Parue le 15 mai 2019, la BD « Le Silence des étoiles » de l’Instagrameuse Sanäa K, se dirige droit vers un succès de librairie. La star du Net, engagée et sensible, semble en revanche vouloir rester discrète.
Avec 20 000 exemplaires imprimés épuisés dès la première semaine de vente, le roman graphique de Sanäa K déjà en cours de réimpression prouve bien à quel point son auteure est populaire. Suivie par 135 000 personnes sur Instagram et 49 000 sur Facebook, la blogueuse se montre aussi à l'aise sur le papier que sur la Toile.
Le mystère Sanäa K
Elle avait disparu des écrans depuis 2016. Avant cela, elle racontait son quotidien avec humour sur son blog et sur Instagram qu’elle a rapidement fait chauffer à grands coups de situations cocasses, de dessins réalistes et colorés mais aussi d’une sensibilité à fleur de peau. Féministe engagée, elle traite bien sûr de nombreuses problématiques féminines, depuis les désagréments de la vie quotidienne jusqu’à des sujets plus larges comme la parité au travail, sans pour autant délaisser le réchauffement climatique ou encore les violences policières.
Si elle se dessine brune, ni mince, ni grosse, sensible à la mode, accro à Game of Thrones, aux « pâtisseries à 7, 50€ » de chez Pierre Hermé et atteinte d’un véritable manque de confiance en elle, on ne sait pas grand-chose de l’illustratrice si ce n’est qu’elle a tenu une chronique illustrée dans une émission de Stéphane Bern sur France 2, qu’elle travaille désormais pour l’édition, la presse et la publicité. Serait-ce ce relatif anonymat la recette de son succès ? Dans ce premier roman graphique, elle se livre néanmoins un peu plus et avec une émouvante sincérité, reflet de l'esprit d'un compte Instagram qui a fait son succès.
Le récit fidèle d’une douloureuse rupture amoureuse
© Sanäa K / Marabulles
Pendant deux ans, Sanäa K avait rendu ses followers un peu orphelins, ne postant plus rien de sa vie. De ce silence, elle en tire un album touchant et délicat sur une rupture amoureuse.
Débutant sur la naissance d’une passion avec un certain Ismaël, Sanäa K prend vite un virage à 90 degrés en racontant sans l’enrober la douleur de l’absence. Victime de « Ghosting » comme elle l’explique plus loin – entendre par « ghosting », le fait de de rompre avec quelqu’un en disparaissant du jour au lendemain sans explication - , elle passe de longs mois à attendre le retour d’Ismaël, naviguant entre la haine, le découragement, l’espoir et la nostalgie. Pas de scénario de comédie romantique ni de dramaturgie à outrance, les petits riens de son quotidien déprimé suffisent à faire ressentir ce que la jeune femme vit lors de cette rupture.
Derrière ce récit intimiste, elle incite - par touches discrètes mais efficaces - les jeunes femmes à s’imposer dans leur vie professionnelle, elle qui se dévoile ici comme une artiste assez paradoxalement en mal de reconnaissance et bloquée par peur de l’échec. Ce livre, bien ancré dans notre époque d’hyper communication, se révèle au final comme une belle leçon d’humilité et un joli contre-pied au narcissisme indécent des réseaux sociaux.