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Laura Flessel : «Les Bleus peuvent y croire»

La ministre des Sports, Laura Flessel, part soutenir les Tricolores, qui entameront leur Mondial ce samedi 16 juin. Avec, derrière eux, tout un pays qui espère revivre 1998.

L'ancienne championne du monde d’escrime se rend en effet à Kazan, à environ 800 km à l’est de Moscou, pour assister au premier match de poules des Bleus, contre l'Australie. Elle les a rencontrés la semaine dernière, avec le président Emmanuel Macron, après leur entraînement à Clairefontaine.

La ministre y a fait la connaissance d’une équipe jeune, soudée et particulièrement motivée. Vingt ans après 1998, dont elle garde un souvenir ému, les Bleus ont réussi à la convaincre de leurs chances de victoire.

Les Bleus sont arrivés en Russie. Dans quel état d’esprit les avez-vous sentis avant leur départ ?

Ils étaient bien. La visite d’un président de la République est une tradition avant un départ en Coupe du monde. Quand nous sommes arrivés à Clairefontaine avec Emmanuel Macron, ils se reposaient après l’entraînement et nous attendaient avec impatience. Nous avons pu déjeuner avec eux et tout s’est très bien passé.

Le président a dit qu’«une ­compétition réussie était une compétition gagnée». Quel est l’objectif ?

Un sportif professionnel ne se prépare pas pour être deuxième ; on part pour le Graal. On donne tout ce qu’on a pour aller vers la victoire. C’est, certes, une jeune équipe, avec une majorité de joueurs ayant moins de 25 ans, dont certains disputent leur première Coupe du monde, mais c’est clairement une équipe qui ira chercher la gagne. Les Bleus peuvent y croire.

Huit ans après le fiasco en Afrique du Sud, l’équipe de France a-t-elle retrouvé une bonne image ?

Je dirais que ça fait un petit moment que le monde du football s’est repositionné sur l’image qu’il voulait donner au grand public, en particulier aux jeunes. Nous avons une très belle équipe, avec une vraie maturité.

C’est aussi le résultat du travail des centres de formation, qui ont désormais un triple objectif : un projet équilibré professionnel et sportif, mais aussi la mise en avant des valeurs du sport. Les joueurs sont plus à l’aise, c’est visible lors des conférences de presse. C’est aussi ce qui fait la force de cette nouvelle équipe de France.

Etes-vous prête pour aller la soutenir en Russie ?

J’ai mon billet. Je pars pour le premier match contre l’Australie, ma valise est faite. Je pense qu’on aura de belles surprises, et que tout se passera pour le mieux, sans débordement au niveau des supporters.

Justement, la Russie est connue pour ses problèmes de ­hooliganisme et ses incidents racistes dans les stades…

Je suis quelqu’un qui préfère voir le verre à moitié plein. Je note que la Fifa a listé toutes les mesures prises pour lutter contre de potentiels actes ­racistes lors de la Coupe du monde, notamment avec la présence d’intervenants indépendants pour juger du bon respect des lois dans les stades. 

Si les cris de singe entendus pendant le match amical Russie-France, en mars dernier, devaient se reproduire, l’arbitre pourrait donner un carton, voire arrêter le match. C’est la première fois qu’un tel dispositif est prévu pour un Mondial, ce qui prouve que la Russie a bien intégré l’objectif de tolé­rance zéro concernant les incidents ­racistes. C’est un beau signal pour tous les supporters qui vont venir de la planète entière.

Ça reste une compétition où les pays sont représentés, avec des équipes motivées qui donnent le meilleur d’elles-mêmes, et il serait dommage que les problèmes viennent des tribunes.

Quel conseil donneriez-vous aux Bleus, en tant qu’ancienne sportive de haut niveau ?

Nous avons échangé à Clairefontaine, c’était vraiment agréable de pouvoir parler ensemble, de partager nos ­expériences, notamment au sujet de la pression avant les compétitions.

Ce sont des grands joueurs, ils sont jeunes, mais ils ont déjà une grande expérience sur l’approche des matchs. Nous avons parlé de tout : gestion du stress, nutrition… Je leur ai rappelé ma règle des trois «P» : faites-vous plaisir, cherchez la performance et gérez la pression en collectif.

Y a-t-il des joueurs que vous aimez particulièrement ?

Je suis ministre de tous les sports et de tous les Bleus, donc je ne donnerai pas de nom, mais ce que j’ai particulièrement aimé dans ce temps d’échange avec eux, c’est cette ­ferveur, cette fierté d’appartenir à l’équipe de France. J’ai aimé cet amour du maillot.

Le ministère de l’Intérieur a dit qu’il n’y aurait pas d’écran géant sur la voie publique en France pour regarder les matchs…

Les matchs de la compétition seront diffusés, mais dans des lieux de rassemblement sécurisés dans l’Hexagone, de manière à ne pas prendre de risque et éviter les débordements.

 

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© N.REVELLI-BEAUMONT POUR CNEWS

Vingt ans après, quel est, selon vous, l’héritage de la victoire de 1998 ?

Depuis cette victoire, on s’est permis d’oser rêver, on a vu qu’on pouvait réussir. Au-delà du symbole, l’héritage de la victoire de 1998, c’est aussi l’augmentation de la pratique du sport, notamment au niveau féminin. L’événement a également eu un impact économique important dans le pays.

Autant de visiteurs étrangers qui foulent le sol français, cela a un impact non négligeable, par exemple en termes d’infrastructures, de transports, ou d’hébergement. Tout cela reste profitable aujourd’hui. Nous avons des atouts, un patrimoine, et le sport en fait partie. C’est aussi ­l’héritage de 1998 qui nous permet de continuer à préparer de grands événements sportifs.

La Coupe du monde féminine sera justement organisée en France, en 2019. Où en est sa préparation ?

Tout se passe bien, l’organisation de la compétition suit son cours. Neuf villes vont pouvoir accueillir des matchs. Des programmes avec l’Education nationale, les clubs et les ­associations sont également en train d’être mis en place, de manière à avoir un événement réussi et populaire.

Nous souhaitons mener une ­politique d’information, pour que le commun des mortels ne reste pas seulement devant son téléviseur, mais puisse participer et accompagner cette équipe de France féminine tout au long du mois de compétition. L’implication de mon ministère sur ce dossier sera totale.

Quel souvenir gardez-vous, ­personnellement, de la finale de la Coupe du monde de 1998 ?

J’étais dans le stade. A l’intérieur de cette équipe de France, j’avais l’impression d’être attaquante, défenseuse, gardienne de but… Lorsqu’ils ont gagné, j’ai murmuré à l’oreille de mon mari que je voulais être championne du monde, moi aussi ; ça m’a fait rêver.

Trois mois après, je suis devenue double championne du monde d’escrime, en individuel et en équipe. Je pense qu’ils nous ont insufflé à tous l’envie de réussir. Ensuite, nous sommes allés sur les Champs-Elysées, et on a vu cette liesse, ces drapeaux, cette appartenance […] On était fiers d’être français. C’est un événement qui transcende et qui apaise.

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