ce titre a changé dans votre vie ?

Personnellement, je vis toujours la même vie. C’est surtout les regards extérieurs qui ont changé. Je le ressens beaucoup à table. Et puis, j’ai rendu fier ma famille. Je n’arrêtais pas de leur dire que la grosse perf’ pouvait arriver à tout moment, mais à chaque fois je butais près du but.

Justement, comment a-t-elle réagi ?

Je l’ai appelée dans la foulée. Ma petite sœur était en pleurs. Avec mes parents et mon grand frère, ils avaient du mal à y croire. Ils étaient encore plus euphoriques que moi.

Vos parents ne doivent pas regretter de vous avoir laissé vivre votre rêve…

Au début, c’était très compliqué. Il y avait un vrai dilemme car j’étais en plein dans mes études quand je leur ai dit que je voulais devenir joueur professionnel. Pour mes parents, c’était difficile d’arrêter les études avec juste le Bac pour me lancer dans un monde inconnu et un peu mal vu. On était vraiment dans le flou. Je me suis donné une année pour me donner les moyens d'y arruver en mettant les études de côté et finalement tout s’est très bien passé. Je ne peux que m’en réjouir. Et eux aussi. Mon père est même plus encore à fond que moi maintenant.

Votre victoire à Las Vegas vous a également permis de passer la barre du million de gains en carrière…

C’était également un objectif que je m’étais fixé. C’est assez énorme dit comme ça. Mais il faut bien faire la différence, à savoir que ce sont de gains et non des profits. Car on joue beaucoup d’argent pour disputer les tournois tout au long de l'année.

A quand remontre votre passion pour le poker ?

J’avais environ 14 ans. Je regardais des vidéos en streaming sur mon ordinateur. J’étais captivé. Il m’arrivait de faire des nuits blanches. Il y avait énormément d’argent en jeu et je trouvais ça complétement fou d’en voir autant pour un jeu de cartes. J’ai ensuite commencé à jouer entre amis et en famille.

Est-ce l’appât du gain qui vous a attiré ?

Au tout début, j’étais impressionné par le fait qu’il y ait autant d’argent. Mais après j’ai très vite était attiré par l’aspect stratégique. Je me suis mis à acheter énormément de livres sur la stratégie. Et une fois que j’ai eu les bonnes bases, j’ai travaillé l’aspect mental toujours en me procurant beaucoup de livres.

Et tout s'est vite enchainé avec trois bagues, un bracelet, le million d’euros… Pensiez-vous pouvoir y arriver, surtout aussi rapidement ?

J’ai encore un peu de mal à m’en rendre compte car j’ai l’impression que les bagues, c’était il y a très longtemps comme je joue toute l’année. Et surtout j’en veux toujours plus. Je ne suis jamais rassasié. Des fois, j’essaie de me poser un peu pour réaliser ce que j’ai accompli. Mais c’est vrai, j’ai un palmarès déjà très fourni mais je vais essayer de le faire grandir encore un peu.

Vous considérez-vous comme le petit prodige du poker français ?

Cela fait déjà un moment que je joue maintenant, mais j’ai commencé très tôt et je suis encore jeune. Quand j’ai commencé le poker, j’étais tout seul dans ma chambre et j’ai fait mes armes de mon côté. Je peux être fier de mon parcours pour en arriver jusqu’à ce titre de champion du monde. Et avoir cette réputation, c’est vraiment gratifiant.

Quels sont vos prochains objectifs ?

Je viens de commencer à apprendre les variantes pour me donner plus de chances d’aller conquérir un deuxième bracelet de champion du monde. Je vais avoir beaucoup de travail car je pars de zéro. Mais c’est un beau challenge comme je les aime. Il y a aussi le classement GPI (classement mondial). Pour l’instant, je suis classé 3e français derrière Romain Lewis, qui fait également partie du Team Pro Winamax, et Benjamin Pollak. Sur les mois à venir, ça va être la guerre avec Romain (rires).

Vous êtes un passionné de football. Si vous aviez eu le choix entre devenir football professionnel et joueur de poker professionnel ?

Avant de connaitre le poker, j’aurais dit joueur de football professionnel. J’en ai fait pendant douze ans et c’est le rêve de tout gosse. Mais maintenant je préfère clairement être joueur de poker professionnel. Il y a plus de libertés et je maîtrise plus mon destin. Je vis la vie que j’ai toujours rêvé depuis que j’ai commencé le poker. Je joue les plus beaux tournois du monde, je voyage énormément avec des destinations magnifiques. Et je gagne.

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