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Poubelle, colt, jacuzzi... Ces créations qui portent le nom de leur inventeur

De nombreux objets du quotidiens tiennent leur nom de leur créateur. [ERIC CABANIS/LIONEL BONAVENTURE/ROSLAN RAHMAN/WALTER HABERLAND/BAYERISCHES MUSEUM/PHILIPPE DESMAZES/FABRICE COFFRINI/AFP]

On les appelle des anthroponymes. Ce sont des noms communs ayant pour origine un nom propre, généralement celui de leur créateur.

Inventions révolutionnaires, usurpations de création, hommages, détournements… Certains d'entre eux, que l’on utilise – où utilisait - au quotidien, ont une histoire originale. Voici une liste, non-exhaustive.

Louis de Béchameil et sa sauce

L’orthographe a été légèrement modifiée, mais Louis de Béchameil est l’inventeur d'une sauce très populaire, à base de farine. Louis de Béchameil, marquis de Nointel, était maître d’hôtel de Louis XIV. Il aurait inventé cette sauce, ou du moins réinventée à partir d’un condiment déjà existant. Louis de Béchameil servait, à l’époque, une sauce à base de jus de viande, d’échalotes et parfois de soupe de légumes qui avait un franc succès. Elle était utilisée très régulièrement, au point de porter le nom de son inventeur. Béchameil s’est transformé en Béchamel et est devenu commun à la fin du XVIIIe siècle.

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Louis Braille tire une invention de son handicap

Vivant en région parisienne au 19e siècle, Louis Braille perd un œil en jouant dans l’atelier de travail de son père. Très vite, une infection gagne le second et il devient totalement aveugle, à seulement 3 ans. Ses parents veulent quand même lui offrir une éducation, il va donc à l’école. Son père met au point une invention faite de clous disposés sur une planche de bois, pour lui faire apprendre l’alphabet. Très vite, il entre à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles. Là, on lui apprend la lecture sur des caractères romains en relief... mais ils sont difficiles à distinguer.

Un premier homme, Charles Barbier, envisage donc de remplacer les lettres par des points. La lecture est plus simple, mais pas encore tout à fait fluide et de nombreux caractères ne sont pas retranscrits. Louis Braille, alors devenu professeur à l’institution, perfectionne le système de Charles Barbier. Il permet de retranscrire toutes les lettres de l’alphabet mais aussi la ponctuation, les notes de musiques, les chiffres.

Charles Cunningham Boycott mis de côté

Vivant au 19e siècle en Irlande, Charles Cunningham Boycott était l’intendant d’un grand propriétaire terrien. Il était donc chargé de s’occuper des parcelles et des fermiers. Problème, il les traitait mal, notamment en leur demandant des loyers trop élevés. Les fermiers et les fournisseurs se sont donc mis à cesser le travail et à refuser totalement les affaires avec Charles Cunningham Boycott. La situation dans laquelle a été mis cet homme a donc pris son nom : le boycott.

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L’hommage à Vittore Carpaccio

Vittore Carpaccio était un peintre italien de la seconde moitié du 15e siècle. Dans les années 1950, une exposition de ces œuvres fut organisée à Venise. C’est pendant cette période que la comtesse Amalia Nani Mocenigo, qui ne pouvait pas manger de viande cuite à cause d’un régime strict, se fit servir de fines tranches de bœuf cru par le gérant du Harry’s Bar. Le nom de ce plat a été choisi en hommage au peintre exposé, notamment en raison du rouge présent dans ses œuvres, semblable aux couleurs de la viande crue.

Le fruit du Frère Clément

Deux versions existent quant à la création de la clémentine. Dans tous les cas, l’histoire se déroule près d’Oran (Algérie) et implique le Frère Clément, chef de culture dans un orphelinat. Selon la première version, il va volontairement croiser en 1892, aidé par le botaniste Louis Charles Trabut, un mandarinier et un bigaradier (arbre à oranges amères). Il sera prouvé plus tard qu’il s’agissait en fait d’un croisement de mandarine et d’orange douce. D’autres versions rapportent qu’il s’agit en fait du fruit du hasard et qu’une abeille aurait fait le travail en butinant de l’un à l’autre, permettant la création d’un nouvel arbre. Dans tous les cas, le Frère Clément suit bel et bien l’évolution de la plante et en récolte son fruit, qui sera nommé en son honneur la Clémentine.

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Samuel Colt, passionné de poudre à canon

Vivant au 19e siècle, Samuel Colt est un passionné de poudre à canon. Il travaille dans l’usine de textile de son père mais utilise son temps libre et son savoir-faire pour inventer des armes. Il fabrique par exemple une pile électrique permettant de faire exploser de la poudre, ou encore une poivrière en bois - un type d’arme à feu avec un barillet très allongé. À seulement 18 ans, il dépose son premier brevet de révolver. Il améliore sa création, qu’il vend à la marine du Texas et à l’armée américaine. Quelques années plus tard, le Belt Model, une arme portée à la ceinture, remporte un franc succès aux Etats-Unis. Il a donc donné son nom à un type d’arme de poing, mais a fait plusieurs autres découvertes, notamment la mine sous-marine.

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La famille Jacuzzi crée une thérapie

Au tout début du 20e siècle, les sept frères et sœurs d’une famille italienne, les Jacuzzi, ont migré aux Etats-Unis, dans le but de vivre « le rêve américain ». Pour mener à bien ce projet, ils rivalisent d’ingéniosité et réalisent plusieurs inventions : une hélice nouvelle génération, une pompe à irrigation pour les agriculteurs, un ventilateur à air chaud… Mais c’est pour soigner l’un des enfants de ces Italiens que leur nom restera célèbre. Le fils du plus jeune des frères souffre d’arthrite très douloureuse. À l’hôpital, il est soigné par hydrothérapie, une solution efficace. Son père trouve donc une invention pour reproduire les effets de cette thérapie et créée une pompe à jets. Un membre de la génération suivante poursuit sur la même lancée, et développe de grandes baignoires avec un système chauffant. C’est à partir de là que les améliorations se font petit à petit jusqu’à arriver au Jacuzzi que nous connaissons de nos jours.

Le docteur Guillotin et l’égalité face à la mort

Avant la Révolution, la peine de mort était infligée par des méthodes différents selon la nature du crime et la classe sociale. Décapitation au sabre, supplice de la roue, écartèlement, pendaison… Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, qui était également député de Paris, est parvenu à faire passer une loi, en 1791, permettant à tous les condamnés d’être égaux face à la mort : un seul supplice sera désormais utilisé, celui de la décapitation. Or, le bourreau de Paris s’inquiétât de devoir couper plus de têtes. Le docteur fut donc chargé de trouver un mécanisme capable de remplacer la main de l’homme. Il s’inspira pour cela d’autres systèmes déjà créés ailleurs dans le monde. La machine qu’il inventa fut perfectionnée au fil du temps et pris son nom : guillotine.

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Les frères Montgolfier font voler les hommes

L’idée de créer un ballon à air chaud est née dans la tête de Joseph Montgolfier, à la vue de la fumée qui s'élève dans la cheminée, à la fin de l’année 1782. Elle a été mise en œuvre en duo avec son frère Etienne. Après de nombreuses expériences, les frères Montgolfier élaborent un prototype en toile et papier, qui s’élève à presque 1.000 mètres et parcoure deux kilomètres en juin 1783. En septembre de cette même année, ils testent leur engin avec des animaux installés dans un panier en osier accroché au ballon : un coq, un canard et un mouton s’élèvent dans les airs sous les yeux de Louis XVI. Après un vol à une altitude de 600 mètres, la montgolfière atterrit à Versailles, sans que les animaux n’aient été blessés. Le premier vol humain a donc lieu peu après, en novembre 1973, soit un an après l’idée initiale et cinq mois après le tout premier prototype. C’est un succès, et les deux passagers, Jean-François Pilâtre de Rosier et le marquis d’Arlandes, sont les premiers à effectuent un vol d’une vingtaine de minutes en montgolfière.

Eugène Poubelle et l’amélioration de la propreté

C’est lorsqu’il était préfet de la Seine, en charge de l’administration courante de la ville de Paris, qu’Eugène Poubelle a donné son nom à un objet de la vie courante. Alors qu’à l’époque, les déchets sont jetés dans les rues, l’homme signe un décret, en 1883, obligeant tous les propriétaires de la capitale à fournir, à leurs locataires, une grande boite fermée par un couvercle, capable de contenir les déchets ménagers. Le préfet avait même mis en place un tri sélectif, séparant les déchets périssables, les papiers et emballages, et le verre. Très rapidement, le contenant a pris le nom de celui qui l’a mis en place : la poubelle.

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Le maréchal de Plessis-Praslin, usurpateur de sucreries

Ce bonbon, fait d’amende et de sucre caramélisé, a été inventé au 17e siècle par le cuisinier Clément Jaluzot. C’est en observant l’un de ces commis, se délectant tantôt de l’un, tantôt de l’autre, qu’il a eu l’idée de mélanger les deux. Pourtant, ce n’est pas lui qui a donné son nom à cette gourmandise. Car cet homme était le cuisinier du duc César de Choiseul, comte du Plessis-Praslin. Lors d’une réception en présence du roi, les bonbons ont été servis en desserts, et ont plu aux convives. L’hôte a assuré que c’était son invention, les sucreries ont donc pris le nom de son comté, le Praslin, en devenant les pralines.

Etienne de Silhouette, inachevé

Etienne de Silhouette était contrôleur général des Finances de Louis XV. Il a voulu mettre en place de nombreuses réformes qui ont fait grincer des dents, notamment parce qu'elles s’attaquaient à la noblesse et ses privilèges. Aussi nombre de ses projets n’aboutirent pas. Il existe deux hypothèses pour expliquer l’adaptation de son nom de famille en nom commun. Selon certains, ses vêtements étaient si mal taillés que ses nombreux détracteurs se moquaient de ses tenues en désignant donc les dessins réalisés pour leur confection comme fait «à la silhouette». L’autre explication est liée à ses réformes inabouties. Le mot silhouette serait donc, à l'époque, devenu un adjectif pour qualifier ce qui était inachevé, comme la silhouette qui n'est qu'une infime partie du dessin d'un corps ou d'un visage.

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