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«She said» : on a vu le film sur l'enquête qui a fait tomber Harvey Weinstein

Carey Mulligan (à g.) et Zoe Kazan incarnent les deux journalistes du New York Times. [© 2022 Universal Studios. All Rights Reserved.]

Avec «She Said», sur les écrans ce mercredi 23 novembre, la réalisatrice Maria Schrader propose de se replonger dans l’enquête qui a conduit à la chute du puissant producteur américain Harvey Weinstein, condamné pour viol et agressions sexuelles en 2020.

Au printemps 2020, à New York, l’influent producteur de cinéma hollywoodien, Harvey Weinstein, est reconnu coupable de viol et d’agressions sexuelles, et écope d’une peine de vingt-trois ans de prison. Deux ans après ce procès, et alors qu’il comparaît actuellement devant le tribunal de Los Angeles pour des faits présumés commis entre 2004 et 2013, l’ex-magnat américain fait l’objet d’un film, «She Said», qui est sorti en salles ce 23 novembre.

Il s’agit de l’adaptation cinématographique du livre éponyme de deux journalistes du New York Times qui ont été récompensées, en 2018, d’un prix Pulitzer pour leur remarquable enquête sur les crimes d’Harvey Weinstein. Une investigation à l'origine du mouvement #MeToo et de la libération de la parole de centaines de femmes à travers le monde. 

Deux journalistes impliquées pour briser des décennies de silence

Le fruit de leur collaboration a permis de «briser des décennies de silence autour du problème des agressions sexuelles dans le milieu du cinéma hollywoodien, et a bouleversé à jamais la société américaine ainsi que le monde de la culture», peut-on lire dans les notes de production.

En 2017, Jodi Kantor et Megan Twohey font équipe pour enquêter sur les nombreuses allégations de harcèlement sexuel à l’encontre de l’homme qui règne jusqu’à présent sur l’industrie du film, et qui a produit, entre autres, des succès comme «Pulp Fiction» et «Will Hunting». Incarnées par Zoe Kazan et Carey Mulligan, les journalistes doivent faire preuve de persévérance, de ténacité, de rigueur, d’empathie et de courage pour tenter de faire éclater la vérité. On les voit passer en revue les mails, vérifier l’authenticité de dizaines de documents, et multiplier les appels aux victimes terrorisées et aux anciens collaborateurs de Miramax et de la Weinstein Company, tout en contournant les lois de confidentialité. Et cela, malgré les intimidations du clan Weinstein. 

Coproduit par Brad Pitt et réalisé par l’Allemande Maria Schrader, sacrée aux Emmy Awards pour la mini-série «Unorthodox», «She Said» est un hommage au journalisme d’investigation qui s’inscrit dans la lignée des films d’enquête comme «Les Hommes du Président» d’Alan Pakula, «The Pentagon Papers» de Steven Spielberg, ou encore «Spotlight» de Tom McCarthy.

Alors que la musique de Nicholas Britell fait monter la pression, la mise en scène sobre et académique laisse une grande place aux tractations - parfois très longues - et aux nombreux entretiens qui ont été nécessaires pour convaincre les victimes de parler. Elle met également en lumière la complémentarité de ces deux journalistes et jeunes mères, qui jonglent entre vie familiale et vie professionnelle, toutes deux intrinsèquement liées. 

Une œuvre au traitement sobre sans sensationnalisme

Au fur et à mesure de cette délicate investigation, le mur du silence se fissure, les victimes choisissant les unes après les autres de faire entendre leurs voix, d’affronter leur bourreau et de se révolter contre l’omerta. Parmi elles, l'actrice et militante féministe Ashley Judd, qui joue son propre rôle. Les enquêtrices et l’ensemble de la rédaction du New York Times se tiennent quant à elles prêtes à révéler publiquement les agissements du tout-puissant Harvey Weinstein.

Si ce long-métrage est le premier à citer ouvertement le nom du producteur, sa présence est circonscrite à l'écran à un extrait audio tiré d’un enregistrement de sa voix, et de quelques scènes où l’acteur qui l’interprète est filmé de dos. «Notre propos était le livre et la vie des journalistes. C’est leur point de vue, leur expérience, et le témoignage de celles qui ont osé témoigner que nous avons suivi. On voit à peine Harvey Weinstein à l’écran, mais sa présence se fait réellement sentir, et ce sont ses méfaits qui jalonnent le film», explique Maria Schrader. 

De même avec les agressions sexuelles, évoquées par les femmes mais jamais montrées. «Il était hors de question d’ajouter une énième scène de viol au cinéma, il y en a déjà eu bien assez comme cela», ajoute la cinéaste. «She Said» se concentre donc sur les coulisses de cette enquête et les rouages du métier de journaliste, plus que sur les répercussions qu’aura la publication de cet article choc. 

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