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Avignon Off 2019 : les pièces à voir cet été

Près de 1600 pièces sont programmées cette année dans le cadre du festival Off d'Avignon. Près de 1600 pièces sont programmées cette année dans le cadre du festival Off d'Avignon. [BERTRAND LANGLOIS / AFP]

Le festival Off d’Avignon ouvre aujourd'hui vendredi 5 juillet, métamorphosant la Cité des Papes en gigantesque théâtre. Cette année, 1592 pièces dont 1134 données pour la première fois, seront jouées sur 24 jours. Pour s’y retrouver devant tant de propositions, voici un tour d’horizon des spectacles à ne pas manquer lors de cette édition.

Plébiscité par les amoureux du théâtre, le festival va attirer cette année près de 6.000 artistes. Un nombre en constante augmentation qui réunit de petites troupes comme des têtes d’affiche, soucieuses d’y trouver un contact direct avec un public exigeant. Entre grandes premières, retours très attendus, séances de rattrapage, drames, comédies... Le choix s’annonce cornélien.

 Des pièces attendues 

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© Fabienne Rappeneau - La troupe de La Famille Ortiz. 

Ce sera certainement l’une des pièces les plus attendues du festival. Après l’immense succès d’«Adieu Monsieur Haffmann», récit poignant qui a décroché quatre Molières en 2018, son auteur Jean-Philippe Daguerre présente, cette année, sa nouvelle pièce au Théâtre Actuel. Avec «La famille Ortiz», il sonde les secrets de la famille, qui sous sa plume prend la forme d’une tribu extraordinaire, emmenée par un père insubmersible et une mère protectrice. Autour d’eux s’épanouissent leurs trois fils, jusqu’au grain de sable dans l’engrenage. Quel est donc ce couac qui a poussé l’un d’entre eux à fuir sa famille pour s’exiler au bout du monde et s’inventer une vie ? La femme de cet expatrié familial mène l’enquête. L’occasion pour Jean-Philippe Daguerre de jouer avec l’espace-temps, et d’embarquer son public dans un univers qu’il a voulu mélancolique et loufoque. Une pièce qui a déjà séduit Eric-Emmanuel Schmitt puisqu'il la programme à Paris au Théâtre Rive gauche à la rentrée. 

D’autres retrouvailles vont assurément faire parler d’elles. Ce sont celles d'Andréa Bescond et d’Eric Metayé, qui viennent dévoiler et mettre en scène leur nouvelle pièce : «Déglutis ça ira mieux». Le duo qui s’est illustré en 2014 avec «Les chatouilles», s’attaque au théâtre du Balcon à un thème d’actualité : le droit à mourir dans la dignité. Une pièce qui célèbre, elle aussi, des retrouvailles déjantées et passionnées entre deux femmes, celle d’Aline, adulescente de 45 ans qui a fui toutes sa vie les responsabilités et de sa fille Nina, à qui elle va demander l’impossible. Leur première création «Les chatouilles», texte fort sur la pédophilie adapté l’année dernière sur grand écran, sera par ailleurs repris au théâtre du Chêne noir. 

Des têtes d’affiche toujours plus nombreuses 

A commencer par Charles Berling. Au théâtre des Halles, l’acteur adapte et mettra en scène «Vivre sa vie», d’après le film de Jean Luc Godard. Il signe une version moderne de l’histoire de Nana, prostituée éprise de liberté qu’il entremêle avec les écrits de Marguerite Duras, Simone Weil et les voix d’anciennes prostituées telles que Grisélidis Réal et Virginie Despentes. 

De son côté, Alexandre Brasseur s’inspire lui aussi du cinéma. Dans «Les Funambules», le comédien retrace seul en scène la genèse d’un film culte «Les enfants du paradis», imaginé en six mois, en secret, dans une France occupée, par quatre génies - Prévert, Carné, Trauner et Kosma. Une pièce signée et mise en scène par Daniel Colas, d’après Alexandre Brasseur, qui s’appuie sur la parole de son grand-père, Pierre Brasseur, à l’affiche de ce monument du 7eart français aux côtés d’Arletty et Jean-Louis Barrault, pour retracer le combat de ces hommes pour la liberté.  

Lauréate de deux Molières, l’excellente Myriam Boyer se frottera également au public avignonnais avec une comédie qui dépeint la société moderne avec humour, «Louise au parapluie». La mère de Clovis Cornillac y campera avec toute la justesse qu’on lui connaît une femme, qui après avoir travaillé toute sa vie à l’usine, décide de se présenter aux élections municipales  pour prouver à son fils youtubeur qu’elle a aussi un avis sur la société. (Théâtre des Gémeaux).  

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© DR

Dans un autre registre, le mime et poète Julien Cottereau, Molière de la révélation masculine en 2007, présentera son nouveau solo «aaAhh Bibi», un ballet évidemment mimé au Théâtre La Luna.

Mêlant lui aussi les genres, le théâtre du Chêne noir, lieu incontournable du off pour sa programmation, présente «My Land». Un show croisant danse, théâtre et cirque contemporain, créé en août dernier dans le cadre du plus grand festival du monde, le Edinburgh Fringe, et unanimement salué. Le théâtre accueillera également cette année Bruno Putzulu, qui adapte en musique le premier roman de François Cavanna, «Les Ritals». De son côté, Christophe Malavoy met en scène, interprète et adapte «La légende du saint buveur», d’après la nouvelle de Joseph Roth. Il y interprète un sans-abris. Ce dernier a promis de rembourser le passant qui un soir l'a aidé.  Y arrivera-t-il ? 

A noter également, alors que son père sera sur scène à la rentrée dans une pièce de Sacha Guitry, Romain Sardou signe sa première pièce et revisite le mythe d’Antigone au théâtre Les 3 soleils.  

Enfin, c’est dans l’adaptation théâtrale de «Tendre Passion», film aux cinq Oscars, interprété notamment par Jack Nicholson et porté pour la première fois sur scène, que Corinne Touzet retrouve les planches au Théâtre La Luna. 

La comédie Française dans le Off 

Deux membres de la Comédie Française, deux femmes, investiront, de leur côté, le festival Off. Sociétaire honoraire du Français, la grande Geneviève Casile se glissera dans la peau de l’«Inoubliable Sarah Bernhardt» et racontera au théâtre du Balcon les plus grands moments qui ont ponctué la carrière de cette femme libre. 

Alors qu’elle joue actuellement dans «La vie de Galilée» de Bertolt Brecth, monté par Eric Ruf, Véronique Vella mettra quant à elle en scène «Salutation au soleil». Un spectacle musical qui dresse le portrait de cinq femmes et hommes lumineux. (Théâtre Au bout là-bas). 

Les habitués du festival

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© CHARLY TRIBALLEAU / AFP Clémentine Célarié, grande amatrice du festival Off d'Avignon.

Elle est de toutes les éditions ces dernières années ou presque : la pétillante Clémentine Célarié, nommée aux Molières en 2017 pour «Darius», pièce qu’elle avait justement présentée au festival Off d’Avignon, revient cette fois avec un classique de la littérature français : «Une vie», de Maupassant. 

Virginie Lemoine, elle aussi grande habituée du festival, revient endosser la casquette de metteur en scène. Elle monte cette année plusieurs pièces. Parmi elles, elle présente pour la première fois «Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri», qu’elle a elle-même adapté du roman éponyme de David Lelait-Helo. Inspiré d’une histoire vraie, ce seul en scène sera campé par Didier Constant. Le comédien se fera le passeur du récit d’un gamin, qui foudroyé un soir par la voix de la chanteuse, rêve de lui ressembler quels que soient les obstacles, et ils sont nombreux… Il n’est pas Grec, n’a pas les cheveux longs et est un garçon (Théâtre le Petit chien). Son adaptation théâtrale de «Suite Française», d’après le roman d’Irène Némirovsky, présentée en 2018 et campée notamment par Florence Pernel et Emmanuelle Bougerol, est également de retour cette année. 

Eux aussi ne se passent pas d’un passage dans le Off. Grégori Baquet et Xavier Jaillard sont à nouveau réunis. Après avoir présenté l’année dernière à Avignon leur version d’«Hamlet», qui a valu à Grégori Baquet une nomination aux Molières cette année dans la catégorie meilleur comédien, le duo monte cette fois «Le K», d’après le recueil de nouvelles de Dino Buzzati. Adaptés et co-mis en scène par Xavier Jaillard, Molière 2018 pour «La vie devant soi», ces treize récits drôles, fascinants ou effrayants seront campés par Grégori Baquet. 

Un duo qui promet. William et Daniel Mesguich, le père et le fils se retrouvent aussi cette année sur scène dans «Le souper» de Jean-Claude Brisville. Un rendez-vous au sommet entre deux géants de la politique, Fouché et Talleyrand. Deux hommes aux antipodes, qui en juillet 1815, ont une nuit pour trouver un régime à la France. La pièce a été portée à l’écran en 1992 par Edouard Molinaro (Théâtre des Gémeaux).

Habitué du Off, Jean-Jacques Vanier s’empare, quant à lui, pour la première fois à Avignon de «Colères», un solo culte créé il y a 20 ans et signé François Rollin et Joël Dragutin. Il se glisse à son tour dans la peau de Jacques Martineau, râleur professionnel dont les colères drôles et démesurées visent successivement les jeunes, les femmes, les comiques professionnels, les enfants… Le monde en somme (Théâtre le petit chien). 

Des séances de rattrapage 

Si le festival Off est un lieu de découverte, plébiscité par les spectateurs comme les programmateurs, qui viennent y trouver les pièces qu’ils programmeront dans les années à venir, c’est aussi le lieu idéal pour s’offrir une séance de rattrapage. 

Parmi les pièces à voir si ce n’est déjà fait, «La machine de Turing», de et avec Benoît Solès, est programmée au théâtre Actuel. Saluée par quatre Molières en mai dernier, elle réserve une plongée dans la vie du mathématicien Alan Turing, qui a brisé le code secret de l'Enigma allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Elle aussi avait marqué les esprits aux Molières en 2018, «Adieu Monsieur Haffmann», pièce de Jean-Philippe Daguerre, est à voir au Théâtre du Roi René. 

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