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Dans Leur Regard (When They See Us) : Netflix annonce que la série est la plus regardée aux Etats-Unis depuis son lancement

Netflix a annoncé mercredi que Dans Leur Regard (When They See Us) était actuellement la série de la plateforme la plus regardée chaque jour aux Etats-Unis.

Lancée le 31 mai dernier, la série signée Ava DuVernay (réalisatrice de Selma) surpasserait donc les autres hits de son catalogue à en croire le géant de la vidéo qui ne précise, comme à son habitude, aucun chiffre d'audience. Hasard ou coïncidence, IndieWire ne peut s'empêcher de remarquer que cette information tombe à point nommé pour les Emmy Awards... Quoiqu'il en soit la série reste un bijou à voir ab-so-lu-ment.

Composée de quatre épisodes, Dans Leur Regard (When They See Us de son titre original) revient sur un authentique fait divers qui a passionné l'Amérique dans les années 1990, l'histoire tristement célèbre de cinq adolescents noirs et latinos de Harlem (Antron McCray, Kevin Richardson, Yusef Salaam, Raymond Santana et Korey Wise) surnommés «les cinq de Central Park», qui furent condamnés à de lourdes peine de prison pour viol à la suite d'une enquête bâclée. Ces derniers effectueront entre 6 à 13 ans d'emprisonnement avant d'être innocentés. Une retentissante erreur judiciaire, qui ne sera reconnue qu’en 2002, après les aveux du vrai coupable, un homme blanc strictement confondu par son ADN. Les accusés recevront 41 millions de dollars de dédommagement.

Une série coup de poing et un brulot anti-trump

Portée par de magistrales interprétations et filmée avec maestria, Dans Leur Regard (When They See Us) raconte notamment comment la police a extorqué des aveux aux cinq mineurs. Il rappelle aussi la dimension raciale de cette injustice, le déferlement de haine qu'il a suscité, et les actions entreprises à l'époque par un certain Donald Trump (qui n'a jamais admis l'innocence des incriminés). Celui qui n'était pas encore président avait alors enflammé le débat public en achetant une tribune dans la presse appelant à la peine de mort : «Je veux haïr ces agresseurs. Ils devraient être obligés de souffrir […] peut être la haine est ce dont nous avons besoin». 

Dans une Amérique aujourd'hui encore gangrénée par le racisme et les discriminations, cet exemple de justice à deux vitesses ravive les sentiments d'injustice, et le récit de cette erreur judiciaire revient hanter tous ses protagonistes.

DES APPELS AU BOYCOTT DE L'ANCIENNE PROCUREURE

Victime d'une campagne de dénigrement depuis la sortie de l'édifiante série, une campagne qui lui a valu la perte d'un contrat avec une maison d'édition, l'ancienne procureure Linda Ferstein en charge de l'affaire à l'époque (interprétée par Felicity Huffman) et depuis reconvertie en romancière, accuse Ava DuVernay d'avoir réécrit une partie de l'histoire, arguant entre autres que les interrogatoires ne s'étaient pas passés tels qu'ils sont montrés à l'écran, et pointant des omissions quant à d'autres charges qui pesaient sur les accusés.

«Le film de Mme DuVernay tente de me présenter comme un procureur trop zélé, la police incompétente ou pire, et les cinq suspects comme innocents de toutes les accusations portées contre eux », a écrit Mme Fairstein dans un édito publié dans The Wall Street Journal, «rien de tout cela n'est vrai.». Des accusations auxquelles Ava Duvernay a répondu sur Twitter par «Attendu et typique. En avant...».

La réalisatrice avait expliqué au Daily Beast avoir informé les personnes impliquées de son projet de film et leur avoir proposé de converser avec elle pour avoir leur point de vue. «Linda Fairstein a essayé de négocier des conditions pour parler avec moi, dont celle de lui laisser un pouvoir d’approbation sur le scénario et d’autres choses. Donc vous savez ce qu’a été ma réponse à cela, et nous n’avons pas parlé».

«La série fait remonter à la surface beaucoup de souffrances. Le système a brisé de nombreuses choses en moi qui ne peuvent pas être réparées» a quant à lui témoigné Antron McCray, l'un des cinq de Central Park au micro d'Oprah Winfrey tandis qu'un de ses compagnons d'infortune, Kevin Richardson, s'est dit heureux de voir l'histoire portée à l'écran, pour que de telles injustices ne se reproduisent pas : «Je comprends ce que veut dire Antron, c’est doux-amer, car regarder cela est douloureux. Mais c’est nécessaire. Il faut qu'elle soit vue. Nous devons nous assurer que les choses changent maintenant.»

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