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Philippe Manoeuvre : «Le rock est en train de se réinventer»

Philippe Manoeuvre, surnommé «Monsieur rock», attend 1000 musiciens sur scène pour le concert ROCKIN'1000. © JOEL SAGET / AFP

À l'occasion de l'évènement ROCKIN'1000, durant lequel 1000 musiciens amateurs joueront au Stade de France, Philippe Manoeuvre, parrain du concert, nous détaille comment le retour du rassemblement va se dérouler, et en profite pour faire le point sur ce genre qui ne meurt jamais.

Comment avez-vous intégré l’aventure ROCKIN'1000 ? 

J'avais entendu parler de la grande réussite de l’évènement en Italie, de ces musiciens qui avaient lancé aux Foo Fighters le défi de venir jouer dans leur salle. Le groupe avait dit «bravo c'est génial», parce qu’ils sont en rupture totale avec l'image du rock des années 1960-70, ils aiment les initiatives des fans. Quand on m'a proposé de présenter ce concert au Stade de France j'étais un peu inquiet quand même, ma première réaction a été de dire «je ne suis pas Jean-Louis Aubert», je ne comprenais pas combien de gens ils voulaient mettre dans la salle. Les organisateurs du Stade de France visaient 30.000 personnes pour la première, je me suis engagé et la grande surprise est que 50.000 personnes sont venues le 29 juin 2019. 

 

Quel souvenir vous gardez de cette première édition ? 

Il y a eu un petit miracle qui s'est produit. Le spectacle a été absolument parfait, les musiciens avaient tellement répété que les Italiens étaient stupéfaits. Du coup on a voulu recommencer tout de suite, mais il y a eu le Covid qui nous a bloqués deux années de suite. C'était à la fois difficile même si c'était compréhensible, ça ne dépendait pas de nous. Tous les artistes de tous les pays attendaient leur heure, que ça soit Ed Sheeran, Lady Gaga ou ROCKIN'1000.

Un petit miracle s'est produit lors de la première édition, le spectacle a été parfait.

On aurait pu faire une deuxième édition mais seulement avec 5000 spectateurs, donc réunir 1000 musiciens pour 5000 spectateurs ce n’était même pas la peine... Le Covid nous a coupé les ailes mais cette année on va être le premier grand spectacle au Stade de France. Après ça va être un défilé avec les Red Hot Chilli Pepper, Coldplay, Ed Sheeran, Lady Gaga... Les salles de concerts ont enfin retrouvé le live, et c'est un peu le sérum de vérité de l'industrie du spectacle. On va avoir de nombreux guests ! 

Il y aura notamment M ! 

Oui, qui va faire des solos de guitare, c'est un grand grand grand guitariste du rock français. Il y aura également Richard Kolinka de Téléphone et des Insus, qui va venir jouer de la batterie sur «Un autre monde». Il sera tout seul avec sa batterie sur la scène centrale et il va donner le tempo à 216 batteurs. Il y aura beaucoup de rock français cette année.

Les musiciens sont venus de toute la France, comment la sélection s’est-elle déroulée ? 

On a eu 4000 candidatures pour cette édition. Ils nous envoient des bandes démo où ils jouent la chanson qu'ils veulent avec leur instrument. Des fois vous recevez des bassistes qui ont des basses cinq cordes et qui jouent un morceau d'Alicia Keys incroyable. Moi au début je me suis dis «wow c'est incroyable on va prendre tous les mecs comme ça», mais les Italiens m'ont dit «non, le rock ce n’est pas une musique de virtuose, c'est aussi une musique de gars qui savent jouer quatre accords, on n'a pas besoin de gens hyper-sublissimes». Si on avait 1000 personnes parfaites ça ne serait pas un groupe de rock. 

C'est assez rare de mettre en avant les musiciens amateurs ! 

Oui je pense même que c'est un peu un cas unique. Les musiciens amateurs ont parfois la possibilité de décrocher la première partie d'un groupe prestigieux, quand le groupe accepte. Mais ça ne se passe pas souvent comme ça. Là on a une aventure humaine. Tous ces musiciens ont des métiers radicalement différents, il y a des soignants, des médecins, des postiers, des conducteurs SNCF... On a des personnes de toutes extractions sociales, c'est ça qui est beau.

Cette musique va vivre aussi longtemps que des gens la joueront.

C'est presque cosmique ! Et ils vont pouvoir jouer tous les classiques rock : Téléphone, Rolling Stone, Ed Zeppelin, Springsteen, Bowie, Queen... Tout le monde comprend bien le message : cette musique va vivre aussi longtemps que des gens la joueront. 

Qu’est-ce que c’est «être rock» aujourd’hui ?

C’est jouer cette musique, l'aimer, l'écouter, la pratiquer. Le rock a juste besoin de petits soldats qui se bagarrent pour lui. Il y a eu un moment incroyable durant le premier concert : on a joué «Seven nation army» des White Stripes, et quand la chanson s'est arrêtée le stade s'est mis à entonner le refrain puis à la chanter à pleins poumons. Et les musiciens, sans que personne ne leur demande, se sont remis à jouer, comme si c'était un seul et même groupe. Le rock donne lieu à de l'échange, de la communication. Il donne tout simplement de la force ! 

Le Stade de France représente quoi pour vous ? Vous avez des souvenirs particuliers ? 

J’y ai vu les Rolling Stones un certain nombre de fois, Johnny Halliday, Metallica et AC/CD... C'est un endroit où j'aime bien aller, où j'ai vu des performances spectaculaires, des moments très rares. Comme l'a dit Mike Jagger la première fois où il est monté sur scène : «Bienvenue sur le stade des champions du monde.»  

Aujourd'hui, qui sont les meilleurs ambassadeurs du rock ? 

Le classic rock on a toujours nos champions : Neil Young, les Rolling Stones, Bob Dylan... Au niveau des jeunes on a Måneskin, encore des Italiens (rires). Et puis il faut voir aussi l'incroyable vitalité du métal. Là on va jouer des morceaux de Rage Against the Machine, AC/DC... J'ai été voir Ghost à Bercy il y a une semaine, les gens sont extatiques, on voit arriver de nouvelles superstars. Le rock est en train de se réinventer. 

On vous surnomme souvent Monsieur rock, vous aimez bien ou vous en avez marre ? 

Ah non aucun problème, moi du moment qu'il y a rock (rires) ! Des ouvriers qui ravalaient l'immeuble m'ont même appelé «le rock» tout court ! J'entendais «il faudrait aller demander au rock», je me demandais de quoi ils parlaient, puis soudainement ils tapent à mes carreaux. Du coup depuis j'essaye de bien me tenir (rires). 

Vous êtes optimiste pour la suite, pour cet été ? 

Bien sûr ! La pandémie, je pense qu'elle est derrière nous. Une voyante américaine avait prédit qu'une pandémie allait s'abattre sur nous et disparaitre d'un coup, c'est un peu ce qui est en train de se passer. J'avais créé la polémique sur le plateau de C à Vous, quand j'avais dit que les Américains ne voyaient pas comment les spectacles reviendrait avant 2022, à l'époque on trouvait ça fou mais finalement c'est un peu ce qui est arrivé ! 

Il y a des concerts que vous attendez particulièrement ? 

Je vais aller au Hellfest et aller voir les Rolling Stones. Ils reviennent cet été pour deux concerts en France ! J'ai hâte de les revoir, et cette fois je vais emmener mes enfants pour la première fois, mon fils de 10 ans et ma fille de 5 ans. La dernière fois mon garçon était trop petit et ma fille n'était pas née mais ça y est, c'est l'âge du rock ! Même si mon fils préfère les Beatles, mais nul n'est parfait (rires), je vais essayer de changer ça. 

ROCKIN1000, le 14 mai 2022 à 21h00. Tarifs spectateurs : à partir de 29 €. Billets disponibles sur le site stadefrance.com et les réseaux habituels

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