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Naruto : la folle histoire de l'arrivée du petit ninja en France, il y a 20 ans

[Naruto © 1999 Masashi Kishimoto/Shueisha Inc.]

Voilà 20 ans cette année qu'un éclair orange et jaune a foudroyé le rayon manga des librairies françaises. Avec 25 millions d'exemplaires vendus depuis, Naruto est encore et toujours dans les cœurs. En 2021, il s'est même vendu 3,4 millions de tomes, soit un toutes les 10 secondes.

Pour célébrer cet anniversaire, les éditions Kana vont publier dès ce vendredi 6 mai une édition spéciale du manga phare de Masashi Kishimoto. Baptisée Hokage, celle-ci est même unique au monde, puisqu'il s'agira d'une version deluxe avec une couverture cartonnée et auréolée de nombreux bonus en vue de séduire les tous premiers fans du petit ninja blond. CNEWS a interviewé Christel Hoolans, directrice générale des éditions Kana et Lombard, mais aussi Benoît de Tauriac, managing director chez ADN et créateur de Kana Home Vidéo, deux personnalités clés chez Kana qui ont vu évoluer ce héros au gré de ses 72 tomes et ses 700 épisodes.

Publié dès 1999 au Japon, Naruto est arrivé en France trois ans plus tard, mais rien n'était gagné pour Kana à l'époque. La fin des années 1990 et le début des années 2000 étaient marqués par une époque de transition en France, où il fallait trouver la relève à Dragon Ball, mais aussi aux nombreux succès tirés du Club Dorothée, dont la plupart des mangas parus dans les années 1980 au Japon arrivaient à bout de souffle. Le renouveau venait alors d'une nouvelle vague d'héritiers toujours mis en avant au sein du Weekly Shônen Jump, célèbre magazine de prépublication nippon qui réuni la majorité des héros d'aujourd'hui. 

«C'était une époque où l'on faisait nos "courses" d'éditeurs en lisant les magazines qui sortaient au Japon. On les recevait par bateau, se remémore Christel Hoolans. Yves Schlirf, le fondateur de Kana ne savait pas lire le japonais, mais il s'est très vite orienté vers le shônen, avec notamment Détective Conan et Saint Sieya (Les chevaliers du zodiaque). Nous décortiquions le Shônen Jump et Yves est tombé sur Naruto, où il a accroché par le dessin et la densité de l’histoire et surtout le thème des ninjas. Il faut savoir qu'en Belgique et en France, nous n'avions pas la concurrence d’aujourd’hui parmi les éditeurs. Nous faisions généralement nos offres quand le tome 3 ou 4 était sorti».

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Et de poursuivre : «Surtout, quand nous nous sommes lancés dans ce marché, nous n’étions personne pour les Japonais. Les marchés extérieurs au Japon n’étaient pas une priorité et il était difficile d’avoir des rendez-vous. A la Shueisha, on a été reçu par des personnes qui étaient très polies mais pas vraiment intéressées. Yves Schlirf et François Pernot n’avaient alors pas vraiment convaincu durant cet entretien. Mais juste à la fin de cette réunion, tous deux ont montré à leurs interlocuteurs japonais un article de presse paru au Japon qui s'intéressait à Kana. C'est cet article qui a attiré l'attention des Japonais présents qui ont ensuite appelé des personnes qui s'occupaient vraiment de la licence».

Un pari risqué pour une franchise inconnue en France

C'est donc seulement à partir de là que l'aventure Naruto a pu commencer pour l'éditeur, mais si le succès du petit ninja semblait écrit au Japon, imposer une nouvelle franchise inconnue en France était un pari risqué. Dans un paysage trusté par d'anciens dessins animés traduits en mangas (City Hunter, Ken le Survivant, Fly...), le tout récent Naruto, qui n'avait pas de série animée dans l'Hexagone, devait encore trouver sa place. «A titre d'exemple, Saint Seiya n'a eu aucun mal à trouver son public auprès de notre marché. Je dirais que les ventes de Naruto ont vraiment commencé à décoller à partir du tome 4. Il a fallu le faire connaître auprès des libraires, puis un travail de bouche-à-oreille s'est fait entre les lecteurs et les lectrices. La croissance ne s’est ensuite jamais arrêtée», s'enthousiasme Christel Hoolans.

Surtout, Naruto est «une exception culturelle française, puisque le manga de Masashi Kishimoto est resté numéro 1 pendant plus de dix ans alors que cette série ne l’a jamais été dans son pays d’origine», souligne-t-elle. Parallèlement, «Naruto est devenu un des piliers du marché manga, avec un avant et un après, comme ce fut le cas pour Dragon Ball [NDR aux éditions Glénat]. Tout ceci a été largement amplifié par le dessin animé, dont nous avons acheté les droits en France et acquis les droits d'exploitation du merchandising Naruto. Pour les 20 ans, on a 100 licenciés qui pourront faire des produits avec la marque Naruto en France. Il s'agit de la première marque manga qu’on a travaillé à 360 degrés».

Et Benoît de Tauriac d'ajouter : «Lorsque nous avons signé Naruto, nous avions l'ambition d'en faire le nouveau Dragon Ball et aujourd'hui, le merchandising est révélateur du dynamisme de la marque puisque nous ne sommes pas sur un public de niche, mais très grand public». T-shirts, figurines, sneakers et jouets à l'effigie de l'univers des ninjas de Kishimoto se trouvent en grande surface, tandis que Palymobil prévoit de lancer une gamme sous licence officielle dès la fin de l'année.

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Car les deux décennies de la saga ont bien marqué les générations, avec de nouveaux venus dans les cours de récré dès le CM1/CM2 jusqu'aux trentenaires, qui l'on découvert à l'adolescence au début des années 2000. Et si les libraires notent toujours des ventes soutenues du manga, «l’anime est le plus diffusé en France, sur trois chaînes télévisées G1, J1 et Mangas, mais aussi en VOD sur YouTube, MyTF1, Netflix, Amazon, ADN. Naruto est dans le top 3 ou 5 des séries enfants les plus vues sur Netflix. Sur ADN, Naruto fait parti du top 5, et c’est 9 millions de vues en 2021», se félicite Benoît de Tauriac.

Un ciné-concert en octobre prochain

2022 va donc marquer un anniversaire important que Kana entend également porter avec un véritable événement. «En octobre, on va avoir quelque chose de jamais fait sur Naruto avec un ciné-concert symphonique à Paris au Palais des Sports et aussi dans sept villes en France», annonce Benoît de Tauriac.

Enfin, Kana entend offrir un nouvel écrin à la hauteur de son succès. «L'édition Hokage doit offrir du contenu inédit dans chaque tome, ainsi que le chapitre zéro encore jamais édité en France. Le tout ayant été totalement approuvé par Masashi Kishimoto», précise Christel Hoolans.

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