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Eurovision : l'Ukraine participera bien à la prochaine édition et devient favorite des bookmakers

«Je retrouverai toujours mon chemin vers la maison même si toutes les routes sont détruites», chantera la délégation. [Capture eurovision.tv]

Alors que la guerre frappe durement le pays depuis plusieurs semaines, l’Ukraine participera au 66e concours de l’Eurovision, dont la finale se tiendra du 10 au 14 mai à Turin.

Annoncée dès le 22 février dernier, cette participation a été ce lundi 14 mars confirmée par les organisateurs du concours dont la Russie est désormais exclue. La productrice exécutive Simona Martorelli a déclaré que la délégation ukrainienne avait confirmé sa présence et envoyé à temps tous les documents requis. «C'est tout-à-fait admirable, compte-tenu de la situation», a-t-elle souligné.

L’Ukraine sera représentée par Kalush Orchestra, qui interprétera la chanson «Stefania». Ce groupe de hip hop/folk est composé du fondateur et rappeur Oleh Psiuk, du musicien Ihor Didenchuk, du joueur de cornemuse et beatbox Vitalii Duzhyk, de l'instrumentiste solo Tymofii Muzychuk et du rappeur, DJ et danseur Danyil Chernov.

Le groupe est en fait un projet parallèle du groupe original Kalush, qui se concentre davantage sur le rap et les beats. Pour leurs incursions dans la folk, Vitali et Tymofi sont ajoutés au line-up, et « Orchestra » a été ajouté à leur nom.

La chanson Stefania est un hommage à la mère d'Oleh, qu'elle n'a entendu pour la toute première fois qu'en voyant le groupe participer au processus de présélection de l'Eurovision en Ukraine, à Vidbir. Cette chanson incorpore de la musique traditionnelle ukrainienne, et ses paroles comprennent cette phrase : «Je retrouverai toujours mon chemin vers la maison même si toutes les routes sont détruites».

Les artistes tenteront d'enregistrer une vidéo, que tous les participants doivent envoyer aux organisateurs au cas où ils ne pourraient pas se produire physiquement sur scène, a indiqué Mme Martorelli. «Heureusement, ils pourront le faire», a-t-elle ajouté.

Kalush Orchestra était arrivé deuxième d'un télé-crochet censé élire le candidat ukrainien, à la mi-février. À l'époque, les tensions grimpaient entre la Russie et l'Ukraine mais le conflit n'avait pas encore éclaté. La chanteuse Alina Pash avait remporté la compétition mais s'était retrouvée au coeur d'une polémique concernant un voyage qu'elle avait effectué en Crimée en 2015, territoire annexé par la Russie cette année-là. Finalement, ce sont les Kalush Orchestra qui ont été retenus pour défendre le drapeau ukrainien au Concours Eurovision de la chanson.

Favorite des bookmakers

Le soutien du public en faveur du pays bombardé par la Russie étant prévisible, les pronostics des bookmakers laissent entrevoir une victoire. Les prédictions placent l’Ukraine grande gagnante à l’heure où nous écrivons ces lignes. Les bookmakers lui prêtent ce mardi 34% de chances de remporter cette édition. En deuxième position, le duo italien formé par Mahmood et Blanco cumule 17%. En troisième position, la Suède avec Cornelia Jakobs totalise 8%. La France, qui sera quant à elle représentée par le groupe breton à tendance électro Alvan & Ahez, arrive pour l’heure en 11e place.

Une victoire de l’Ukraine ne serait pas une première. En 2016, l'Ukrainienne Jamala avait remporté le concours avec «1984», une chanson racontant la répression contre les Tatars de Crimée, sa communauté. Les Tatars de Crimée, communauté turcophone majoritairement musulmane installée depuis le XIIIe siècle sur les bords de la mer Noire, avaient été déportés par milliers par Staline en 1944 vers l'Asie centrale, accusés de collaborer avec les nazis, rappelle l’AFP.

Les paroles de sa chanson, rappel de cet épisode tragique, avaient suscité des appels au boycott de la Russie. Aujourd'hui âgée de 38 ans, la jeune femme était devenue une héroïne nationale grâce à cette chanson interprétée en langue tatare, deux ans après l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014. «Elle parlait de ma grand-mère, de ma famille, de tous les Tatars de Crimée qui ont été déportés par l'armée soviétique», a expliqué Jamala, les traits tirés, à l'AFP à Istanbul, où elle a trouvé refuge début mars après avoir fui Kiev avec ses enfants.

«On revit ça aujourd'hui. Je pensais que c'était du passé», a confié la chanteuse visiblement éprouvée, sans maquillage, évoquant l'offensive déclenchée par le président russe Vladimir Poutine. «Nous sommes une nouvelle génération, nous pensons à la paix, à la manière de coopérer, de s'unir, mais il se passe des choses terribles. Cette guerre se déroule sous les yeux du monde», a-t-elle déploré.

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