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Le chanteur Harry Belafonte, grand défenseur des droits civiques, est mort à 96 ans

L’artiste a connu la gloire dans les années 1950. [© Fred Prouser/Reuters]

Le chanteur afro-américain Harry Belafonte est mort ce mardi 25 avril, à l’âge de 96 ans, à New York. Également comédien, il était un fervent défenseur des droits civiques.

On le surnommait «le roi du calypso». Le célèbre chanteur Harry Belafonte, à la voix envoûtante, s'est éteint ce mardi 25 avril, à l’âge de 96 ans. Il a connu la gloire dès les années 1950, et a marqué son époque par ses convictions humanitaires et sa lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis.

«Chanteur renommé, acteur, (...), figure légendaire des droits civiques, Harry Belafonte est mort ce matin d'une insuffisance cardiaque à son domicile de New York», a déclaré sa femme Pamela dans un communiqué.

La découverte du calypso

Né à Harlem le 1er mars 1927, l'artiste, de son vrai nom George «Harry» Belafonte, a passé son enfance en Jamaïque. C'est là qu'il a découvert le fameux calypso, cette musique née dans les carnavals de Trinité-et-Tobago, qui a séduit le public américain par son exotisme.

Revenu aux Etats-Unis, il est entré au Théâtre Noir de Harlem après la guerre, et a créé plusieurs pièces avec son ami de toujours Sidney Poitier, avant de se lancer dans la musique où son charisme et ses qualités vocales lui ont permis d'obtenir un succès rapide. Ce sera le tremplin de son engagement contre la ségrégation raciale.

Un premier album vendu à un million d'exemplaires

D'abord chanteur de ballades dans des cabarets, le jeune Harry s'est imposé au début des années 1950 avec un répertoire populaire qui mêle les influences de la variété américaine, des musiques caribéennes et de la culture noire de Harlem.

En 1955, il a triomphé grâce au titre «Day-O (The Banana Boat Song)». Son album «Calypso», sorti en 1956, est devenu le premier dans l'histoire à se vendre à plus d'un million d'exemplaires. Au total, le chanteur remportera six disques d'or et plusieurs Grammy Awards, dès 1960.

un acteur engagé devenu un symbole

En parallèle, Harry Belafonte s'est essayé au cinéma, en jouant notamment dans «Carmen Jones» d'Otto Preminger (1954), «Le coup de l'escalier» de Robert Wise (1959), «Kansas City» de Robert Altman (1996), «Buck et son complice», de et avec Sidney Poitier (1972), et «Bobby» d'Emilio Estevez (2006), qui porte sur l'assassinat de Bob Kennedy.

En 1957, l'interprète est devenu le premier acteur noir à interpréter un homme tombant amoureux d'une actrice blanche dans «Une île au soleil», de Robert Rossen, et le premier Afro-Américain à produire un show télévisé et à remporter un Emmy award, deux ans plus tard.

Mais le jeune homme refusait de n'être qu'un symbole. Il a donc décidé de financer la campagne pour les droits civiques et s'est rapproché de Martin Luther King Jr. «Lorsque les gens pensent au militantisme, ils pensent toujours que ça implique des sacrifices, mais j'ai toujours considéré cela comme un privilège et une opportunité», a-t-il déclaré en 2004, lors d'un discours à l'université Emory.

un activisme chevillé au corps

En 1963, Harry Belafonte a réussi à lever 50.000 dollars (soit l'équivalent d'environ 500.000 dollars aujourd'hui), pour libérer Martin Luther King, qui était emprisonné. «J'aurais pu gagner 2 ou 3 milliards et finir avec une quelconque addiction cruelle, mais j'ai choisi d'être un combattant des droits civiques à la place», lança-t-il au Guardian en 2007. 

Méfiant à l'égard des hommes politiques, il a rencontré John F. Kennedy en 1960, invitant chez lui celui qui était alors candidat à la présidentielle. Il n'a pas été, au premier abord, convaincu par le sénateur en quête de soutiens, rapportant par la suite que Kennedy «connaissait très peu de choses au sujet de la communauté noire». Mais une fois élu, «JFK» l'a nommé attaché culturel des Peace Corps. En 1987, Harry Belafonte sera même nommé ambassadeur de bonne volonté de l'Unicef.

des positions controversées

Le chanteur, acteur et militant passa beaucoup de temps sur le continent africain, se battant entre autres contre l'apartheid en Afrique du Sud. En 1985, il est le promoteur principal de «We are the World», titre interprété par 45 artistes américains afin de récolter des fonds pour lutter contre la famine en Ethiopie. Après s'être opposé à la guerre en Irak, Harry Belafonte a accusé, en 2006, le président George W. Bush d'être un «terroriste», ne valant pas mieux, selon lui, qu'Oussama Ben Laden.

On le connaît aussi pour ses positions controversées. Il s'est fâché avec les héritiers de Martin Luther King, qui critiquaient notamment son admiration pour le Vénézuélien Hugo Chavez, ou a reproché en 2012 au richissime couple noir Jay Z et Beyoncé d'avoir «tourné le dos aux responsabilités sociales».

En 2014, l'Académie a décerné à l'artiste dyslexique un Oscar d'honneur pour avoir «dès le début de sa carrière, choisi des projets mettant en lumière le racisme et les inégalités».

Marié à trois reprises, Harry Belafonte a eu trois filles et un fils de ses deux premières épouses.

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