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Les 10 choses que l'intelligence artificielle fait mieux que l'homme

En 2014, le film Ex-Machina questionnait l'avenir de l'homme face à la machine. [© Universal Pictures]

C'est un fait, les intelligences artificielles remplaceront à terme les hommes pour de nombreuses tâches. Un constat lié à leur création par l'être humain, puisque celles-ci ont, par définition, la fonction d'«effectuer des activités qui relèvent de l'intelligence humaine».

Et si chaque année l'IA progresse dans de nombreux domaines, elle parvient déjà se distinguer, voire à dépasser le cerveau humain. Voici les dix choses qu'elles savent déjà mieux faire que nous.

établir un diagnotsic médical

Si les IA ne prétendent pas encore remplacer les médecins, ni les professionnels de la santé, celles-ci se révèlent déjà être d'excellents assistants pour établir un diagnostic précis. Celles-ci excellent particulièrement pour étudier les imageries médicales (scanners, radios, échographies...). Grâce au deep learning (apparentissage approfondi qui consiste à intégrer des millions de données et à générer un programme automatique), l'IA peut compulser plusieurs millions d'images. En comparant ces dernières avec l'image médicale d'un patient, elle pourra repérer d'éventuels signes de maladie, parfois même imperceptibles à l'œil humain.

Aujourd'hui, les projets combinant l'IA et le milieu médical se multiplient et reste un enjeu primordial pour les géant de la Tech. Et ce travail est aujourd'hui reconnu : ainsi, en avril 2018, la FDA – organisme régulant les médicaments aux Etats-Unis – a autorisé pour la première fois une IA à délivrer seule un diagnostic, tandis que Google et IBM ont déjà affiché leurs projets. En atteste le travail mené par Olivier Bousquet, directeur du centre de recherche sur l'intelligence artificielle de Google en Europe, et ses équipes : «Nous étudions le fond de la rétine, afin de détecter les signes avant-coureur de la rétinopathie diabétique. Ici, nous sommes déjà avec un outil fonctionnel déjà au moins aussi fiable qu’un médecin expérimenté, voire plus fiable, car nous pouvons entraîner l’IA sur une plus grande quantité de données que pourrait voir un médecin dans sa vie.»

Et l'intelligence artificielle donnera des «super-pouvoirs aux médecins», selon le Dr Thomas Clozel, cancérologue, et Gilles Wainrib, mathématicien, tous deux cofondateurs de la société Owkin. «Chez d’autres sociétés comme IBM, l’IA est utilisée pour accélérer les processus dans le milieu médical, pour établir un diagnostic notamment, explique le Dr Clozel. Grâce à Owkin, le médecin est en capacité de faire des prédictions et pourra même, à terme, éduquer la machine, qui deviendra capable d’interpréter des données pour l’aider à faire des découvertes.» La société, qui a notamment noué un partenariat avec l’Inserm, ne cache pas son ambition de trouver un traitement contre le cancer.

Prendre une photo

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Règle des tiers, balance des blancs, réglages colorimétriques, effet bokeh, constrastes... Prendre une photo dans les règles de l'art n'est pas à la portée de tous. Si certains en font leur métier, c'est parce qu'un vrai boîtier nécessite un savoir-faire. Toutefois, tout ceci reste purement mathématique et donc à la portée d'une intelligence artificielle. Un constat établi par les constructeurs d'appareils photo et de smartphones.

En 2019, la plupart des mobiles premium embarquent des puces neuronales. Entraînées à reconnaître différents types de scènes (paysages, portraits, fleurs, plats, macro, animaux, enfants...), celles-ci vont alors régler l'appareil automatiquement pour réaliser, en moins d'une seconde, un cliché bien plus flatteur que s'il avait été immortalisé par l'être humain moyen.

Sur ses Pixel 3, Google a ainsi entraîné une IA à réaliser un effet de flou d'arrière-plan automatiquement lorsqu'il détecte un visage pour le magnifier. Huawei avec son P30 Pro promet de réaliser des clichés dans le noir complet, pour une image comme en plein jour. Samsung et Apple exploitent également l'IA pour améliorer considérablement le rendu final des clichés de leurs mobiles respectifs.

Au-delà de l'aspect photographique pure, les machines dépassent déjà l'être humain sur le plan de l'acuité visuelle. Et lorsque l'homme se confronte à un ordinateur pour jouer au célèbre jeu «Où est Charlie ?», l'être humain doit souvent s'avouer vaincu. «Alors que les hommes ont un taux de réussite de 90 % à cet exercice, les machines sont parvenues, en 2016, à atteindre près de 100 %», peut-on lire sur le rapport du Steering Committee qui réunit des chercheurs de l'université de Stanford et du MIT.

Au-delà, le milieu médical s'apprête à vivre un vraie révolution grâce à l'IA et aux robots dans la prochaine décennie. Certains machines se révèlent même capables d'opérer des patients en étant plus précis qu'un chirurgien et de manière totalement autonome. Dès 2016, un robot a ainsi pu recoudre, seul, deux parties de l'instestin d'un cochon et a excellé à cette tâche.

Jouer aux échecs, au Go ou au poker

Ils s'appellent Deep Blue (1997), AlphaGo (2017) et Libratus (2017) et ont respectivement humilié les meilleurs champions d'échecs, de Go et de poker. Ces trois IA sont rentrées dans l'Histoire en démontrant que la logique implacable d'une machine peut avoir raison de l'homme, lorsqu'il s'agit de jouer et d'élaborer une stratégie gagnante. Même pour les parties de jeux vidéo, l'IA semble bien lancé pour corriger les gamers. En janvier dernier, c'est au jeu de stratégie Starcraft II, où les joueurs professionnels semblaient indétrônables, que le programme DeepMind de Google s'est encore illustré.

Comme une prophétie, annonçant la montée en puissance de la machine sur l'homme au XXIe siècle, Deep Blue avait écrasé Garry Kasparov (alors six fois champion du monde) aux échecs, le 11 mai 1997. D'abord dévasté par cette défaite, le champion russe a avoué en 2019 dans une interview accordée au journal Le Temps : «Avec la machine, le même cycle est toujours respecté. D’abord, nous pensons qu’elle ne pourra pas effectuer telle ou telle tâche. Puis elle y parvient, mais imparfaitement, l’homme demeure plus performant. Ensuite, pendant un court laps de temps, il semble exister une compétition. Mais la machine finit inexorablement par se révéler plus efficace. C’est pourquoi je pense qu’il ne faut pas penser l’homme «versus» la machine, mais l’homme «plus» la machine. Il faut voir ce qu’elle peut nous apporter, en se retenant d’escompter la perfection, une notion qui n’existe d’aucune manière dans l’univers. Non, ce qu’il faut attendre de la machine, c’est qu’elle soit meilleure que l’homme.»

Parler plusieurs langues

Et si apprendre une langue ne servait déjà plus à rien ? A l'ère de Google Traduction, l'intelligence artificielle peut déjà servir de traducteur universel. Celui-là même fantasmé par les créateurs de Star Trek dans les années 1960.

Alors que le commun des mortels parvient à manier deux idiomes diffrents en moyenne, certains en utilisent couramment plusieurs dizaines, à l'instar de Ioannis Ikonomou, traducteur auprès de la Commission européenne et qui parle 47 langues. Considéré comme un génie (avec un QI supérieur à 130), l'homme reste loin de Google Traduction, capable d'effectuer des traductions dans plus de 100 langues. Toutefois, cette différence en faveur de la machine reste du côté de l'écrit. Car pour l'heure, la pronociation des mots et les subtilités liées aux accents, l'ironie,... restent encore l'apanage du genre humain.

Et si l'outil de Google reste le plus connu actuellement, d'autres sociétés sont sur les rangs autour de la traduction. C'est le cas de la société française Systran. «Nous avons développé un moteur de traduction neuronal, à qui l’on apprend à comprendre les bases d’une langue pour en parfaire sa connaissance grâce à des textes traduits par des professionnels (des corpus)», nous expliquait François Mas­semin, vice-président du secteur EMEA de Systran en 2016. «La fameuse loi de Moore a explosé, soulignait-il. Il n'est donc pas impensable d'imaginer l'arrivée d'un traducteur universel voice to voice durant la prochaine décennie.»

Copier un tableau de maître

Une IA peut-elle comprendre le génie d'un peintre ? Surtout, l'art est-il à la portée d'une machine ? C'est la question à laquelle se sont attaqués les chercheurs de Microsoft et de l'universté néerlandaise de Delft avec leur projet The Next Rembrandt. Ici, l'ordinateur a été utilisé pour décortiquer le travail du maître. Plus de 340 de ses œuvres ont été scannées et analysées dans leurs moindres détails, afin de comprendre le coup de pinceau et de génie de cette figure incontournable du baroque.

Le fruit de leurs travaux a trouvé un visage en 2016, avec la présentation d'un tableau original réalisé à la manière du peintre hollandais. Et le résultat s'avère bluffant, puisqu'il repose sur la combinaison de plus de 160.000 fragments tirés des œuvres de l'artiste. Le tout reposant également sur les proportions (écart entre les yeux, taille du nez...) tels que les aurait perçues le maître et en suivant le travail minutieux qu'il aurait réalisé.

Stocker de la mémoire

Longtemps considéré comme une machine naturelle parfaite, notre cerveau révèle ses secrets et ses limites. En 2016, une équipe de neuroscientifiques du Salk Institute à La Jolla, en Californie, ont estimé la capacité de stockage du cerveau humain à 1 pétaoctet (soit un million de milliards d'octets). Un chiffre vertigineux qui souligne la supériorité du cerveau humain lorsqu'il s'agit d'intégrer (même inconsicemment) une information.

Mais qu'en sera-t-il réellement dans les prochaines années ? Déjà, Facebook, Amazon, Google et Microsoft stockeraient plus de 1.200 pétaoctets de données, expliquaient les chercheurs lors de la publication de leurs travaux. Au rythme exponentiel auquel se développe le Web et le partage de données, ce chiffre pourrait avoir doublé depuis. Et l'intelligence artificielle nourrit le big data au quotidien en compulsant par exemple les millions de photos partagées quotidiennement sur les réseaux sociaux.

Faire un créneau

Fantasmée par les auteurs de science-fiction, la voiture autonome est aujourd'hui une réalité qui n'attend plus qu'un cadre juridique pour se lancer sur les routes. Pourtant, certaines fonctions sont déjà actives, à l'instar du Park Assist, qui permet à un véhicule de se garer en réalisant un créneau parfait, dans 100 % des cas. Un niveau que l'homme n'atteint pas en termes de probabilités. Les calculs de la trajectoire et de l'angle d'attaque sont ici mieux gérés par un ordinateur de bord qui prend le volant en main.

Plus loin, le débat de la prochaine décennie se portera sur la voiture 100 % autonome. Celle-ci révolutionnera nos rapports aux transports, les constructeurs imaginant déjà des véhicules conçus comme des espaces de vie.

devenir trader à la bourse

L'avenir de la finance ne sera-t-il qu'une histoire d'algorithmes ? Les start-up de la fintech y croient et les jours des traders dans les fameuses salles de marché semblent comptés.

Plus qu'une prédiction, il s'agit déjà d'une tendance de fond dans le secteur. En confiant certaines tâches à de puissants logiciels, Wall Street a déjà supprimé 3.000 postes en quatre ans, précise le site Meilleursbrokers.com. Il s'agit toutefois d'un métier en pleine mutation. Les machines remplaçant ici le personnel chargé d'exécuter des ordres d'achats et de ventes pures et simples.

Protéger les vignes et les forêts

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© Chouette

L'IA peut s'avérer salvatrice pour la planète. En cartographiant les vignes françaises grâce à des drones, la start-up Chouette est capable de détecter les éventuelles maladies bien plus rapidement que ne pourrait le faire un homme. Une heure de vol permettant de couvrir 5 hectares.

Surtout, cette technologie est au chevet des champs en permettant de détecter l’apparition des maladies, grâce au big data. Du mildiou, dont les taches sur les feuilles peuvent être perçues, aux maladies du bois, que sont l’esca (un cocktail de champignons destructeur) et la flavescence dorée (due aux piqûres de l’insecte cicadelle), un viticulteur peut intervenir de manière ciblée pour enrayer leur expansion. «L’idée est également de soutenir les solutions plus écologiques, afin de délimiter avec précision les zones d’épandage et réduire l’usage de produits chimiques», précise Charles Nespoulous, cofondateur de Chouette.

En Suède, la bataille se porte sur la protection des forêts. La société Sogeti a développé une IA capable de détecter l'arrivée de dendroctone de l'épinette. Ces insectes, pouvant ravager des hectares entiers, peuvent être idéntifiés à partir de photos satellites. Les pertes pouvant se chiffrer à plusieurs centaines de millions d'euros, précise Sveaskog AB, la plus grande société forestière du pays.

Reconnaître un style musical

Enfin, si l'on met en avant les prouesses des IA pour imiter la vue, celles-ci excellent aussi du côté de l'ouïe. L'algorithme de Shazam est capable de reconnaître, presque à coup sûr, le titre que vous écoutez, mais il ne s'agit pas ici d'intelligence artificielle à proprement parler.

Plus étonnant, une équipe de chercheurs britanniques de Cambridge a réussi à créer un programme pouvant identifier les différents styles musicaux. Jazz, reggae, rock, blues... n'ont plus de secret pour lui. Au-delà du côté gadget, cette IA sert de base à un projet plus ambitieux, pour reconnaître et distinguer certains sons. Une application médicale pourrait avoir ici une utilité «en distinguant les râles des patients pour déclencher une alerte rapidement auprès du personnel soignant», précisent les chercheurs.

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